HomeA la uneLES 7 CONDITIONS DE DAMIBA : Attention à la culture de l’impunité !

LES 7 CONDITIONS DE DAMIBA : Attention à la culture de l’impunité !


On le sait, le Burkina a frôlé le pire notamment le samedi 1er octobre dernier, consécutivement au coup d’Etat du capitaine Ibrahim Traoré. En effet, alors que l’on croyait l’affaire pliée le vendredi 30 septembre, voilà que le samedi 1er octobre, l’on assista à un rebondissement : le président déchu raidit la nuque et refuse de quitter le pouvoir. La contre offensive fut entamée au point que le scénario d’un affrontement entre les deux camps a été redouté. Il a fallu le sens de la médiation et de la négociation des forces morales du pays, pour obtenir la démission de l’enfant de Nakalbo dans le Kouritenga. Mais cette reddition a été assortie de sept conditions édictées par ce dernier. Il s’agit de la poursuite des activités opérationnelles sur le terrain ; la garantie de la sécurité et de la non poursuite des FDS engagées à ses côtés ; la poursuite du renforcement de la cohésion au sein des FDS ; la poursuite de la réconciliation nationale ; le respect des engagements pris avec la CEDEAO ; la poursuite de la réforme de l’Etat ; la garantie de sa sécurité et de ses droits, ainsi que ceux de ses collaborateurs. Il faut rappeler que le président du MPSR a marqué son accord pour ces sept conditions. Il faut d’abord saluer le boulot abattu par les communautés religieuses et coutumières et les résultats auxquels elles sont parvenues, et cela en si peu de temps. L’on peut ensuite saluer le renoncement du lieutenant-colonel Damiba au pouvoir même si ce n’était pas de gaité de cœur. L’on peut enfin relever et apprécier à leur juste valeur, le sens de l’écoute et celui du compromis du capitaine Ibrahim Traoré. Car, c’est la conjugaison de tous ces efforts qui a pu sauver in extremis notre pays du chaos. On peut même parler de l’apocalypse. En effet, si les deux camps avaient franchi le rubicond en recourant aux bazookas, aux canons et autres lance-roquettes, on aurait pu assister à l’anéantissement du pays. De ce point de vue, on peut dire que les uns et les autres ont fait œuvre utile.

 

Tout le monde  a intérêt à travailler pour un Etat fort et juste plutôt que pour des hommes forts

 

Mais on peut supposer que c’est par stratégie et par respect pour les autorités morales qui l’avaient convié à la rencontre d’apaisement, que le jeune officier a accepté les 7 conditions édictées par son prédécesseur. Toutefois, le capitaine Traoré, au lieu de parler de conditions, a évoqué le terme de « souhaits » dans son propos. Sémantiquement, les deux termes ne sont pas des synonymes. Les conditions donc de la démission de Damiba, ne signifient pas la même chose que les souhaits de la démission de Damiba. L’on peut, après cette tentative de clarification sémantique, opérer un autre type de clarification. En effet, l’on peut se demander et sans être juriste, si le texte a une obligation juridique. A la limite, il a une valeur de simple déclaration. De ce point de vue, il ne peut pas lier le capitaine Traoré encore moins l’Etat burkinabè. On peut prendre le risque de dire que même Damiba le sait. En tout cas, tout le monde gagnerait au Burkina, à ne pas encourager la culture de l’impunité. Le dire, ne signifie pas que l’on est contre Damiba et qu’il faut par conséquent commencer à dresser l’échafaud pour lui. Mais il s’agit de ne pas créer des précédents fâcheux dans notre pays. Il s’agit aussi et surtout d’amener les hommes politiques à intégralement assumer les conséquences des actes qu’ils posent pendant qu’ils sont aux affaires. C’est pourquoi d’ailleurs, il n’est pas permis aux coquins, aux filous et aux aventuriers de tout poil de prétendre présider aux destinées des autres. Car cela implique la responsabilité et la redevabilité des comptes. C’est tout un sacerdoce qu’il faut exercer dans la crainte du qu’en-dira-t-on et de Dieu. Certaines conditions édictées par Damiba ne posent pas problème. Il s’agit de celles-ci : le respect des engagements pris avec la CEDEAO ; la poursuite des activités opérationnelles sur le terrain, la poursuite du renforcement de la cohésion au sein des FDS ; la poursuite de la réforme de l’Etat. D’ailleurs, pour ces conditions, on peut dire que Damiba enfonce des portes déjà ouvertes. De ce point de vue, on peut percevoir cela comme s’il rappelait à son successeur ses devoirs les plus élémentaires. On ne devrait pas faire l’injure au Capitaine Traoré, en posant ces impératifs comme les conditions de la démission de son prédécesseur. En tout cas, les Burkinabè le jugeront prioritairement sur ces chantiers. Par contre, d’autres conditions pourraient s’apparenter à des marchepieds non pas vers le compromis mais plutôt vers la compromission. Notamment, la non poursuite des FDS engagées à ses côtés, de même que la garantie de sa sécurité et de ses droits, ainsi que ceux de ses collaborateurs. Peut –on dire que lui et ses collaborateurs ont plus de droits que les autres Burkinabè ? D’ailleurs, qu’a-t-il fait de si mal pour exiger la non poursuite des FDS engagées à ses côtés ? Le capitaine Traoré peut-il, en sa qualité de président du MPSR, leur garantir cela ? On peut en douter. Seules les institutions du pays, notamment la Justice et l’Etat, peuvent le faire. C’est pourquoi tout le monde  a intérêt à travailler pour un Etat fort et juste plutôt que pour des hommes forts. En tout cas, ces conditions ne sont pas inscrites dans du marbre. Elles sont appelées donc à évoluer. C’est simplement une question d’opportunité et de rapports de forces. Ce sont ces facteurs qui ont été à l’origine de l’exhumation de certains dossiers que le régime de Blaise Compaoré avait soigneusement enterrés. La pression populaire en a décidé ainsi. Dans le cas d’espèce, l’un des griefs formulés par Traoré et ses hommes contre Damiba est la trahison. Ce grief, s’il est avéré, est un grand crime. Et seule la haute Cour de Justice peut examiner ce crime. En tout cas, on ne voit pas comment un régime, fût-il transitionaire, peut prendre le risque de le soustraire à la Justice dans l’hypothèse où il se serait rendu coupable d’un acte de trahison. L’officier supérieur qu’il est, est censé le savoir de même que tous les Burkinabè épris de Justice, de bonne gouvernance et de l’intérêt général.

 

Sidzabda


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