LA NOUVELLE DU VENDREDI : Quand il ne vous reste qu’un lien, l’enfant
« Ils se marièrent devant Dieu et devant les hommes. Ensuite, ils s’aimèrent et eurent beaucoup d’enfants ».
Cette chanson est hélas maintenant une actualité d’hier. De nos jours, dans notre quotidien, il est de mode et d’habitude de croquer le fruit à pleines dents avant de s’en laver les mains. Ainsi dirais-je pour emprunter l’expression de mon grand-père.
Aujourd’hui, on joue à la loterie sentimentale et après plusieurs enfants et calculs mathématiques on décide de se passer pour la convenance la bague brillante au doigt.
A 28 ans, Bineta ma jeune nièce, est une femme moderne à la page. Pimpante secrétaire dans une entreprise, je ne sais pas si cela s’est passé accidentellement ou intentionnellement, mais elle a eu un enfant avec son copain Laya. Le père de sa fille, Zoria, est un jeune professeur dans un établissement en province. Sans engagement profond de vie commune, cette maternité est arrivée contre toute attente. De nos jours ce tableau est une histoire ordinaire. Cela s’est passé il y a quelques années et aujourd’hui Zoria est une fillette aux yeux d’ange de 5 ans.
En famille, le père et la mère de Bineta après la naissance de leur petite fille, espéraient maintenant que les choses se concrétiseraient. Et vite. Que leur fille convolerait en justes noces avec le père de son enfant pour laver l’offense à la morale et à l’éthique. Une sorte de classique ordinaire dans notre vie moderne. De l’extérieur et au regard, sans être trop froide, la relation entre Bineta et Laya, par les actes, ne brille vraiment pas de mille couleurs comme deux personnes souhaitant partager un avenir commun. Pour leur fillette, ils se fréquentent avec respect et amitié. Mais les choses s’arrêtent aux portes de leurs responsabilités. Inquiets par leur discrétion sur le sujet, les parents me sollicitèrent d’engager une conversation entre les deux parents de la petite Zoria.
J’appendrai dans cette démarche très sensible que les deux parents de la fillette ne partagent rien en commun. Ils tentaient vainement de s’aimer et l’enfant est né. Il fallait faire avec en attendant. Aujourd’hui, ni l’un ni l’autre ne sait en réalité où ils sont. Leur histoire d’amour sans être un orage dévastateur, a connu plus de bas que de haut. Et voici ce que Laya, le père de Bineta, me confia :
« C’est vrai que ma fille que j’aime bien est arrivée à un moment où je tentais de faire marcher les choses entre nous. C’était difficile, mais après la naissance de Zoria, nous avons convenu d’un commun accord qu’il fallait enterrer la hache de guerre. Une sorte de parenthèse pour notre responsabilité de parents, le temps de voir venir les choses et de décider. Mais je vais être très franc avec vous, nous n’avons encore rien décidé… »bEt la petite Zoria ? Ai-je demandé. « Vous savez, j’aime ma fille d’un amour profond et sincère. Mais je ne crois pas qu’un homme et une femme de nos jours doivent se marier parce qu’ils ont seulement un enfant. Il en faut plus… », m’a-t-il répondu.
Quant à ma nièce Bineta, je partage avec vous sa part de vérité.
« Avec Laya, nous avons des points de divergences sur certains aspects de la vie commune. De l’extérieur, cela peut être moindre, mais de l’intérieur, c’est très important pour une vie de couple. Pour être sincère avec vous, aujourd’hui, notre lien unique est ma fille, je ne partage plus grand-chose avec le père de mon enfant. Je ne sais pas où j’en suis… je ne sais pas si ce lien est suffisant pour fonder un foyer… », m’a-t-elle confié Et ta fille ? « Pour l’ancienne génération, l’enfant est un fardeau indivisible entre un homme et une femme. Les choses ont changé. Regardez auprès de vous et vous conviendrez que pour notre ère nouvelle, on se marie d’abord pour soi et ensuite pour les enfants. C’est vous dire… », m’a-t-elle répondu. Après nos échanges, j’ai opté pour la discrétion auprès de mes parents. Tout compte fait, la dernière décision appartient aux intéressés. Seulement, dans cette vie actuelle, sous la pesanteur du quotidien, je me demande ceci :Peut-on se marier, envisager une vie commune parce que seulement nous avons ensemble un enfant ?
Ousseni Nikiema , 70 13 25 96
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