HomeA la uneLE PREMIER MINISTRE LORS DE SA SORTIE A BOBO : « Il ne faudra surtout pas que l’on en vienne à mettre en place une association des Amis de Zida »

LE PREMIER MINISTRE LORS DE SA SORTIE A BOBO : « Il ne faudra surtout pas que l’on en vienne à mettre en place une association des Amis de Zida »


Le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, Premier ministre, chef du gouvernement de la transition, était à Bobo-Dioulasso les 29 et 30 novembre 2014. Première sortie à l’intérieur du pays, le Premier ministre, accompagné de quelques membres de son gouvernement, a échangé à bâtons rompus avec les forces vives de la région des Hauts-Bassins, avant de visiter quelques infrastructures de Bobo.

C’est la capitale économique du Burkina, Bobo-Dioulasso, qui a été la première localité à accueillir la première sortie officielle du Premier ministre Yacouba Isaac Zida, après sa prise de fonction. Pour la circonstance, le chef du gouvernement était accompagné des ministres de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, Auguste Denise Barry, des Mines et de l’énergie, Boubacar Bâ, et celui des Sports et loisirs, David Kabré.

Après un accueil chaleureux à eux réservé par les OSC de Bobo, le Premier ministre et sa délégation étaient face aux forces vives de la région, avec une forte représentation des forces de sécurité et de défense à la Maison de la culture de Bobo-Dioulasso. « La cause première de la cristallisation de la crise est, sans conteste, la volonté du président Blaise Compaoré de modifier une fois de plus les clauses de notre Constitution, pour asseoir un pouvoir à vie qu’il lèguerait à sa fille Djamila, selon quelqu’un.» C’est par ces mots introductifs, après une minute de silence observée en mémoire des héros de l’insurrection, que le Premier ministre a planté le décor de la rencontre, le samedi 29 novembre 2014. Au-délà de la tentative de sauter la clause limitative des mandats présidentiels, Isaac Zida a estimé que d’autres maux tels le chômage de la jeunesse, l’éducation, la vie chère, etc. sont autant de problèmes qui trouvent leur ancrage dans le déficit de gouvernance politique. Et « la trop forte mainmise d’une minorité de Burkinabè, d’un clan, d’une famille, sur l’appareil politique et le système économique », a expliqué le chef du gouvernement, ont contribué à frustrer le peuple. Il a rappelé les efforts déployés par les uns et les autres pour ramener Blaise Compaoré à la raison. « Ceux qui étaient, et je le comprends, dubitatifs sur la sincérité de l’Armée, peuvent constater que le président du Faso et le président du Conseil national de transition sont tous civils. L’Armée burkinabè est et demeure républicaine. Elle est avec le peuple. Elle est partie intégrante du peuple », a laissé entendre Isaac Zida dans son message à l’endroit des forces vives de la région. Il a par ailleurs demandé à chaque citoyen, à travers leurs différents regroupements et organisations, de se mettre au travail et d’accompagner la transition. Toutes les mesures fortes que nous avons prises jusque-là, visent à restaurer notre peuple dans ses droits légitimes, à restaurer la transparence, la morale, le respect du bien public, en somme à redonner confiance aux Burkinabè, a conclu M. Zida, tout en appelant la réconciliation et la cohésion entre Burkinabè. Des préoccupations ont été aussi exprimées par les représentants des forces vives, notamment la question de la lutte contre le virus Ebola, par une fermeture des frontières avec le Mali, la question foncière et les lotissements à Bobo, la monopolisation du commerce et des marchés publics ; bref, la transparence et la prise en compte de toutes les couches dans les différents secteurs de développement.

Pour le cas de demande de fermeture de frontières, Isaac Zida a fait savoir que des dispositions de contrôle rigoureux ont été prises. Répondant à une question sur la gestion des 5 milliards de francs que l’ancien régime avait promis aux femmes pour l’entrepreneuriat féminin, le Premier ministre a rappelé aux femmes que c’était purement un effet d’annonce, de la pure publicité ; car ce fonds n’existe pas en réalité, comme on le faisait croire. Sur la question des voiries à Bobo, le chef du gouvernement a été aussi clair : « Nous suivrons de près les chantiers dont le financement a été effectué sans réalisation ; on les confiera aux entreprises de Bobo ». Il a d’ailleurs donné l’exemple de l’échangeur du Nord (Ouagadougou) dont le marché d’un montant de 60 milliards a été donné gré à gré. C’est la preuve du clientélisme qui a longtemps caractérisé le régime Compaoré, dans la gestion des marchés publics.

Répondant aux jeunes qui le considèrent comme l’homme de l’année, il répond. « Je ne peux être l’homme de l’année alors que l’année est presqu’à sa fin. Il ne faudra surtout pas qu’on en vienne à mettre en place une association des Amis de Zida ». Avec le concours des autres membres du gouvernement présents, le Premier ministre a donné des éléments de réponse à toutes les préoccupations, et a promis de revenir dans les prochains jours pour continuer les échanges.

Après une visite aux autorités religieuses et coutumières le même jour dans la nuit, Isaac Zida et sa suite ont effectué une visite au Centre hospitalier universitaire de Bobo, où il s’est imprégné des conditions de travail du personnel et des conditions d’hospitalisation des patients. A la morgue, le dispositif prévoyait que le Premier ministre n’entre pas, vu l’état de dégradation des chambres froides. Mais celui-ci a tenu à constater de visu certaines réalités.

Au palais de Justice de Bobo, qui a été victime d’incendie lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre, la délégation est allée apporter ses mots d’encouragement aux travailleurs qui n’attendent qu’un local pour reprendre leurs activités. Isaac Zida leur a promis que le gouvernement louera, dans les semaines à suivre, un bâtiment sinon deux, en attendant la réhabilitation de l’établissement. Mais avant cela, il a tenu à demander aux travailleurs du palais de Justice de Bobo, de toujours rendre des décisions justes et équitables, car l’incendie du palais de Justice traduit quelque part une frustration du peuple vis-à-vis de la Justice.

Josias Zounzaola DABIRE

 

 


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