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LIBERALISATION DU SECTEUR DE L’ENERGIE : Pourvu que le consommateur y trouve son compte !


 

Le Conseil des ministres, en sa séance ordinaire du mercredi 4 juillet dernier, a adopté un décret lié au secteur de l’énergie. Ce décret consacre la libéralisation, pour résumer les choses, de ce secteur. Cette mesure a pour objectif, selon le gouvernement, d’améliorer l’offre et l’accès à l’énergie. Désormais donc, et à l’image de la téléphonie mobile, le privé est autorisé à produire et à distribuer l’énergie. En rappel, depuis que le pays est indépendant, ce rôle était joué exclusivement par l’Etat, par le biais de la SONABEL (Société nationale burkinabè d’électricité). Le constat de ce demi-siècle de production et de distribution de l’énergie par cette structure, est tout simplement un désastre. En tout cas, les Burkinabè des villes comme des campagnes, en ont vu des vertes et des pas mûres avec la SONABEL. Et pour cause. Du point de vue d’abord de la couverture de l’ensemble du territoire, la SONABEL est loin d’avoir réalisé une performance. Les statistiques font état de moins de 3% d’accès en milieu rural et de 20% en milieu urbain. Et en ce début du 21e siècle, ces chiffres doivent faire pleurer les Burkinabè. Car ils traduisent l’état d’arriération de notre pays. Personne ne doit en être fier pour autant que l’on ait un minimum d’amour pour le pays. Et tous ceux qui n’ont de cesse d’encenser les différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays, notamment les adorateurs de Blaise Compaoré, doivent avoir le sens de la mesure. Car, en 27 ans de pouvoir, son bilan en matière de politique énergétique, s’apparente à un fiasco. Résultat, en matière d’accès à l’énergie, le Burkina est loin, très loin derrière certains pays de la sous-région. Et personne n’a le droit de célébrer les échecs.  Le deuxième motif d’insatisfaction de la gestion de la SONABEL, est lié à la qualité du service rendu. En effet, les coupures intempestives d’électricité et les délestages sont devenus pratiquement la norme de cette société. Et à chaque fois que cela intervient, ce sont les mêmes justifications qui sont servies. Soit c’est une panne qui a été constatée à Pa, soit c’est la partie ivoirienne qui a été défaillante.

La libéralisation pourrait être un début de solution

Un pays qui a de grandes ambitions pour son peuple, ne doit pas fonctionner de cette façon. Le troisième motif d’insatisfaction est lié au coût du kilowatt. Les Burkinabè ploient sous le prix du kilowatt. Aujourd’hui et depuis toujours, le Burkina détient pratiquement le premier rang des pays africains où l’énergie est chèrement payée par les populations. C’est tous ces éléments mis ensemble, qui expliquent en partie la non- compétitivité des entreprises installées sur le sol burkinabè, la qualité de vie médiocre des populations et, d’une certaine façon, la léthargie économique que traverse le pays.
L’on ne doit pas non plus oublier le fait que la SONABEL a longtemps traîné la tare suivante : celle d’avoir été la vache à lait pour le régime Compaoré, si fait qu’elle a été incapable de dégager des bénéfices pour l’investissement. Toutes ces raisons ont dû militer pour qu’au haut niveau, on ait perçu l’impérieuse nécessité de repenser les choses. Et les Burkinabè, dans leur écrasante majorité, pourraient, a priori, saluer cette mesure car la SONABEL, de toute évidence, n’a pas été à la hauteur de leurs attentes. Cette libéralisation pourrait être un début de solution à la sempiternelle question de l’énergie. Et on l’a vu, avec la libéralisation du secteur de la téléphonie mobile. Aujourd’hui, les Burkinabè ont eu la latitude de mesurer la différence qui existait entre l’avant-libéralisation et l’après. Franchement, même avec les défaillances que l’on constate chez les uns et les autres, l’on peut prendre le risque de dire que les choses ne sont pas pires qu’avant la libéralisation de ce secteur. En tout cas, en ce qui concerne la libéralisation du secteur de l’énergie, l’essentiel est que le consommateur y trouve son compte. Mais, pour cela, l’Etat doit veiller à ce que le compétition se fasse de façon saine. Il doit également mettre un point d’honneur à ce que les structures privées qui seront intéressées par la question, respectent scrupuleusement le cahier des charges de sorte à garantir l’intérêt de l’Etat et celui des consommateurs. Car, dans le passé, l’on a assisté à des libéralisations tous azimuts de secteurs d’activités qui se sont révélées comme une catastrophe pour les Burkinabè.
La vigilance de la société civile et de l’Etat est requise pour que le plus grand gagnant de cette libéralisation, soit le consommateur et partant, le Burkina Faso.

Sidzabda


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