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LIBERATION DE CONTRE BOBI WINE


 L’os était trop gros pour la gorge de Museveni

La Cour martiale ougandaise a abandonné, le 23 août 2018, les charges qui pesaient sur le député, musicien, Bobi Wine, mis aux arrêts le 13 août dernier pour possession illégale d’arme à feu.  Il a été libéré, hier, 27 août 2018. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’abandon des charges contre l’artiste Bobi Wine est un ouf de soulagement pour tous les défenseurs des droits de l’Homme et plus particulièrement le monde du show-biz qui s’était mobilisé comme un seul homme pour exiger sa libération. Ce qui fait dire à certains que même les satrapes sont aussi capables de bonnes œuvres. Toutefois, il faut y mettre un bémol. Car le pouvoir ougandais n’a relaxé Bobi Wine ni pour  ses beaux yeux, ni par magnanimité encore moins  de gaieté de cœur. C’est parce qu’il y était contraint. En effet, l’homme est très populaire en Ouganda mais aussi bien apprécié à l’étranger.  Si fait que dès son arrestation, il y a eu une mobilisation tous  azimuts pour réclamer sa libération immédiate. En plus des concerts, il y a eu une pétition signée de nombreuses personnalités à travers le monde. A cela, s’ajoute l’intervention de personnes célèbres comme les musiciens Femi Kuti du Nigeria, Toumani Diabaté du Mali, Angélique Kidjo du Bénin, l’écrivain nigérian Wole Soyinka sans oublier les réseaux sociaux qui se sont enflammés pour la circonstance. Face donc à cette pression, le pouvoir ougandais n’avait pas d’autre choix que de courber

l’échine. Il s’est rendu compte qu’il gagnait plus à libérer l’activiste qu’à le maintenir en prison. Bobi Wine est le chouchou des jeunes. Et s’attaquer à ce dernier, c’est s’aliéner la sympathie de ces jeunes. Or, la jeunesse  représente plus de la moitié de l’électorat en Ouganda.

Bobi Wine n’est pas Kizza Besigye

Et cela, Yoweri Museveni qui dirige son pays d’une main de fer depuis plus d’un quart de siècle, le sait mieux que quiconque.  Bobi Wine n’est pas Kizza Besigye, l’autre poil à gratter de Yoweri Museveni, qui a maintes fois été jeté en prison. En tout cas, on ne s’attaque pas à un artiste d’une telle envergure  comme on s’attaque à un homme politique. Et Yoweri Museveni l’aura appris à ses dépens. L’os était trop gros pour sa gorge.

Ce député, on le sait, est un caillou dans les souliers du dictateur, dont il a voulu coûte que coûte se débarrasser. Il n’est donc pas exclu que l’arrestation de Bobi Wine ait été opérée pour des raisons politiques plutôt que celles qu’on a servies au peuple. Si la mobilisation a été si forte, c’est parce que bien des gens étaient convaincus de la justesse du combat que mène Bobi Wine.  Toutefois, ce  que l’on pourrait déplorer dans cette affaire, c’est la timide réaction de l’opposition ougandaise. Car, on ne l’a pas vue au-devant de la scène  pour défendre bec et ongles la cause du député. Or, ce combat était aussi le sien. Du reste, au-delà de la prétendue recherche de justice, la volonté réelle de Yoweri Museveni était de faire taire un opposant qui dérange.       Si dans ce XXIe siècle, Yoweri Museveni continue de considérer  son pays comme sa « bananeraie », c’est bien grâce au silence coupable des

Occidentaux. Yoweri Museveni a certes réussi à stabiliser son pays durant ces 

30 dernières années, mais est-ce suffisant pour lui donner le blanc-seing ? Assurément, non. Quid des dirigeants de la sous-région qui ont aussi brillé par leur silence assourdissant face à cette affaire  ? Mais pouvait-il en être autrement quand on sait qu’eux aussi ne sont pas mieux lotis que Museveni en matière de respect des valeurs démocratiques et des droits de l’Homme ? En tout cas, un président comme Joseph Kabila, par exemple, est mal placé pour donner des leçons à son voisin Museveni.

Dabadi ZOUMBARA 

   


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