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LEGISLATIVES MALIENNES SUR FOND DE COVID-19 ET D’ENLEVEMENT DE SOUMAILA CISSE


Sauf retournement de dernière minute, les législatives maliennes se tiendront ce dimanche 29 mars 2020. En tout cas, l’annonce en a été faite par le président malien himself, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), le 25 mars dernier. Comme s’il voulait rabattre le caquet à tous ceux qui avaient appelé à un report du scrutin, et Dieu seul sait s’ils sont nombreux, IBK a juré, la main sur le cœur, que le gouvernement mettrait un point d’honneur à ce que les mesures-barrières soient scrupuleusement respectées. Parmi les arguments brandis par les partisans du maintien du scrutin et ce sur fond de Covid-19, l’on peut retenir celui-ci : si cette élection ne se tient pas, la troisième instance du pays perdra sa légitimité. Aux tenants de cette thèse, l’on peut poser la question suivante : ont-ils pensé, un seul instant, par ces temps où le Covid-19 se répand comme une traînée de poudre sur l’ensemble de la planète, aux risques sanitaires auxquels la tenue de ce scrutin peut exposer le Mali ? Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité que le pays a enregistré, le 25 mars dernier, ses deux premiers cas confirmés de coronavirus. Il s’agit de deux Maliens rentrés de France mi-mars. L’on peut même penser que le gouvernement malien, pour des besoins de contrôle de la crise, avait fait la rétention de ce cas pour ne pas davantage apporter de l’eau au moulin de tous ceux qui, en raison de la menace liée au Covid-19, sont vent debout pour exiger le report du scrutin. Et puis, sous nos tropiques, l’on peut se poser la question de savoir ce que valent les statistiques, surtout celles fournies par nos gouvernants. En tout cas, le risque que le Covid-19 profite du déplacement des électeurs de ce 29 mars, n’est pas à minimiser. Mieux aurait donc valu que l’on ne tente pas le diable. En un mot comme en mille, l’on peut affirmer que le Covid-19 est une raison suffisante pour reporter le scrutin. Et le Mali ne cessera pas d’exister pour autant.

L’urgence au Mali aujourd’hui n’est pas la tenue d’élections législatives

L’autre raison suffisante qui milite pour le report du scrutin, est l’enlèvement du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé. En rappel, ce dernier a disparu alors qu’il était en pleine campagne électorale dans le Centre du pays. Selon le gouvernement et deux membres de son entourage, il ne s’agit plus d’une disparition mais d’un enlèvement. Et le gouvernement de rassurer que « toutes les dispositions pratiques sont prises pour le retrouver ». En tout cas, dans l’histoire du Mali, c’est la première fois que l’on assiste à l’enlèvement d’une personnalité politique nationale de cette stature. Ne serait-ce que pour marquer sa solidarité avec la famille politique et biologique de Soumaïla Cissé, le pouvoir de IBK aurait pu reporter le scrutin. Et le Mali ne s’en porterait pas plus mal pour autant. Et puis, dans l’hypothèse où les résultats du scrutin de ce dimanche donneraient vainqueur le parti présidentiel alors que le chef de file de l’opposition est en situation d’enlèvement, ses partisans auraient beau jeu de dire que c’est ceci qui explique cela. L’un dans l’autre, on peut dire que l’urgence au Mali aujourd’hui n’est pas la tenue d’élections législatives, fussent-elles aussi importantes pour la vie du pays. Aujourd’hui, deux urgences s’imposent au Mali. La première est de mettre tout le pays en état de guerre contre le Covid-19. Comparaison n’est pas raison, mais la France a reporté récemment la tenue du second tour de ses municipales pour des raisons liées au coronavirus. Pour autant, il ne viendra à l’esprit de personne de pointer du doigt le pays pour n’avoir pas respecté son calendrier électoral. La deuxième urgence au Mali est la libération de Soumaïla Cissé. Et cet objectif n’incombe pas seulement au gouvernement malien. C’est un défi que la communauté internationale se doit de relever et ce, dans les meilleurs délais. En attendant, on peut se poser des questions en rapport avec cet enlèvement : s’agit-il d’un acte posé par des bandits au sens classique du terme ou s’agit-il d’un acte posé par des terroristes ? La deuxième hypothèse peut être envisagée pour les raisons suivantes : d’abord, les terroristes sévissent dans la zone où il a été enlevé. L’autre raison est que les terroristes peuvent être remontés contre le chef de file de l’opposition; lui qui, à l’occasion du dialogue inclusif national, avait posé des préalables non négociables avant d’entamer la moindre négociation avec les terroristes.

Pousdem Pickou


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