LONGUE ATTENTE DES RESULTATS SUR FOND DE SUSPICIONS EN MAURITANIE
Il faut savoir raison garder
Prévus pour être annoncés le 4 septembre dernier, les résultats des élections législatives, régionales et locales se font toujours attendre en Mauritanie. Toute chose qui exacerbe les tensions entre pouvoir et opposition sur fond de suspicions. A preuve, dénonçant des fraudes et des tentatives de manipulations des résultats, des leaders de l’opposition n’ont pas manqué d’exprimer leur ras-le-bol à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qu’ils accusent d’être à la solde du régime en place. Morceaux choisis : « L’intrusion de l’administration est manifeste. C’est elle qui a choisi les présidents des bureaux de vote et leurs accesseurs. Elle continue d’exercer une pression très forte sur ces gens-là. C’est assez nouveau que la fraude soit organisée de façon systématique», a pesté un des leaders de l’opposition en la personne de Me Mahfoudh Ould Bettah, par ailleurs président du parti de la Convergence démocratique nationale. Et comme pour ne rien arranger, des militants de l’opposition, visiblement remontés contre l’instance électorale, ont exigé la publication, dans des délais raisonnables, des résultats des scrutins du 1er septembre dernier. « Comment voulez-vous qu’avec les 98 listes en compétition, les cinq scrutins combinés, nous puissions traiter l’ensemble des procès-verbaux et rendre les résultats en trois ou quatre jours ? », leur a répondu le président de la CENI qui implore la clémence des uns et les autres en ces termes : « Donnez-nous un peu plus de temps ». C’est donc clair. Tous ceux qui attendaient les résultats dans les 72 à 96 heures après le scrutin, doivent encore prendre leur mal en patience.
La CENI doit mettre un point d’honneur à publier des résultats fiables et crédibles
La CENI est toujours à pied d’œuvre. Car, comme on le sait, ce n’est pas chose aisée que d’appareiller cinq scrutins et rendre les résultats dans de brefs délais sans courir le risque de commettre des erreurs qui, dans le contexte actuel de la Mauritanie, pourraient provoquer de violentes manifs de rue. Certes, on comprend l’amertume de l’opposition pour qui cette attente lancinante est synonyme de trucage des résultats. Mais on sait aussi qu’elle serait la première à tirer à boulets rouges sur la CENI si celle-ci venait à publier des résultats erronés, surtout si ceux-ci sont en faveur du pouvoir. C’est dire donc qu’il faut savoir raison garder. Car, comme on le sait, il ne sert à rien de courir. Le plus important, c’est de bien arriver à bon port. C’est pourquoi, tout en respectant les délais légaux, la CENI doit mettre un point d’honneur à publier des résultats fiables et crédibles, qui reflètent la réalité des urnes. Pour ce faire, elle doit faire preuve de neutralité et d’impartialité, comme le dit son président : « La CENI, au niveau central, départemental et régional, se situe à égale distance de l’ensemble des partis en compétition ». En tout cas, les résultats des élections du 1er septembre dernier sont d’autant plus attendus qu’ils présentent un enjeu majeur pour le président Abdel Aziz. Car, comme on le sait, pour traduire en acte sa volonté de briguer un nouveau mandat, il lui faudra une majorité confortable dans le nouveau parlement. Et si par extraordinaire il étrennait ce 3e mandat, celui-ci risque d’être pour lui, le mandat de trop.
B.O