HomeA la uneKAGAME AU SAINT-SIEGE : François et Paul rompent le pain

KAGAME AU SAINT-SIEGE : François et Paul rompent le pain


Hier, 20 mars 2017, le président rwandais, Paul Kagame, était l’hôte du pape François, à Rome, sur invitation de ce dernier. Quand on sait les relations difficiles qu’entretiennent les deux Etats depuis le génocide rwandais de 1994, la visite du premier des Rwandais au Saint-Siège, aussi inattendue que surprenante,  prend une dimension particulière. D’autant plus que depuis lors, Kigali n’avait de cesse de demander des excuses de l’Eglise catholique, en raison de la responsabilité qu’elle lui attribue dans le génocide. Chose qu’elle n’avait jusque-là pas obtenue.  Même le mea culpa de l’Eglise rwandaise qui a demandé pardon, en novembre dernier, au nom de tous les chrétiens ayant été impliqués dans le génocide, n’avait pas suffi à calmer l’ire des autorités de Kigali qui voulaient que cette demande émane de l’autorité suprême du Vatican.

Le Pape François a fait acte de contrition

Mais si l’on pouvait comprendre l’attitude du Saint-Siège qui ne voulait certainement pas qu’il y ait des amalgames entre les actes individuels de certains de ses membres qui se sont compromis dans les massacres et l’engagement de toute l’institution à laquelle ils appartiennent, aujourd’hui, l’on peut dire que Paul Kagame a eu gain de cause, avec cet acte de contrition du pape François qui « a manifesté sa profonde douleur, celle du Saint-Siège et de l’Eglise pour le génocide contre les Tutsi » et « a imploré le pardon de Dieu pour les religieux qui ont succombé à la haine et à la violence ». En somme, une sorte de  « reconnaissance humble des manquements de l’Eglise » qui n’a certainement pas laissé son hôte du jour indifférent. En tout cas, cette attitude courageuse du chef de l’Eglise catholique, est une façon pour cette dernière d’assumer ses responsabilités devant l’histoire et de tendre la main pour pouvoir « regarder l’avenir sous un jour nouveau ». Quoi qu’il en soit, hier, au Vatican, François et Paul ont rompu le pain et l’on ne peut que souhaiter à présent qu’ils fument le calumet de la paix, dans l’espoir que cela contribuera à décrisper les relations entre les deux Etats. Car, si Kigali en a gros sur le cœur, de son côté, Rome aussi avait de quoi rouspéter car le meurtre de 13 ecclésiastes dont trois évêques à la même période par des membres du parti de Paul Kagame, le Front patriotique rwandais (FPR), semblait resté en travers de la gorge des héritiers de Saint Pierre. Cela dit, en répondant favorablement à l’invitation du pape, Paul Kagame a fait preuve d’humilité et de respect envers le Saint-Père. En obtenant son mea culpa, il montre qu’il a eu raison de faire le déplacement de Rome et que malgré les vicissitudes de l’histoire, il faut parfois savoir  faire preuve de pragmatisme. En tout cas, beaucoup n’auraient pas parié un kopeck que Kagame accepterait de faire le déplacement de Rome sans avoir reçu au préalable, les excuses du Saint-Siège. Cela dit, dans ce génocide rwandais, la France aussi en a suffisamment pris pour son grade, pour son rôle présumé dans cette tragédie qui a fait près de 800 000 morts. Et les autorités rwandaises ne cessent de le lui rappeler, ce qui jette un froid glacial sur les relations entre Paris et Kigali. Et tout porte à croire que ce n’est pas demain la veille que l’on peut espérer assister à une  normalisation, tant les deux parties ne manquent pas la moindre occasion de s’accuser mutuellement.  De ce point de vue, Rome semble logée à meilleure enseigne que Paris, avec ce déplacement du président rwandais. Par ailleurs, l’ancienne puissance colonisatrice, la Belgique, n’est pas non plus en reste ; elle qui est accusée d’avoir entretenu une idéologie sectaire qui a favorisé le clivage entre les Hutu et les Tutsi ; toute chose qui a abouti au génocide, avec toutes les horreurs et les atrocités que l’on a connues. C’est pourquoi, au-delà des excuses du pape François au nom de l’Eglise catholique, l’on peut déjà saluer la tenue d’une telle rencontre qui traduit, à n’en pas douter, une certaine volonté partagée de faire bouger les lignes, afin de trouver les voies et moyens d’aller à un réchauffement des relations, pour repartir sur de bonnes bases. De ce point de vue, l’on peut dire qu’il s’agit d’un pas vers la normalisation des relations entre les deux Etats. Car, quoi que l’on dise, les deux parties ont chacune besoin l’une de l’autre.

Dans ce génocide rwandais, les responsabilités sont partagées

En effet, depuis ces événements douloureux, Kigali qui était restée quelque peu fermée, a de plus en plus  besoin d’ouverture sur le monde et surtout de nouveaux alliés, en dehors de ses traditionnels soutiens anglo-saxons. D’un autre côté, la forte communauté catholique du Rwanda ne saurait rester orpheline du soutien de Rome. En tout cas, pour sceller cette rencontre, première du genre pour le maître de Kigali, au pape qui lui a remis une médaille représentant « un désert devenu jardin », le président rwandais a apporté un bâton traditionnel africain. Signe de la volonté des deux parties de regarder désormais vers l’avenir. En tout état de cause, dans ce génocide rwandais, les responsabilités sont nombreuses et partagées. Mais cette sombre page de l’histoire de ce pays, ne saurait être définitivement tournée sans que les responsabilités des uns et des autres soient situées. A ce propos, l’on peut saluer l’action des autorités rwandaises qui semblent déterminées à préserver pour la mémoire collective, cette page douloureuse de l’histoire de leur pays, en tentant de situer les responsabilités des uns et des autres. Mais ce que l’on peut regretter, c’est que les tenants actuels du pouvoir donnent l’impression de ne pas vouloir que l’on parle de leur rôle dans cette tragédie. Pourtant, la vérité de l’histoire ne saurait être travestie. Et  tout le monde est unanime à reconnaître que l’un des éléments déclencheurs du génocide, aura été l’abattage de l’avion du président Juvénal Habyarimana.  Alors question : qui a commis ce péché originel ?

 

« Le Pays »


Comments
  • Quand on connaît ou on saint, on écrit. Quand on ne connaît pas ou ne sait pas, on sa tait, sous peine de vociférer.

    Le Rwanda est un pays de droit écrit et qui a des institutions régies par les lois rwandaises. Celles-ci s’imposent à tous les Rwandais au premier chef Kagame qui est censé être garant au premier chef du respect de la constitution rwandaise en l’occurrence.
    Sur le mandat du Président Rwandais, que dit la constitution? Elle dispose ce qui suit
    “Article 101.
    Le président de la République est élu pour un mandat de sept ans renouvelable une seule fois.

    En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels.”

    Seule la constitution prévoit les conditions de fond et de forme quant à sa révision.
    la constitution rwandaise ne prévoit passa révision par les pétitions des Rwandais. Même à supposer qu’elles existent, elles doivent être légitimes et légales

    Que dit la constitution rwandaise?
    “Titre XI De la révision de la Constitution.

    Article 193.

    L’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au président de la République après délibération du Conseil des ministres et à chaque chambre du Parlement sur vote à la majorité des deux tiers de ses membres.
    La révision n’est acquise que par un vote à la majorité des trois quarts des membres qui composent chaque chambre.

    Toutefois, lorsque la révision porte sur le mandat du président de la République, sur la démocratie pluraliste ou sur la nature du régime constitutionnel, notamment la forme républicaine de l’État et l’intégrité du territoire national, elle doit être approuvée par référendum, après son adoption par chaque chambre du Parlement.

    Aucun projet de révision du présent article ne peut être recevable.”

    Les prétendues pétitions des Rwandais sont les copies d’un document en Kinyarwanda que Kagame a lui-même fabriquées.Ce document est truffé grossièrement de faute qu’un Rwandais qui sait lire et écrire notre langue nationale ne peut en aucun cas commettre. Son auteur n’a jamais appris le Kinyarwanda à l’école. En fabriquant sciemment un document qu’il a ensuite utilisé pour prétendument justifier sa candidature à la présidence de notre pays pour la troisième fois, Kagame a commis le faux et usage de faux, délit lourdement puni la loi rwandaise.
    Même un idiot mongolien qui sait lire et écrire le Français peut constater que Kagame ne remplissait aucune des conditions requises par les lois rwandaises au premier rang la constitution pour candidater pour un troisième mandat.
    Il résulte de tout ce qui précède que Kagame est un président autoproclamé et corrélativement un hors-la-loi notoire. Il doit être traité comme tel par tous ceux qui prétendent être démocrate.
    Pour l’avenir, sous peine d’abrutir les lecteurs de vos articles, il faudra vous documenter utilement sur le sujet à traiter avant d’écrie vos articles. C’est regrettable que les médias africains ont, dans leur ensemble fait du copier et coller des articles de Jeune Afrique, la voix de Kagame, moyennant 350000 euros par article encensant Kagame et son régime. Kagame et son régime sont une vache à lait pour Jeune Afrique. Aussi sous réserve de produire vos sources, le chiffre de 800000 morts Tutsi est un chiffre fantaisiste inexistant dans les rapports de l’ONU et dans les documents produits par le régime Kagame.
    Avril 1994: la population rwandaise était de 7200000
    Le nombre de Tutsi: 9% de la population.
    Même un idiot déclaré ne peut affirmer expressément que le nombre de victimes Tutsi est de 800000 ou plus.

    21 septembre 2017

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