LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DU FASO : Pour la réouverture du dossier des policiers révoqués en 2011
A la faveur des mutineries de 2011, plusieurs policiers ont été révoqués du corps de la Police. Ces derniers, suite à l’insurrection populaire ayant conduit à la chute du régime de Blaise Compaoré, souhaitent une réouverture de leur dossier. Cela, après maintes tentatives pendant la Transition. Dans les lignes qui suivent, un « cadet du 3e âge », comme l’auteur se définit lui-même, interpelle le président Michel Kafando. Lisez plutôt !
« Monsieur le Président,
Nos yeux ont vu se lever les 30 et 31 octobre 2014 un jour nouveau sur le Burkina Faso. Est-ce l’Histoire? Est-ce la Providence qui vous a oint pour conduire la Transition? Toujours est-il que vous avancez dans le sens de la feuille de route de l’histoire de notre pays. Nous étions sur les barricades et nos cœurs étaient remplis de cette espérance magnifique et formidable. Nous avons vécu le bonheur d’un peuple qui a reconquis la liberté. Mais toute reconquête a son prix à payer et nous l’avons payé, et nous avons enseveli nos enfants. Cette insurrection qui a rouvert les portes nouvelles sur toute chose, porte en elle-même toute la charge de la ferveur fraternelle qui a toujours fondé le socle solide de notre peuple. Cette insurrection portait en elle la générosité et pendant ces deux journées de notre colère, le peuple en a fait le matin de son propre jour. Et les Burkinabè riches de leur générosité envers leurs propres fils ne pourraient voir dans l’indifférence, sous leurs yeux, les souffrances d’un certain groupe social. Ces policiers révoqués en 2011, nous ne connaissons même pas leur nombre, ni ne pouvons mettre un nom sur un visage. Mais on n’a pas besoin de connaître un homme pour savoir que son fardeau est lourd à porter. Nous savons que leurs souffrances sont multipliées par le nombre de familles concernées, et ces familles sont nombreuses qui ploient sous le poids de la misère. Il en a été ainsi des enseignants révoqués en 1984… «La pluie d’hier a emporté avec elle le froid qui l’accompagnait ».
Monsieur le Président,
Au nom de cette insurrection en laquelle nous avions investi toute notre âme, nous vous demandons de faire rouvrir le dossier de ces policiers révoqués en 2011, car assurément, les critères de jugement de certains actes commis en 2011 dans des circonstances particulières, pourraient ne plus correspondre aujourd’hui à la nature des sanctions encourues. Et puis, ne sait-on jamais, au cas où des innocents ont pu faire partie du groupe, ce serait une méprise terrible! «Or, pour un seul innocent, tout le groupe pourrait être sauvé» !
Je voudrais vous rassurer, Monsieur le Président, de mes respectueuses considérations. »
Ouagadougou, le 2 septembre 2015.
Un cadet du 3e âge