HomeA la uneLIBERATION DE JEUNES FILLES DE DAPCHI : Buhari a-t-il changé son fusil d’épaule ?

LIBERATION DE JEUNES FILLES DE DAPCHI : Buhari a-t-il changé son fusil d’épaule ?


On se croirait face à la chaîne télévisée Nollywood où sont généralement diffusés des feuilletons avec des acteurs dont la plupart sont d’origine nigériane. Et pourtant, il ne s’agit pas d’une fiction, mais tout simplement d’une réalité. Les jeunes filles enlevées le 19 février à Dapchi, au Nigeria, ont été retrouvées. Elles ont été ramenées, le 21 mars 2018, devant l’école où elles avaient été enlevées, par leurs ravisseurs qui sont aussitôt repartis tranquillement. A l’heure où nous tracions ces lignes, il était difficile de dire avec précision le nombre de filles libérées, mais les sources officielles parlent de 101 sur 110 étudiantes ; les autres manquant à l’appel, dit-on, ayant trouvé la mort au cours de leur captivité. Certes, le président nigérian, Muhammadu Buhari, a tenu parole en réussissant là où son prédécesseur  Goodluck Jonathan avait échoué. Mais tout de même, on en vient à se poser une question : Y a-t-il eu paiement de rançon ? On est tenté de répondre par l’affirmative, au regard de la célérité avec laquelle s’est faite cette libération. On est d’autant plus fondé à penser ainsi qu’aucun élément des forces de défense et de sécurité nigérianes n’était sur place lorsque les islamistes insurgés ramenaient leurs otages devant leur école. N’est-ce pas là le résultat d’un accord passé entre les autorités nigérianes et les éléments de Boko Haram, qui voulait que soit tenu éloignées les forces armées nigérianes au risque de compromettre la libération des écolières ? En tout cas, on veut bien croire à la magnanimité de Boko Haram, mais on ne comprend pas pourquoi les jeunes filles de Dapchi, enlevées il y a un peu plus d’un mois, peuvent être libérées alors que celles de Chibok, kidnappées depuis près de 4 ans, sont encore détenues par leurs ravisseurs.

Quand on pactise avec le diable, on ne peut pas être à l’abri des surprises désagréables

C’est la preuve, pour ceux qui en doutaient encore, qu’il y a anguille sous roche. Ainsi que nous l’écrivions dans un de nos éditoriaux, le président Buhari, voyant sa réélection compromise, a sans doute voulu éviter toute complication en crachant au bassinet. N’avait-il pas, du reste, annoncé la couleur en déclarant, naguère, qu’il allait négocier avec les preneurs d’otages ? Certes,  en le faisant, il a obtenu en contrepartie la libération des captives, à la grande satisfaction de leurs familles. Toute chose qui le grandit politiquement. Mais le revers de la médaille, c’est qu’il contribue ainsi à renforcer la capacité de nuisance d’un adversaire pour le moins redoutable, qui ne sait pas faire dans le sentiment.  Comme quoi, en politique, tous les moyens sont bons pour parvenir à sa fin. Car, qui eût cru que Buhari qui avait axé sa compagne sur la lutte contre le terrorisme au Nigeria, ce qui lui a permis d’accéder à la magistrature suprême, accepterait de se compromettre avec Boko Haram ? De toute évidence, maintenant que le vin est tiré, Buhari se doit de le boire jusqu’à la lie. Car, quand on pactise avec le diable, on ne peut pas être à l’abri des surprises désagréables.

B.O  


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