HomeA la uneLEGISLATIVES AU TOGO : Une simple formalité pour le pouvoir ?

LEGISLATIVES AU TOGO : Une simple formalité pour le pouvoir ?


C’est aujourd’hui, 29 avril 2024, que les Togolais vont aux urnes pour choisir leurs députés et conseillers régionaux qui éliront, à leur tour, les 2/3 des membres du Sénat. Ce double scrutin inédit intervient dans un contexte d’apaisement relatif du climat politique, malgré les récriminations de l’opposition consécutives à l’adoption controversée de la nouvelle Constitution. Cette fois-ci, même le poil à gratter du parti au pouvoir, Jean-Pierre Fabre, est sur la ligne de départ, et a appelé ses compatriotes à sortir massivement pour mettre à mal le projet funeste de Faure Gnassingbé qui compte sur une victoire écrasante de ses fidèles pour se fossiliser au pouvoir. Car, ce scrutin est non seulement inédit parce que les élections régionales sont une première au Togo et couplées aux législatives. Mais il marque aussi le retour de l’opposition dans l’arène après son boycott des dernières consultations électorales, espérant ainsi rafler un nombre important de sièges qui permettront de garantir une meilleure représentativité des différentes sensibilités politiques.

 

Les élections ont toujours été une simple formalité pour Gnassingbé père et fils

 

Cette fois-ci, la participation des électeurs sera sans doute à la hauteur de l’enjeu de ce scrutin, quand on sait que les futurs  députés et sénateurs éliront, à leur tour, deux des principales personnalités du pays, le président de la République qui aura essentiellement pour rôle d’inaugurer les chrysanthèmes, et le président du Conseil des ministres qui sera omnipotent parce que disposant d’un large éventail de prérogatives détenant, entre les mains,  l’essentiel des pouvoirs que lui accorde la nouvelle Constitution.  Ce passage du régime présidentiel au régime parlementaire, c’est l’opposition elle-même qui l’avait demandé il y a une quinzaine d’années, dans l’espoir de remporter les législatives et de mettre ainsi fin au règne dynastique de Faure Gnassingbé. Maintenant que ce pas est franchi, c’est la même opposition qui est montée au créneau pour dénoncer le basculement qui devait avoir lieu après un référendum et non par le vote de députés, du reste, illégitimes, dont le mandat est arrivé à terme depuis décembre dernier. Et comme la forme tient le fond en l’état, l’opposition et la société civile notamment ont qualifié « la démarche répugnante du pouvoir » d’anticonstitutionnelle, et ont appelé le peuple togolais à se mobiliser pour ce scrutin afin de faire échec au « coup d’Etat constitutionnel » en empêchant le parti au pouvoir d’avoir la majorité requise pour choisir les futurs dirigeants du pays. Qu’en sera-t-il si, par extraordinaire, l’opposition venait à remporter le double scrutin en cours, et obtenait la majorité et donc la possibilité de choisir pour la première fois le président de la République au rôle honorifique, mais aussi et surtout le président du Conseil des ministres aux pouvoirs exorbitants ? Il ne faudrait pas perdre du temps à chercher une réponse à cette question qu’on ne peut poser qu’en faisant de la politique-fiction.

 

L’opposition ne s’est pas donné le temps et les moyens de s’organiser pour surprendre son adversaire

 Car, n’oublions pas que nous sommes au Togo où les élections ont toujours été une simple formalité pour Gnassingbé père et fils, juste pour amuser la galerie politique et donner à leurs régimes des apparences démocratiques alors qu’ils sont intrinsèquement le modèle achevé de la dictature et de l’imposture. Cette fois-ci encore, l’opposition sera défaite, pas sur tapis vert comme la dernière fois, mais sur le terrain et à plate couture parce qu’elle ne s’est pas donné le temps et les moyens de s’organiser pour surprendre son adversaire, qui lui, n’hésite pas à boxer même en dessous de la ceinture, pourvu qu’il remporte la victoire à la fin du jeu…électoral. Jean Pierre Fabre et ses camarades ne se bercent certainement pas d’illusions quant à l’issue de ce scrutin, et il se pourrait qu’ils aient pour seul objectif de rafler quelques sièges à l’Assemblée pour ne pas être jetés définitivement aux oubliettes ou dans la poubelle politique du Togo, après le passage de la 4e à la 5e République qui pourrait ouvrir le boulevard à un pouvoir éternel de Faure Gnassingbé.  Et il faut manquer de jugeote pour croire que cette fois-ci au moins, le peuple qu’ils ont appelé à voter massivement pour l’opposition va sortir enfin de son impassibilité pour créer la surprise du siècle. On peut même dire que ce n’est pas demain la veille que ce peuple amorphe et hypnotisé par plusieurs décennies de terreur, va se décider à mettre un terme à ce régime héréditaire qui se sert formidablement bien du bâton et de la carotte pour gérer le pays et pour s’éterniser au pouvoir.

 

« Le Pays »


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