LETTRE OUVERTE A MON FRERE KABILA : On ne gouverne pas un peuple contre son gré
Monsieur le Président, ou dois-je dire, plutôt, Monsieur Joseph Kabila ? Je ne sais pas si je peux vous considérer encore comme Chef d’Etat, puisque votre bail à la tête de la RDC a échu depuis le 20 décembre 2016, même si vous pourrez me contredire en invoquant la décision inique de juges « acquis », qui vous permet injustement de continuer à vous maintenir contre vents et marées à la tête de la RDC. Je ne jalouse pas votre fauteuil, et d’ailleurs comment le pourrai-je, puisque je ne suis même pas citoyen congolais. Au demeurant, je ne suis pas intéressé par la politique telle qu’elle se pratique dans les Républiques bananières ! En plus, votre pouvoir, ce pouvoir-là qui se soucie comme d’une guigne de la vie humaine, je demande à Dieu de l’éloigner de tous ceux qui me sont chers ici-bas, s’ils venaient à être piqués par le virus de la politique ! Car, j’ai la faiblesse de croire que tout se paye en ce bas-monde. Bref, si je vous écris, M. Kabila, c’est que je continue à croire qu’il vous reste encore un peu de lucidité pour réaliser enfin que le chemin dans lequel vous vous êtes engagé n’est pas le bon !
Mon frère Kabila, il n’est pas tard ! Vous pouvez encore vous donner l’ultime force du sursaut salvateur ! Un tel supplément d’âme aura, pour vous, l’avantage de décharger votre conscience si vous en avez encore une, et de libérer enfin votre peuple ! M. Kabila, sachez qu’on ne gouverne pas un peuple contre son gré. Et l’on finit, tôt ou tard, par le payer très cher. Si depuis fin décembre 2016, votre maintien à la tête de l’Etat est très mal vécu chez vous, si ce maintien forcé à la tête de la République « démocratique » du Congo reste jusque-là en travers de la gorge de nombreux Congolais qui n’en finissent pas de crier leur ras-le-bol, c’est bien parce que ce que vous leur demandez est au-dessus de leurs forces. Assurément, ce peuple est excédé.
De ce pouvoir indu, il ne veut plus ! Il souffre le martyre. Bien sûr, vous me répondrez que vous avez de nombreux soutiens, que je ne sais pas ce que je dis car il s’en trouve aussi des Congolais prêts à tout pour vous. Erreur ! Ces gens ne vous veulent pas du bien. Beaucoup d’entre eux ne sont pas sincères. Ils sont tout juste guidés par le souci de la préservation de leurs intérêts liés à leur tube digestif. Tant que ces intérêts ne seront pas menacés, vous pourrez être sûr de pouvoir compter sur eux, et d’avoir du monde derrière vous. Mais est-ce vraiment cela l’essentiel ? Quelle noblesse revêt votre combat ? Rien. Le plus important, pour vous, devrait plutôt être ailleurs. Si vous avez le courage de réaliser que la RDC va mal, que vos compatriotes sont en train de toucher le fond, alors vous comprendrez enfin que vous êtes à la fois le problème et la solution à ce pays. Kabila, la liste des morts congolais ne cesse de s’allonger. Chaque jour que Dieu fait, le nombre de veuves et d’orphelins ne fait que croître. Votre boulimie du pouvoir n’y est pas étrangère. Cette comptabilité macabre est évidemment associée à votre règne.
Kabila, évitez les remords qui hantent au soir de sa vie
Je vous demande, pour l’amour du Ciel, de vous donner le temps d’un examen de conscience courageux et profond. Ressaisissez-vous et surtout, vivez dans la crainte de Dieu, M. Kabila. Que des hommes d’Eglise marchent, crucifix en main, comme cela se voit au chemin de croix, en n’ayant pour seules armes que la Bible et leur foi, cela devrait vous faire réfléchir. En tout, rappelez-vous, Monsieur le Président, vous n’êtes pas éternel ! Et comme tout le monde est appelé à mourir un jour, évitez les remords qui hantent au soir de sa vie. Aujourd’hui, vous avez la force de votre côté ! Vous êtes entouré de tout un monde qui continue d’agir pour vous et qui se plait à vous pousser constamment à la faute. Sachez que ce sont les mêmes qui vous tourneront le dos aussitôt que le vent aura tourné ! Ils vous renieront. Car, c’est ainsi que finissent les dictateurs. Et c’est pourquoi je vous exhorte à prendre de la hauteur ; à agir uniquement dans le sens de l’intérêt du peuple. Vous êtes fort. Mais ayez la force de vous ranger du côté des plus faibles qui sont en majorité favorables à votre départ. Ceux qui soutiennent le contraire vous pompent l’air.
En tous les cas, je rêve de ce grand jour ; du jour où vous finirez par crier : « Basta ! J’ai assez du calvaire de ce peuple ! Il est temps que j’y mette fin ! » Cela déplaira certainement aux Raspoutine ! Mais, en le faisant, vous aurez fait ce qui est bien pour vous et pour le Congo. A ce propos, je vous invite à méditer les propos du président Zuma qui, malgré tout ce qu’on a pu dire de lui en termes négatifs, a eu cette phrase au soir de son règne, qui fera certainement date : « Je ne veux pas qu’une goutte de sang soit versée en mon nom ». Mon propos n’est pas de dire que Zuma a été un homme d’Etat. Mais je sais que ça existe, les grands Hommes sous nos cieux. Je souhaite de tout cœur, que l’Histoire retienne que vous aurez été de cette race-là. Je ne parle pas de ces fausses louanges qui peignent les petites gens d’esprit en grands Hommes, simplement parce qu’ils sont au pouvoir. Je parle de ces grands Hommes au sens vrai et noble du terme.
Mon cher frère, vous avez déjà une image assez écornée, mais il n’est pas tard pour se rattraper. En tous les cas, je prie pour que vous ne finissiez pas comme tous ces dictateurs qui ont terminé comme vous le savez. Je ne vous apprends rien. Ne terminez surtout pas comme Mobutu, comme Idi Amin Dada et autres qui ont fini par réaliser, au soir de leur vie, ceci : « Vanitas vanitatum, omnia vanitas» (Vanité des vanités, tout est vanité) sur terre ! Ecoutez la voix qui vous revient sans doute de temps à autre : celle de Dieu dont je n’imagine pas un seul instant qu’elle vous poussera sur le chemin de l’égarement.
Par Cheick Beldh’or SIGUE
Rungs Patrice
/
Première visite sur votre site : votre liberté de ton et votre clairvoyance est admirable. Je vous souhaite de garder longtemps votre indépendance et votre liberté d’action. Une liberté que vous mettez au service des peuples africains depuis trop longtemps exploité et méprisés par des dirigeants indignes. Vous ne mâchez pas vos mots pour Erdogan tout comme pour Kabila. On aimerait entendre ici en France des éditorialistes étriller de la sorte de tels personnage. Bravo à “Le Pays”. Et c’est grâce aux liens de “Courrier International” que je vous découvre. Longue vie à Le Pays et courage dans vos combats. Patrice Rungs
2 mars 2018[email protected]