HomeA la uneL’ACTIVISTE NATHALIE YAMB DECLAREE PERSONA NON GRATA EN FRANCE : Quel effet sur le sentiment anti-français en Afrique ?

L’ACTIVISTE NATHALIE YAMB DECLAREE PERSONA NON GRATA EN FRANCE : Quel effet sur le sentiment anti-français en Afrique ?


Depuis le 14 octobre dernier, l’activiste suisso-camerounaise, Nathalie Yamb, est indésirable en France. En effet, les autorités françaises l’ont déclarée persona non grata dans l’Hexagone. Il est reproché à cette dernière d’encourager le recours à la violence contre des symboles de la présence française en Afrique. En outre, la Suisso-Camerounaise serait le relais de la propagande  pro-russe diffusée depuis le continent africain. L’on pointe enfin du doigt sa « proximité avec Maurice Wilfried Sébiro,  conseiller en communication de la présidence centrafricaine et principal artisan de la propagande anti-française à Bangui ». A priori, l’on peut trouver incongru que la France, «  patrie des droits de l’Homme », interdise d’entrée et de séjour sur son territoire, une personne pour ses idées. Mais si la France en est arrivée là, c’est que, quelque part, elle  doit avoir des raisons suffisantes de le faire. En effet, si tout ce qui est reproché à Nathalie Yamb est avéré, notamment ses appels réitérés à la violence et à la haine contre la France, on peut trouver légitime que l’Hexagone ne veuille plus d’un tel individu sur son sol. N’importe quel autre pays démocratique, aurait eu la même attitude. Car, il faut le dire, tous les pays, démocratiques ou non, veillent sur leurs intérêts comme du lait sur le feu. De ce point de vue, ils sont particulièrement vigilants vis-à-vis des gens qui rament à contre-courant de leurs intérêts. Pendant la Guerre froide notamment, il n’était pas rare de voir ce genre d’interdictions d’entrée et de  séjour être infligées à des individus pour leurs actes et propos jugés hostiles à l’endroit d’un pays tiers.

 

La France doit se rendre à l’évidence que tous ceux qui ont la dent dure contre sa politique en Afrique, ne sont pas forcément manipulés

 

 Et cela, c’était dans le meilleur des cas. Dans le  pire des cas, c’est la mort qui était servie à de tels individus. Aujourd’hui, il est de notoriété publique que la Russie et la France sont engagées dans une lutte d’influence et d’intérêts dans bien des pays africains, notamment dans certains pays anciennement colonisés  par l’Hexagone. A titre d’exemple, l’on peut citer la Centrafrique et le Mali. L’emprise russe sur ces deux pays est une réalité. Au Burkina, une certaine opinion incite les gouvernants à prospecter du côté de Moscou et à tourner le dos à la France dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Certainement que la Russie et la galaxie Prigojine, du nom du célèbre sponsor du groupe Wagner, ne sont pas étrangères à ce sentiment anti-français qui est en train de faire tâche d’huile en Afrique. Mais la France doit se rendre à l’évidence que tous ceux qui ont la dent dure contre sa politique en Afrique, ne sont pas forcément manipulés. Il y a, en effet, parmi eux, des hommes et des femmes qui, sur la base de leurs propres analyses et de leur libre-arbitre, sont vent debout aujourd’hui contre la politique française en Afrique. Et les réseaux sociaux leur offrent l’occasion inespérée de  partager leurs  vues avec des milliers et des milliers de personnes. De ce point de vue, l’on peut se poser la question de savoir  si le fait de déclarer Nathalie Yamb persona non grata en France, peut avoir  un effet sur le sentiment anti-français en Afrique. L’on peut en douter. Certes, il y a une part de désinformation, de mensonge et de haine dans certains propos de l’activiste suisso-camerounaise, mais il y a également une part de  vérité. Et  la France gagnerait beaucoup plus à revoir en profondeur, bien des aspects de sa politique en Afrique, que d’interdire d’entrée et de séjour sur son territoire, Nathalie Yamb. Même des Français et pas des moindre, sont d’avis aujourd’hui que la France commet des abus dans ses rapports avec l’Afrique. Et chaque jour que Dieu fait, ils le martèlent dans leurs discours. Bien sûr, ils ne font pas dans la haine contre la France comme le fait Nathalie Yam, mais leurs vues sur bien des aspects de la politique africaine de la France, ne sont pas loin de celles de l’activiste suisso-camerounaise. Cela dit, il faut avoir le courage de reconnaître que les médias sociaux sont très souvent utilisés pour des causes qui ne rendent pas service à l’humanité. C’est pourquoi tout doit     être mis en œuvre pour que ces outils soient utilisés beaucoup plus pour bâtir des ponts entre les peuples que pour ériger des murs de haine entre eux. Tout le monde a intérêt à y travailler. En Afrique, en tout cas, se pose aujourd’hui la nécessité de la mise en place d’une éducation à l’utilisation de ces médias. Car, pour bien des gens, surtout les jeunes, tout ce qui se raconte sur les réseaux sociaux, a valeur de faits avérés. Au Rwanda, la Radio « mille collines » avait alimenté la haine des Hutu contre les Tutsi. Résultat :  ce pays a connu l’un des pires drames du 20e  siècle. Faisons donc en sorte que les médias sociaux ne s’inscrivent pas dans la logique de cette radio. En tout cas, à lire certains messages qui circulent sur les réseaux sociaux en Afrique et qui sont  de nature à appeler les communautés à se dresser les unes contre les autres, on peut craindre que ces merveilleux outils d’information et de communication, se transforment en des instruments de la haine et de la mort.

 

Pousdem PICKOU

 

 


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