LIBERTE DE LA PRESSE. : Le Burkina montre la voie à suivre
Comme les années antérieures, la Journée mondiale de la liberté de la presse est célébrée, cette année, le 3 mai, c’est-à-dire aujourd’hui. Une journée à l’occasion de laquelle Reporters Sans Frontières (RSF) fait le bilan de santé de la presse dans le monde en procédant au classement des pays selon leur niveau d’égards vis-à-vis de cette liberté sacrée, tant elle est inhérente à la démocratie et à la bonne gouvernance. Au plan national, le thème retenu cette année est : « Médias et élections dans un contexte de crise sécuritaire et communautaire au Burkina Faso ». Dans le dernier rapport 2019 de RSF, le pays des Hommes intègres est classé 36e mondial sur 180. Il est ainsi le premier pays africain francophone à occuper cette place. Un progrès prodigieux qui, il faut bien le dire, fait non seulement la fierté des médias du Burkina, mais aussi de ses gouvernants. En somme, la fierté de tout un peuple. En ce jour de célébration, l’on ne peut qu’avoir une pensée pour tous ces journalistes malmenés, opprimés, tombés sous les balles assassines des satrapes, en particulier pour ces Hommes de médias d’Afrique qui exercent ce métier la peur au ventre. Si, dans certains pays du continent, les porteurs de caméras, de micros et autres scribouillards ne sont pas définitivement réduits au silence, ils se voient bien souvent poussés à l’exil, du fait de conditions d’exercice très périlleuses de leur noble métier. On pense au Burundi, à l’Erythrée, à la Somalie, etc. Bref, à tous ces pays de dictatures féroces ou sophistiquées où le journaliste devient un ennemi à abattre dès lors qu’il ne partage pas la même opinion que le satrape.
Les dictateurs n’aiment pas qu’on ait une pensée contraire à la leur
L’on pense à tous ces pays où le journaliste qui a fait le choix de la vérité au détriment du mensonge et de la flagornerie dont raffolent les dictateurs, se voit constamment sur le fil du rasoir quand il n’a pas été mortellement entaillé. Quant à la presse burkinabè, elle peut se féliciter des progrès enregistrés. Même si force est de reconnaître qu’elle doit aujourd’hui cette place de choix à sa lutte acharnée pour la conquête de sa liberté, sur fond de sacrifices dont le plus emblématique aura été le drame de Sapouy en décembre 1998. Il est vrai qu’en la matière, rien n’est jamais définitivement acquis. Cela dit, ce nouveau rapport vient encore remettre au goût du jour, les attaques dont les journalistes continuent d’être victimes à travers le monde. Car, selon RSF, la haine des journalistes s’est accrue, conduisant ainsi à des actes de torture voire d’assassinat. Une bien triste réalité qui nous pousse à nous demander quel sort auraient réservé Pierre Nkurunziza, Idriss Deby, Denis Sassou N’Guesso et autres, aux journalistes burkinabè, s’ils avaient eu le malheur d’exercer sur leur sol. La réponse est sans équivoque: l’exil, la torture, la potence. Il ne fait aucun doute qu’ils seraient depuis longtemps six pieds sous terre ou, pour les plus chanceux, écrasés comme des cancrelats ou encore en train de subir les rigueurs de la prison. Car, c’est connu, ces dictateurs-là n’aiment pas qu’on ait une pensée ou vision contraire à la leur. Ils abhorrent les médias qui étalent leurs tares, leurs travers et autres lubies. Bref, ils ne supportent pas la moindre contestation. Comme s’ils étaient les plus intelligents, les plus vertueux et qu’en dehors d’eux, il n’y a point de vérité ni de salut ! De véritables prédateurs de la liberté de la presse s’il en est. Il est vrai que le fait d’être épinglés comme mauvais élèves en matière de respect de la liberté de presse, semble les laisser de marbre. Mais ils oublient une chose : on ne se construit pas une bonne image en traînant la triste réputation de casseur invétéré de médias et de journalistes.
Dabadi ZOUMBARA