LUTTE CONTRE EBOLA EN GUINEE, SIERRA LEONE ET AU LIBERIA : On a crié victoire avant la fin du match
La maladie à virus Ebola refait surface au Liberia alors que, cliniquement, elle était déclarée morte par les autorités gouvernementales et sanitaires. En effet, les mesures sanitaires mises en place par les autorités tant libériennes, sierra léonaises que guinéennes, donnaient à espérer quant à l’éradication totale de cette maladie dans les trois pays les plus touchés. Cependant, force est de constater que ce brin d’espoir a aujourd’hui fait place au désespoir, eu égard au nouveau cas constaté à Freetown, la capitale libérienne, le premier depuis un mois. Il s’agit d’une femme qui, selon les autorités libériennes, aurait peut-être été contaminée lors d’un rapport sexuel avec un homme ayant survécu à Ebola. Ce nouveau cas vient mettre à nu le manque de vigilance, étant donné que la fin d’une maladie comme Ebola ne se décrète pas. Aujourd’hui, le Liberia, pour avoir baissé la garde, risque de payer à nouveau les conséquences désastreuses de son laxisme ; des conséquences assez lourdes comme par exemple les entrées de devises ; le pays risque de vivre une seconde mise en quarantaine qui l’éloignerait des investisseurs étrangers. On sait que ce pays se remet non seulement d’une guerre civile et essaie difficilement de sortir la tête de l’eau, mais aussi il fait partie des plus pauvres au monde. On comprend dès lors pourquoi le Liberia a vite fait de reprendre la mesure de confinement de ses populations pendant 72 heures, afin de rechercher d’éventuels malades. Rappelons que cette mesure qui, auparavant, avait été prise, avait porté ses fruits car elle avait permis de découvrir parmi ces populations, non seulement de nombreux malades, mais aussi de nombreux morts.
La balle est dans le camp des autorités sierra léonaises, libériennes et guinéennes
Le plan Marshall dont il avait été question pour lutter contre la maladie à virus Ebola, n’aura été malheureusement qu’un feu de paille ; un échec dans les trois pays cités. Ce plan qui a suscité beaucoup d’espoir pour les pays concernés n’a pas été très bien suivi pour des raisons qu’on ignore. Ce plan prévoyait de doter en équipements et en médicaments les hôpitaux et de sensibiliser les autorités sanitaires pour lutter contre cette maladie. Mais le constat fait sur le terrain n’est pas reluisant, car avec ce nouveau cas qui vient d’être découvert, on s’interroge s’il y a eu véritablement un suivi quotidien des mesures arrêtées par ces mêmes autorités pour combattre ce fléau. On comprend très difficilement que cette maladie refasse surface quelque temps seulement après qu’elle a été déclarée quasiment vaincue dans la sous-région. La communauté internationale a peut être sa part de responsabilité dans cette ré-émergence de la maladie. En effet, on l’accuse à tort ou à raison d’avoir vite plié bagages, avant toute constatation scientifique rigoureuse de l’éradication du virus. En fait, on a crié victoire avant même la fin du match. En tout cas, la balle est dans le camp des autorités sierra léonaises, libériennes et guinéennes qui doivent tout mettre en œuvre pour circonscrire le mal avant qu’il ne se propage de nouveau, car si les mesures d’hygiène prises précédemment ne sont pas très bien renforcées et très bien suivies, la sous-région court le risque d’être touchée.
Ben Issa TRAORE