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LUTTE CONTRE LE TERRORISME AU BURKINA FASO


Cela fait six bonnes années que le Burkina Faso, jadis présenté comme un havre de paix, est entré dans l’œil du cyclone des terroristes. Tant et si bien qu’aujourd’hui, près des 2/3 du territoire sont contrôlés par des groupes armés de tout acabit qui ont fini par imposer leur diktat aux populations. Parfois même, ils leur intiment l’ordre de quitter les lieux sous peine de se faire trucider. Les exemples sont si légion que l’on ne prendrait pas le risque de vouloir les citer exhaustivement. Le Burkina, pour tout dire, est aujourd’hui présenté comme un pandémonium où les terroristes tuent et massacrent à tour de bras. La situation est telle que les populations, n’en pouvant plus, ne cachent plus leur exaspération à travers des manifestations de rue afin de dénoncer l’incapacité du pouvoir à les protéger. Le dernier cas en date est celui de Namsiguia dans le Bam où pas plus tard que le 6 décembre dernier, des femmes, lasses des assassinats et enlèvements dont est victime leur localité, ont investi les rues, spatules en main, pour interpeller les plus hautes autorités. On oublie volontiers l’onde de choc qu’avait provoquée l’attaque sanglante d’Inata qui avait laissé officiellement 59 cadavres sur le carreau dont 54 gendarmes. Pendant ce temps, on ne voit poindre aucune lueur d’espoir. D’autant que l’on a l’impression qu’en dépit des mesures annoncées par le président du Faso, dans son adresse à la Nation, le 25 novembre dernier, les choses ne font qu’aller de mal en pis. En témoignent les récentes attaques de Dablo, Thiou, Nadiagou, Gassam où les populations, abandonnées à elles-mêmes, ont fini par faire leurs baluchons afin de sauver leur peau, allongeant ainsi la liste déjà longue des personnes déplacées internes.

 

 

Il y a lieu de revoir la stratégie de lutte

 

 

Ce qui est le plus sidérant, c’est que certaines attaques sont parfois perpétrées à quelques encablures de détachements militaires sans que l’on ne voie suivre une riposte appropriée sur le terrain. Et bien avant ces drames, les terroristes, comme s’ils étaient en terrain conquis, viennent d’abord se signaler, donnent un ultimatum aux habitants pour quitter leurs villages, puis mettent leurs menaces à exécution en revenant sur les lieux pour terminer ce qu’ils avaient commencé. Toutes choses qui n’honorent pas l’Etat burkinabè qui donne parfois l’impression d’avoir abdiqué face à des groupuscules armés qui ne sont même plus aussi invisibles que cela puisqu’ils s’affichent le plus souvent à visage découvert. D’où la nécessité d’un réarmement moral pour aller vers la reconquête de l’intégrité de notre territoire dont les dirigeants promettaient naguère de ne céder aucun pouce. Certes, dans le souci de réorganiser la lutte contre le terrorisme, les plus hautes autorités, en plus des changements opérés au sein de l’armée, entendent redynamiser les Initiatives locales de sécurité (ILS) ; ce qui n’est pas mauvais en soi. Mais quand on connaît la furie vengeresse des terroristes, n’y a –t-il pas lieu de miser sur les Forces de défense et de sécurité (FDS) et leurs réservistes formés et payés pour ça au risque d’offrir nos ILS  comme chair à canon ? On l’a vu d’ailleurs avec les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) dont certains, du fait de leur engagement, ont vu les leurs tragiquement assassinés en guise de représailles. En tout cas, il y a lieu de revoir la stratégie de lutte pour autant que l’on veuille gagner cette sale  guerre qui nous est imposée. Pourquoi ne pas, s’il y a lieu, diversifier, comme le réclament certains, notre coopération militaire, fût-ce au grand dam de nos ancêtres les Gaulois qui, on le sait, tiennent tant à leur précarré ? Ce n’est pas impossible. Mais cela doit passer nécessairement par l’avènement d’une gouvernance vertueuse, où la corruption et les détournements de deniers publics n’auront plus droit de cité. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que des voix et ce, à juste titre d’ailleurs, s’élèvent de plus en plus, pour réclamer un audit sur les dépenses de  l’Armée. Cet audit, s’il devait avoir lieu, pourrait faire des révélations fracassantes bien plus que les dysfonctionnements constatés dans le ravitaillement du détachement d’Inata.

 

Boundi OUOBA


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