LIBERATION DE THOMAS LUBANGA
L’ex-milicien congolais, Thomas Lubanga, respire désormais l’air de la liberté. Il a quitté la prison de Makala à Kinshasa, le 15 mars dernier et ce, après avoir purgé une peine de 14 ans de prison dont 9 ans à La Haye et 5 ans dans son pays. Faut-il le rappeler, Thomas Lubanga est le deuxième seigneur de guerre congolais libéré par la Cour pénale internationale (CPI), Jean-Pierre Bemba ayant recouvré la liberté. Tout comme ce dernier, Thomas Lubanga compte désormais se lancer dans la politique, puisque son mouvement, l’Union des patriotes congolais (UPC), s’est mué en parti politique. Après 14 ans derrière les barreaux, Thomes Lubanga s’est-il assagi ? La question reste posée. Car, tout laisse croire que non, puisque cet ex-chef de guerre ne reconnaît toujours pas les faits à lui reprochés, à savoir l’utilisation d’enfants comme soldats de guerre dans les années 2000. Certes, l’homme s’est rendu, illico presto, après sa sortie de prison, à la paroisse Notre-Dame-de-Fatima. Mais il ne s’est pas agenouillé aux pieds du Christ pour qu’il l’absolve de ses péchés mais plutôt pour implorer, dit-il, sa clémence pour ceux qui l’ont envoyé derrière les barreaux.
On se demande à quoi auront servi finalement les 14 années de privation de liberté si Thomas Lubanga reste insensible à la douleur de ses victimes
C’est dire si Thomas Lubanga ne regrette pas ses actes. L’on comprend donc la colère des victimes dont certaines portent toujours des séquelles. Il faut d’autant plus s’alarmer sur le sort de ces dernières que leur indemnisation est en passe de devenir une arlésienne. Thomas Lubanga ayant été jugé indigent par la CPI, c’est le fonds pour les victimes qui devrait casquer les dix millions de dollars décidés à cet effet pour assurer les réparations civiles. Mais jusqu’à ce jour, ce fonds n’a pu allouer que 4,3 millions de dollars. Quelle misère pour les victimes qui devraient se contenter d’excuses publiques de la part de Thomas Lubanga En tout cas, en attendant l’indemnisation totale, les victimes continueront de broyer du noir. L’on se demande à quoi auront servi finalement les 14 années de privation de liberté si Thomas Lubanga, droit dans ses bottes, reste insensible à la douleur de ses victimes. Comment cet ex-rebelle compte-t-il réussir sa réinsertion sociale en continuant de narguer ses victimes? Thomas Lubanga doit se rendre à l’évidence que sa posture risque fort de le desservir. Mais qu’il se le tienne pour dit, le mensonge a beau courir, la vérité finit toujours par le rattraper. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas reconnu un crime qu’on est pour autant blanc comme neige.
Dabadi ZOUMBARA