LES FEMMES RURALES AUX LEADERS POLITIQUES : « Nous vous tenons à l’œil »
Le 15 septembre 2015 à Ouagadougou, a eu lieu la cérémonie officielle de signature des engagements des leaders politiques sur les dix mesures en faveur des femmes rurales pour un Burkina sans faim. Cette cérémonie placée sous le thème « Les femmes rurales, pour un Burkina sans faim », était placée sous le parrainage du ministre de la Promotion de la femme et du genre, Bibiane Boni. Les leaders politiques s’engagent à prendre en compte dans leur programme de société les préoccupations des femmes rurales dont l’objectif est de bâtir un Burkina sans faim.
Des six leaders politiques annoncés, cinq, à travers leurs représentants, ont procédé à la signature d’engagement sur les dix mesures instaurées par les femmes rurales en association avec la Confédération paysanne du Faso (CPF) et OXFAM Burkina dans le cadre de la campagne CULTIVONS, le 15 septembre dernier à Ouagadougou. Il s’agit du CPR/MP de Jean-Baptiste Natama, du parti Le Faso Autrement de Ablassé Ouédraogo, du MPP de Roch Marc Christian Kaboré, de l’UNIR/PS de Bénéwendé Sankara et de l’UPC de Zéphirin Diabré. Ce paraphe de document sur les dix mesures des femmes rurales pour un Burkina sans faim, est une manière d’interpeller les hommes politiques en ce moment décisif où le Burkina s’apprête à élire son président et ses députés, pour une prise en compte de leurs préoccupations dans leur programme de société. La marraine de cette cérémonie, Bibiane Boni, ministre de la Promotion de la femme et du genre, s’est réjouie de cette initiative des femmes rurales et de l’engagement des leaders politiques sur les dix mesures pour lutter contre la faim au Burkina. Elle a aussi soutenu qu’à travers ces mesures, les femmes ont balisé le terrain en traçant les sillons à suivre pour une prise en compte de leurs préoccupations. Aussi, elle a rappelé aux partis politiques :« Sachez que toutes les femmes du Burkina vous observent et attendent de vous des actes et des comportements qui cadrent avec les dix mesures pour bâtir un Burkina sans faim. Que vous soyez élus ou pas au soir du 11 octobre, sachez que vous avez un grand rôle à jouer dans la prise en compte des femmes rurales dans les politiques publiques ». Elle a conclu en invitant les femmes rurales et la campagne CULTIVONS à faire preuve de vigilance, à épier le moindre geste des leaders politiques et à interpeller les acteurs politiques pour tout déraillement afin qu’après cette campagne, l’on sente que les lignes ont bougé en faveur de la femme rurale. Le président de la CPF, Bassiaka Dao, a indiqué que cette signature d’engagements des leaders politiques ci-dessus cité en lice pour les élections présidentielle et législatives du 11 octobre, marque leur volonté à aider les femmes rurales dans leurs activités agricoles. A en croire celui-ci, cet engagement des leaders politiques est opportun dans le contexte actuel où plusieurs politiques de la région d’Afrique de l’Ouest et du Burkina sont en évaluation. Cette signature intervient également dans un contexte d’élaboration de la deuxième phase du programme national du secteur rural et de celle du deuxième cycle de la Stratégie de croissance accélérée pour un développement durable (SCADD). Selon, le directeur pays de OXFAM Burkina, Roger Kaboré, au Burkina, les femmes occupent 63% des activités de production du secteur primaire et du secteur informel, participant ainsi à environ 70% dans la formation du Produit intérieur brut (PIB). En milieu rural, a-t-il signifié, les femmes représentent 65% des producteurs agricoles et assurent plus de 90% de leurs revenus. Il a souligné que cet engagement des partis politiques marque le point de départ d’une campagne de suivi et de veille des acteurs politiques qui s’engagent à faire des femmes rurales le pilier du secteur agricole au Burkina. Pour la représentante des femmes rurales, Salamata Maïga, c’est une manière de faire comprendre à tous les hommes politiques que les femmes rurales qui leur donnent plus de voix pendant les élections, sont les plus oubliées dès lors que ceux-ci deviennent des dirigeants. Et d’ajouter : « Nous avons été longtemps flattées, a-t-elle ajouté, mais cette fois-ci, nous tenons les leaders politiques à l’œil, car celui qui ne prendra pas en compte nos préoccupations dans son programme de société, n’aura plus nos voix aux élections ». « Cette signature matérialise votre intérêt pour la construction d’un Burkina sans faim qui passe nécessairement par les femmes rurales ». Tous les représentants des partis politiques qui ont signé les dix mesures ont promis de respecter leurs engagements pour bâtir un Burkina sans faim.
Valérie TIANHOUN
CLIN D’ŒIL SUR LES DIX MESURES
Mesure 1 : accès et contrôle de la terre, c’est-à-dire mettre en place un dispositif pour un accès équitable et sécurisé de la femme.
Mesure 2 : accès au crédit et à l’encadrement.
Mesure 3 : accès aux matériels de transformation de conservation et intrants.
Mesure 4 : accès aux espaces pastoraux.
Mesure 5 : accès aux ressources pour l’élevage et l’agriculture.
Mesure 6 : disponibilité d’aliments pour bétail subventionné.
Mesure 7 : fourniture des services vétérinaires.
Mesure 8 : assistance technique sur les nouvelles techniques d’élevage. Cela consiste à accroître la formation d’agents communautaires de proximité sur les techniques nouvelles d’élevage.
Mesure 9 : promotion et consommation des produits nationaux.
Mesure 10 : représentation dans les instances de décisions.
Source : Dossier de presse