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LEVEE DE L’IMMUNITE PARLEMENTAIRE DE AGBEYOME KODJO AU TOGO


En deux temps trois mouvements, les députés togolais ont levé, le 16 mars dernier, à une large majorité de 80 voix sur 90 dont huit abstentions, l’immunité parlementaire de Gabriel Agbeyomé Kodjo accusé de troubles aggravés à l’ordre public, dénonciations calomnieuses et atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat. L’ancien Premier ministre de Gnassingbé père, proclamé deuxième, derrière le chef de l’Etat, à la présidentielle du 22 février dernier dont il ne cesse de revendiquer la victoire, perd ainsi son bouclier contre les poursuites judiciaires que ses pairs élus nationaux ont autorisé le Procureur de la République à engager contre lui. En rappel, au lendemain du scrutin présidentiel, celui qui a aussi occupé le perchoir avant de devenir opposant, s’était proclamé vainqueur et avait même invité le chef de l’Etat à la première dévolution démocratique du pouvoir dans son pays. Et c’est ce qui lui vaut les déboires judiciaires d’aujourd’hui. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette levée de l’immunité parlementaire du candidat du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD) n’est pas étonnante. Du reste, comment pouvait-il en être autrement dans une Assemblée nationale monocolore largement acquise à la cause du chef de l’Etat, suite au boycott des législatives de décembre 2018 par les principaux partis de l’opposition ? Mais Faure avait-il besoin de ça ? A-t-il encore besoin de bander les muscles face à un candidat malheureux dont les recours ont été rejetés et qui n’a plus aucune chance de renverser des résultats entérinés par la Cour constitutionnelle ? Quoi qu’il en soit, pour un scrutin qui était déjà plié, en s’acharnant de la sorte contre l’opposant et candidat malheureux dont les cris d’orfraie ne sont pas loin de s’éteindre d’eux-mêmes dans les flots de la lagune de Bè, Faure se paie une mauvaise publicité dont il aurait pu se passer.

Pour quelqu’un qui briguait un quatrième mandat, Faure ne pouvait que rendre une pâle copie de la démocratie qu’il prétend défendre dans son pays

Car, l’empressement de la Commission électorale à proclamer sa victoire dans les conditions que l’on sait, n’a pas été sans semer le doute dans certains esprits. Et ce, au-delà même du Togo. C’est pourquoi cette levée de l’immunité parlementaire de l’opposant, peut paraître, aux yeux de certains observateurs, comme une cabale judiciaire en préparation, pour éteindre toute contestation. D’autant que jusque-là, les Togolais sont restés impassibles à l’appel de l’opposant à défendre sa victoire, et ne montrent pas non plus d’enthousiasme à suivre son parrain, Monseigneur Philippe Kpodzo, dans sa volonté de mourir en martyr pour son filleul. Si ce n’est pas un signe de résignation, cela y ressemble fort. Et cela devrait interpeller le chef de l’Etat togolais.  De quoi alors Faure a-t-il encore peur ? Lui seul pourrait répondre à cette question. En attendant, ce n’est pas en donnant le sentiment d’instrumentaliser la Justice contre un adversaire déjà vaincu, qu’il rendra sa réélection beaucoup plus propre et plus crédible aux yeux de certains observateurs. Surtout avec le score stalinien qui semble avoir été taillé sur mesure. Au contraire, cela ne fera qu’assombrir une victoire aux fortes exhalaisons de fraude, dans une élection qui aura été loin de donner toutes les garanties de transparence et d’équité. Pour quelqu’un qui briguait un quatrième mandat, Faure ne pouvait que rendre une pâle copie de la démocratie qu’il prétend défendre dans son pays. En tout état de cause, il se tromperait encore plus lourdement s’il s’en prenait au vieil archevêque de Lomé qui, après avoir subi plus d’un demi-siècle de dictature des Gnassingbé, semble mener le dernier combat de sa vie, pour une cause qui, on le sait, a visiblement peu de chances d’aboutir.

Outélé KEITA


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