LIBERATION DE OLIVIER DUBOIS : Un ouf de soulagement !
Après près de deux ans de captivité, le journaliste français, Olivier Dubois, a été libéré et remis aux autorités françaises au Niger. Le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans de Iyad Ag Ghali qui l’avait kidnappé le 8 avril 2021 à Gao au Mali, a-t-il été visité par le Saint- esprit en cette période du carême chrétien ? Ou bien y- a-t-il eu versement de rançon ? Si, pour l’heure, les conditions de sa libération n’ont pas été communiquées, on sait au moins que plusieurs acteurs ont œuvré pour qu’il recouvre la liberté, en l’occurrence les autorités françaises, maliennes et nigériennes, sans oublier les membres de sa famille et les nombreux anonymes dont l’action n’a pas compté pour du beurre. Olivier Dubois, faut-il le souligner, était le dernier otage français détenu dans le monde. C’est dire si sa libération est un véritable ouf de soulagement pour l’Hexagone, mais aussi pour l’ensemble des personnes dont les efforts ont permis de le libérer des griffes de l’hydre terroriste. C’est aussi, et c’est peu de le dire, un grand coup pour le Niger de Mohamed Bazoum qui vient de réussir un exercice délicat comme l’a, du reste, reconnu le désormais ex-otage. On se rappelle que la sœur Suellen Tennyson, kidnappée en avril 2022 au Nord du Burkina, avait été aussi libérée en août de la même année au Niger. Preuve, s’il en est, que Bazoum prend du galon en matière de libération d’otages même si l’on sait que pour ce dernier cas, l’action des forces spéciales américaines avait été décisive dans la libération de la religieuse. Cela dit, si le Niger semble devenu une terre de liberté pour des otages, il faut craindre qu’il ne serve plus tard de base arrière aux terroristes.
Maintenant que la France n’a plus d’otage au Sahel, quelle sera dorénavant sa posture dans la lutte contre le terrorisme ?
Une telle situation rendrait le Niger plus vulnérable. Si le Burkina est devenu aujourd’hui un foyer incandescent, cela est dû en partie au fait qu’alors président, Blaise Compaoré, pour s’illustrer en libérateur incontesté d’otages au Sahel, avait flirté avec des terroristes de tout acabit, oubliant qu’il exposait ainsi son peuple à l’ogre insatiable. Cela dit, il faut féliciter le Niger parce qu’il aura réussi là où certains pays ont échoué surtout qu’en plus du journaliste Dubois, l’humanitaire américain Jeffery Woodke, enlevé en octobre 2016, a aussi été libéré par la même occasion. Cette libération des otages français et américain montre à bien des égards qu’il faut parfois savoir manier la carotte et le bâton. Comme on le dit, lorsque vous avez votre main dans la gueule du loup, mieux vaut l’amadouer parce que vous pouvez perdre cette main. Maintenant que la France n’a plus d’otage au Sahel voire dans le monde, quelle sera dorénavant sa posture dans la lutte contre le terrorisme ? Si elle avait donné l’impression de plier bagage, notamment au Sahel où les populations sont de plus en plus hostiles à la présence de ses forces, force est de constater qu’elle n’est pas prête à quitter le sol africain. Il lui appartient donc de convaincre les populations du Sahel par des actes concrets, qu’elle peut mieux faire dans la traque des terroristes. Cela dit, si cette libération d’otages constitue une bonne nouvelle pour les pays du Sahel, elle est aussi le signe que les frontières de ces pays restent poreuses. Car, si les ravisseurs ont pu franchir les frontières du Mali, du Burkina pour finalement se retrouver au Niger où les otages ont été libérés, c’est que le Sahel reste un vaste territoire à sécuriser davantage. Autant dire que les armées de cette région gagneraient à garder davantage l’arme au pied.
Dabadi ZOUMBARA