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LIBERATION DE TERRORISTES AU MALI  


En dehors de toute communication officielle des autorités maliennes, le nombre des terroristes libérés en monnaie d’échange contre la probable remise en liberté des otages détenus par les groupes armés au Mali, en l’occurrence le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé et l’humanitaire française, Sophie Petrona, est resté mouvant. Alors que certaines sources estiment à une centaine le nombre de prisonniers élargis, d’autres avancent plutôt le double. Et à ce que l’on dit, parmi ces pensionnaires des geôles de Bamako et de Mopti que l’on a relâchés dans la nature, on compte certains auteurs des attaques terroristes qui ont été perpétrées dans la sous-région.  En attendant des explications officielles émanant de l’Exécutif malien sur cette libération qui donne des démangeaisons aux mouvements des droits de l’Homme qui crient à l’impunité et à la violation des droits des victimes, on peut se poser la question suivante : que cache ce geste des nouvelles autorités maliennes et quel impact peut-il avoir sur toute le bande sahélo-saharienne qui est en proie aux exactions des groupes armés ? 

 

 

On peut craindre une recrudescence de l’insécurité dans toute la bande sahélo-saharienne

 

 

Pour répondre à la première partie de la question, l’on peut penser d’abord que les nouvelles autorités veulent marquer un coup d’éclat en réussissant là où le président déchu, Ibrahim Boubacar Kéita, n’avait fait que balbutier son « bambara ». En effet, si les illustres otages dont on avance les noms dans le dossier, venaient à recouvrer la liberté suite à cette décision des nouvelles autorités du pays, cela serait gravé en lettres d’or dans les annales d’histoire du Mali avec pour effet immédiat, l’augmentation de la cote de sympathie du nouveau pouvoir. Et quand on sait que ce dernier, à défaut de la légalité républicaine, est en quête d’une légitimité populaire, on peut dire, sans risque de se tromper, qu’il aura fait au premier essai un coup de maître si le processus aboutit aux résultats escomptés. Au passage, les nouvelles autorités pourraient s’attirer les bonnes grâces de la France qui, on le sait, attache un grand prix à la vie et à la libération de ses fils détenus dans le désert saharien. Ensuite, on peut se demander si cet échange de prisonniers ne marque pas une rupture dans la conduite de la lutte contre les groupes armés au Mali. On sait, en effet, que vers la fin du pouvoir du président IBK, de plus en plus de voix s’étaient élevées pour demander que l’on change de fusil d’épaule dans le combat contre les terroristes en s’essayant au dialogue avec eux.  Cela dit, on peut se demander si cette libération de terroristes n’aura pas l’effet d’un boomerang pour le Mali et même pour toute la sous-région. On peut en effet craindre une recrudescence de l’insécurité dans toute la bande sahélo-saharienne, quand on sait que les terroristes que l’on a relâchés dans la nature, ne sont pas des repentis.

 

 

Il y a du pain sur la planche

 

 

 Il faut s’attendre à ce qu’ils aillent se faire de nouvelles forces pour revenir semer la mort et la désolation dans toute la sous-région. Les craintes en la matière peuvent être décuplées avec les enjeux électoraux actuels dans la plupart des pays de la région. Autre interrogation : cet élargissement des terroristes ne sera-t-il pas perçu comme une prime d’encouragement pour les rapts et autres enlèvements par leurs états-majors ? Il est en tout cas certain qu’il aura pour effet de mettre la pression sur les gouvernements dont des ressortissants sont détenus par les groupes terroristes et qui, jusque-là, se sont refusés à toute négociation avec les ingénieurs du mal.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que toutes ces inquiétudes sont symptomatiques des difficultés qui attendent le gouvernement de Moctar Ouane qui aura tenu, soit dit en passant, toutes ses promesses de couleurs. Les militaires, comme cela se susurrait de longue date, se sont taillé la part du lion en occupant presque tous les portefeuilles stratégiques, en l’occurrence la Défense, la Sécurité et l’Administration territoriale. Le Mouvement du 5 Juin et les groupes armés du Nord sont les autres composantes de ce gouvernement qui comprend aussi d’illustres personnalités sans parti pris, mais qui brillent par leur technocratie. Mais quel que soit le bord, ce qui urge maintenant, c’est de mettre la main à la pâte et d’aller surtout au charbon non seulement à cause du temps déjà perdu, mais surtout à cause de l’immensité des défis à relever et dans un temps relativement bref. Parmi ces défis, il y a naturellement celui de la sécurité dans un pays sous partition et aux 3/4 occupé par les groupes armés. Il faut aussi noter la préparation des élections qui doivent être transparentes et inclusives de façon à être acceptées de tous pour éviter le retour des vieux démons. En outre, il faut poser les fondations du « Mali nouveau », débarrassé de toutes les scories de la mauvaise gouvernance dont le régime d’IBK aura ravi toutes les palmes. Enfin, il faudra apporter des réponses à la grave crise sociale que traversait le pays avec notamment la fronde sociale dans l’enseignement et dans la santé. Il y a donc du pain sur la planche.

« Le Pays »

 

 


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