LIBERATION DE L’EX-PRESIDENT ROCH KABORE : Forte affluence à son domicile à la patte d’oie
Le gouvernement de la transition, dans un communiqué en date du 2 juillet 2022, réaffirmait la libération totale de l’ancien Chef d’Etat, Roch Marc Christian Kaboré qui était en résidence surveillée et limité dans ses mouvements depuis l’avènement du coup d’Etat du 24 janvier dernier. Devant son domicile dans le quartier Patte-d’oie à Ouagadougou, hier 6 juillet 2022, nous avons constaté que l’ancien président reçoit des visites de ses parents, collaborateurs, amis et militants de son parti, Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).
C’est une foule immense, accompagnée de mouvements de véhicules qui faisaient des va-et-vient devant la concession de l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré. Des claquements de doigts par-ci, des accolades par-là, plus loin, des fous de rire qui se faisaient entendre au sein des petits groupes qui se formaient au fur et à mesure que le temps passe. Des présidents de partis, des anciens députés de l’assemblée nationale, des militants du parti le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), quelques membres d’association sont aussi présents. Un dispositif sécuritaire dressé, deux personnes habillées en civil, portant des verres noirs avec des talkie-walkie à la main chacun. A quelques mètres d’eux, un autre jeune, la trentaine bien sonnée, aussi en tenue civile est assis sur une chaise avec une table devant lui. Ce dernier est chargé de garder le matériel des visiteurs en attendant leur sortie. Toujours devant la concession, un autre, aussi en tenue civile, est chargé de la fouille et la vérification des personnes qui ont accès au président. Pendant que nous prenons la température des lieux, pour savoir qui fait quoi et à qui nous adresser, soudain un monsieur habillé en Faso Danfani, teint noir mesurant environ 1 m 80, avec son calepin en main s’approche d’un groupe de personnes qui étaient assises sous un grand hangar juste devant l’entrée principale de la concession et leur demander : « Tous les membres de l’Alliance des partis politiques de la majorité (APMP) sont présents ? Nous pouvons vous annoncer ? Je pense que c’est d’ailleurs mieux que vous preniez place dans la cour ».
« Si le président Roch ne se portait pas bien, nous serions sortis en larmes après la visite »
Au sein de ce groupe, on pouvait noter la présence de l’ancien ministre de l’Habitat, Me Bénéwendé Sankara, de celui des Transports Vincent Dabilgou, Zéphirin Diabré et bien d’autres. Et avant que les membres de l’APMP lui répondent, un groupe de jeunes avançait pour signaler leur présence. Ce groupe n’est rien d’autre que la coordination des organisations pour la libération de Roch Kaboré. A ce groupe, le monsieur toujours en Faso Danfini, fait des gestes, juste pour leur dire de patienter que leur tour n’est pas encore arrivé. Les consignes sont claires, a fait savoir le monsieur en Faso Danfani aux différents visiteurs : « Chacun doit laisser tout ce qui est matériel, sac, téléphone portable, calepin…, vous ne devez rien amener dans la cour ni dans la salle d’audience du président». Environ 30 minutes d’attente, voilà quelques têtes du parti MPP dont Alassane Bala Sakandé, Clément Sawadogo, etc. Difficile de leur arracher quelques mots. Chacun à son tour disait que ce n’était pas le moment de parler et qu’ils vont organiser une rencontre avec la presse pour donner leur point de vue sur la libération totale du président et son état d’esprit après sa libération. Dans un ton ironique, Bala Sakandé laisse entendre ceci :« Si le président Roch ne se portait pas bien, nous serions sortis en larmes après la visite ». L’ancienne ministre de la Femme et de la solidarité nationale et de l’action humanitaire Laurence Marchal/Ilboudo, qui était aussi de la délégation de l’APMP nous confie que l’ancien président Roch Kaboré se porte bien et qu’ils l’on trouvé dans un esprit positif. « Roch Kaboré comme d’habitude est quelqu’un qui pense que nos intérêts et nos égaux ne doivent pas passer devant le pays. Il nous a dit de regarder le plus important et de ne pas rester sur nos blessures et nos frustrations, mais de regarder devant pour construire le pays », a-t-elle dit. Elle dit être heureuse de voir l’ancien président et de l’entendre parler. Après quelques minutes de négociation, pour qu’à notre tour nous puissions aussi avoir accès à l’ancien président Roch Kaboré, le monsieur en Faso Danfani est catégorique : l’ordre a été donné de recevoir les militants, les amis, les parents et les collaborateurs, mais pas les journalistes pour le moment. « Peut-être qu’avec le temps vous serez reçus mais, pour le moment, contentez vous du constat et de l’ambiance qu’il y a devant la concession et repartez dans vos rédactions. Il y a un calepin qui est disponible pour que vous vous inscriviez, et après si possible on vous contactera pour la visite », nous a-t-il confié avant de s’éclipser.
Valérie YAMEOGO/ TIANHOUN
Des propos de quelques membres du MPP
Juliette Congo, ancienne député à l’AN
« La question que je me posais depuis l’arrestation de Roch Kaboré était pourquoi on le retenait. Qu’il soit libre de ses mouvements et en mesure de recevoir ses familles, ses amis et ses collaborateurs et les militants de son parti, cela est une grâce, car il y a de ces présidents qui n’ont pas eu la chance de vivre après un coup d’Etat. Mon action de grâce à Dieu est la vie préservée du président et je demande aux mannes de nos ancêtres de protéger le Burkina, parce que le président Roch a fait ce qu’il pouvait faire. Il a donné de sa vie pour que le pays puisse rester debout. Ce n’est pas la faute au président s’il travaillait avec des traitres, malheureusement, il ne savait pas que ceux à qui il faisait confiance n’étaient rien d’autres que des traitres. Il pensait que ces derniers étaient des Burkinabè qui avaient la capacité de l’aider et relever le défi de la sécurité. C’est malheureux que des jeunes à qui le président a fait confiance soient capables de vendre la vie de leurs compatriotes pour un quelconque intérêt. Ils ont profité de la confiance du président Roch qui leur a confié des postes de responsabilité pour le poignarder dans le dos. Je me demande c’est quelle haine ceux-ci avaient contre le président pour le faire subir de telles atrocités. Et le hic est que depuis qu’ils ont pris le pouvoir, tous les jours que Dieu fait, il y a des morts. S’ils sont incapables de jouer leur rôle, il ne faut pas qu’ils viennent mettre le piment dans nos yeux et l’acide sur les cordes. Le sang innocent versé des Burkinabè sera la récompense du président Henri Damiba, par rapport à ce qu’il a fait pour le Burkina. Le président Roch n’a pas besoin de compassion, parce qu’il est un roc, et je vais toujours m’aligner dans sa direction pour le combat pour les ambitions communautaires. »
Désiré Ginko, porte-parole de la coordination des organisations pour la libération du président Roch Kaboré
« Le président Roch est en pleine forme et est dans un esprit solide. Nous disons merci à Dieu pour sa protection. Nous saluons toutes les personnes et entités qui ont œuvré à l’atteinte de nos objectifs. Nous sommes venus lui dire que nous lui restons fidèles. C’est un combat que nous avons mené pour sa libération et comme il est maintenant libre, le combat va s’arrêter. Mais nous demandons à tous les Burkinabè de rester éveillés pour la question de la promotion des droits humains et des libertés ».
V.Y/T.