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 LIBERATION DE JEAN-PIERRE BEMBA


C’est le contraire qui aurait étonné

Après une décennie passée dernière les barreaux, Jean-Pierre Bemba doit enfin respirer l’air de la liberté. Ainsi en ont décidé, hier 12 juin 2018, les juges de la Chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) qui l’ont acquitté des charges de « crimes de guerres » et de « crimes contre l’humanité », estimant que la responsabilité de l’ancien vice-président congolais dans les atrocités perpétrées par sa milice en Centrafrique, n’a pas été prouvée par l’accusation. Les juges de la CPI voudraient se mettre la pression qu’ils ne s’y prendraient pas autrement puisque, sitôt après l’annonce de son acquittement, le 8 juin dernier, les avocats de la défense avaient exigé la libération illico presto de leur client. « Jean Pierre Bemba aurait dû être libéré immédiatement », fulminait l’un de ses avocats devant les hommes de médias, ce jour-là à la Haye. En tout cas, contexte oblige, l’audience d’hier a été ajoutée à l’ordre du jour de la Cour qui siège pour discuter de la libération de l’ancien seigneur de guerre congolais.
A priori, rien ne s’opposait à l’élargissement du patron du Mouvement de libération du Congo (MLC), sauf que celui-ci avait été condamné dans une affaire annexe en mars 2017, pour subornation de témoins où un nouveau procès a été ordonné en appel. Toutefois, à y regarder de très près, on savait que les jours de Jean Pierre Bemba à La Haye étaient désormais comptés.
La remise en liberté provisoire de Bemba ne sera pas perçue d’un bon œil à Kinshasa

« Sa libération est quasiment actée », indiquait un juriste en droit international spécialisé dans les pays africains, Thijs Bouwknegt, interrogé par Jeune Afrique, qui ajoutait qu’il s’agissait « d’une simple opération mathématique : la peine maximale encourue par Bemba dans l’affaire annexe d’atteinte à l’administration de la Justice, est de cinq ans, soit une durée bien plus faible que le temps déjà passé en détention ». En tout cas, au stade où l’on en est, seul le contraire aurait étonné. Car pour avoir passé dix ans en détention, il n’y a aucun risque que Jean Pierre Bemba prenne la fuite, étant donné que la peine maximale encourue pour subornation de témoins est de cinq ans et dans le cas d’espèce, il ne lui reste que trois à quatre mois, s’il venait à être effectivement condamné. L’autre raison qui militait en faveur de la libération de Bemba, c’est que celui-ci, poursuivi pour avoir voulu empêcher l’administration de la Justice, ne prendrait pas le risque d’en rajouter en travaillant à faire obstacle à la manifestation de la vérité. On comprend dès lors pourquoi la Cour l’a astreint à certaines obligations, notamment « s’abstenir de faire des déclarations politiques sur cette affaire, de ne pas changer d’adresse sans préavis, de ne contacter aucun témoin dans cette affaire, de se conformer pleinement à toutes les ordonnances dans cette affaire et de se rendre immédiatement aux autorités compétentes si la Chambre de première instance l’exigeait ». Toujours est-il que la remise en liberté provisoire de Bemba ne sera pas perçue d’un bon œil à Kinshasa où Kabila fait des pieds et des mains pour rebeloter.

B.O


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