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LUTTE CONTRE LE PALUDISME EN AFRIQUE


 Il y a encore du chemin à parcourir

La communauté internationale a célébré, hier, 25 avril, la Journée mondiale de lutte contre le paludisme. Cette célébration intervient dans un contexte caractérisé, selon les spécialistes, par une recrudescence de cette endémie parasitaire qui sévit aujourd’hui principalement en Asie et en Afrique où 3,2 milliards de personnes  sont susceptibles d’être infectées  et par la raréfaction des moyens financiers mobilisés dans la lutte contre le fléau avec la diminution de la contribution américaine.

Alors que la situation reste alarmante en raison de la perte d’efficacité des médicaments due aux résistances, il convient de saluer les efforts faits par les gouvernants dans de nombreux pays d’Afrique. En effet, de nombreux moyens sont consentis par les dirigeants pour doter les populations de moustiquaires imprégnées et pour rendre disponibles les traitements antipaludéens dont on trouve une large gamme dans les dépôts pharmaceutiques et les officines de santé.

Le paludisme  reste la principale cause de mortalité dans nos pays

En outre, de nombreux efforts sont consentis dans la recherche, notamment d’un vaccin préventif. La pharmacopée dont l’importance demeure grande sur le continent en raison de sa proximité avec les populations, joue pleinement sa partition dans cet élan collectif contre le paludisme, quand bien même il existe encore de grandes marges de progression.

Mais tous ces efforts ne suffisent pas à cacher en Afrique la face hideuse de ce tueur dont les cibles restent principalement les enfants de

moins de 5 ans et les femmes enceintes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’on estime, en effet, à 10 les nouveaux cas de paludisme en Afrique subsaharienne et à 3000 le nombre de décès par jour soit environ 1,1 million chaque année. Le paludisme  reste donc la principale cause de mortalité dans nos pays où sont enregistrés 80 à 90%  des cas de décès dans le monde. En plus d’endeuiller les familles, cette pathologie compromet dangereusement le développement économique du continent en faisant exploser les dépenses publiques de santé. L’on estime à environ 12 milliards de dollars US le poids économique annuel de la maladie en Afrique. L’épargne destinée à financer les infrastructures communautaires qui ont aussi un effet dans la lutte contre le palu, reste assez faible. C’est pourquoi l’on pourrait dire que le paludisme, en Afrique, n’est pas seulement une question de santé publique, mais aussi une question de développement.  La question que l’on pourrait se poser est la suivante : pourquoi la persistance du mal malgré les efforts évoqués ?

D’emblée, l’on peut mettre en cause le climat de l’Afrique qui est propice à la prolifération des moustiques qui sont le vecteur du paludisme, mais il faut aussi pointer du doigt la mauvaise volonté politique. Car, les efforts de lutte contre le paludisme n’ont pas toujours bénéficié, dans les budgets de bien des Etats, de dotations conséquentes et restent soutenus essentiellement par des financements étrangers qui tarissent d’année  en année. Par ailleurs, la gestion des programmes de lutte

contre le paludisme reste marquée du sceau de la corruption devenue trop endémique sur le continent. L’on garde

encore en mémoire le scandale de deals de moustiquaires au Burkina Faso sous Blaise Compaoré.

L’espoir est permis

Le gros problème reste l’inexistence ou l’insuffisance des infrastructures d’assainissement dans les cadres de vie des populations et les comportements de ces dernières, qui sont parfois aux antipodes des règles d’hygiène. Même dans les grands centres urbains où le niveau de compréhension semble élevé, il est fréquent de rencontrer au milieu des habitations, des étangs où stagnent des eaux sales qui servent de nids à l’anophèle. Il y a, enfin, les intérêts des grandes firmes internationales et des pays occidentaux qui sont bénéficiaires des marchés des médicaments et qui prennent en otage la recherche rapide d’un vaccin préventif. C’est dire que le chemin pour l’éradication complète du paludisme est long et comporte de nombreuses embûches.

Cela dit, l’espoir est permis car certains pays africains pourraient bientôt parvenir à l’éradication du paludisme à l’horizon 2030 et pourraient inspirer d’autres par l’exemple. Ce sont l’Algérie, le Cap Vert, le Swaziland, le Botswana, les Comores et l’Afrique du Sud. L’on note aussi avec satisfaction, que les recherches dans différents pays montrent que l’on s’achemine vers la découverte d’un vaccin. C’est le cas, par exemple, du Burkina Faso où le vaccin préventif du Centre de recherche sur le paludisme, a dépassé le cadre expérimental et est à la recherche d’une homologation qui devrait permettre sa vulgarisation. En plus du vaccin, des pistes novatrices comme le largage de moustiques OGM à même de neutraliser l’anophèle, ont montré leur efficacité.

En attendant qu’aboutissent toutes ces initiatives, il appartient à chacun de balayer devant sa porte en développant les réflexes élémentaires qui consistent à dormir sous une moustiquaire imprégnée et à supprimer les lieux de stagnation des eaux sales. Au niveau des gouvernants, une mesure qui pourrait soulager les paludéens et leurs familles, serait la révision à la baisse des traitements contre le paludisme qui ne sont toujours pas à portée de la bourse de nombreux Africains.

« Le Pays »

    


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