HomeA la uneLUTTE CONTRE LE SIDA : Ne pas baisser la garde

LUTTE CONTRE LE SIDA : Ne pas baisser la garde


 

Le monde entier a célébré, comme à l’accoutumée, le 1er décembre 2016, la Journée mondiale de lutte contre le Syndrome de l’immunodéficience acquise (SIDA). A l’occasion de cette journée, on a pu noter qu’il y a des avancées notables dans la lutte contre ce qui a été appelé, non sans raison, le « mal du siècle », tant le SIDA aura secoué le monde depuis le début les années 80. De nos jours, les efforts conjugués de la recherche scientifique et de la sensibilisation ont permis de freiner la propagation du mal. Dans plusieurs pays, on a atteint des baisses significatives du taux d’infection. Au Burkina Faso, par exemple, ce taux qui frôlait les 7% est revenu à 0.9%. Ce n’est pas encore la victoire totale, mais le succès n’est pas négligeable. La victoire totale sur ce mal semble à portée de main. Mais il importe de ne pas baisser la garde. En effet, derrière l’embellie constatée en matière de lutte contre le SIDA, il y a d’énormes défis à relever pour l’humanité. On se rend ainsi compte que malgré le recul du mal, il y a que plus de la moitié des personnes infectées n’ont pas encore accès aux traitements, aux antirétroviraux (ARV).

Il y a urgence à poursuivre la sensibilisation

Le plus gros du contingent se trouve, comme on peut l’imaginer, en Afrique au Sud du Sahara. Il importe donc que le monde mette les bouchées doubles pour relever le pari de vulgariser le traitement en rendant les ARV disponibles et accessibles aux populations, même les plus démunies. Bien entendu, le succès d’une telle lutte ne dépend pas seulement de la disponibilité des produits. Il y a aussi la nécessité d’encourager les personnes saines à prendre toutes les dispositions utiles pour éviter de se faire contaminer par le Virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Car, comme le dit l’adage, « mieux vaut prévenir que guérir ». Il est toujours mieux de travailler à éviter l’infection autant que faire se peut. Aussi, pour les personnes infectées, il y a lieu de réussir le challenge de les amener tous à accepter les traitements, à les suivre et à éviter les comportements susceptibles de  les affaiblir davantage face au mal. C’est dire qu’il y a une urgence à poursuivre la sensibilisation contre le SIDA sur un double plan : au niveau des personnes encore saines tout comme à l’échelle des personnes infectées. En d’autres termes, il s’agit de poursuivre tant les actions de prévention que celles de traitements. Dans les pays africains, particulièrement touchés par le mal et par la non disponibilité des ARV, la sensibilisation doit être accentuée. En effet, il y a encore des pesanteurs sociales qui ont la peau dure et qui contribuent à alimenter les contaminations. En plus donc de travailler à contenir, à défaut d’annihiler des facteurs à risque comme la consommation de la drogue et autres stupéfiants, surtout chez les jeunes, il convient d’œuvrer à juguler ou mieux encadrer selon la nécessité, certaines pratiques sociales, à risque également. Il s’agit, entre autres, du lévirat, du sororat et de l’excision. Pour ce faire, il sied de se donner tous les moyens d’atteindre et de convaincre les acteurs non encore au parfum ou non encore conscients des risques liés à ces pratiques. Il faudra continuer à associer aux efforts de sensibilisation, toutes les personnes susceptibles de sonner la mobilisation, notamment les responsables coutumiers, les leaders religieux, d’opinion, partout où besoin est.

Un des plus grands défis est la mise au point d’un vaccin

Quant à la vulgarisation des traitements, elle passe par la mobilisation de moyens financiers conséquents. La situation, à l’heure actuelle, n’est pas reluisante. Pour caricaturer, on dirait que les remèdes sont en Occident alors que les malades sont en Afrique. Dit autrement, il y a plus de personnes infectées en Afrique qu’en Occident. Pourtant, il y a moins de médicaments nécessaires à leur traitement en Afrique qu’en Occident. Cela est un constat. Les Africains sont, dans cette lutte aussi, en retard comme en matière de développement de façon générale. Une fois de plus, les pays sous-développés, parmi lesquels on compte la quasi-totalité des pays africains, s’en remettent à la générosité des donateurs étrangers, occidentaux, pour leur permettre d’être à la hauteur du défi. Il faut donc espérer que la lutte contre ce mal reste en bonne place dans les agendas de ces bailleurs de fonds. Dans le cas contraire, on n’est pas à l’abri d’une résurgence de la maladie dans les pays pauvres et par voie de conséquence, dans le monde. Comme on peut s’en douter, l’un des plus grands défis, si ce n’est le plus grand dans la lutte contre le SIDA, est la mise au point d’un vaccin. Les firmes de recherche ont des intérêts pas toujours catholiques à défendre. Il est notoire qu’autour du SIDA, s’est constitué un véritable business. Beaucoup d’individus et de sociétés ont fait fortune dans le cadre de la lutte contre ce mal. Tant et si bien qu’on peut douter qu’ils soient disposés à accepter de laisser échapper, volontiers, ce qui est devenu pour eux un gagne-pain, une véritable mine de diamants. Or, il faut les amener à accepter une nouvelle donne. La société civile notamment devra y veiller. Pour les firmes qui ont investi dans la recherche contre le SIDA, on peut penser qu’elles ont eu le temps d’amortir plus ou moins ces investissements. Du reste, elles peuvent bien continuer à le faire en mettant au point un vaccin qui, on le sait, ne sera pas gratuit. On peut ainsi souhaiter que les firmes anti-SIDA soient plus enclines à jouer franc jeu dans la quête de cette potion magique qui viendrait faire définitivement de la contamination à VIH, un lointain souvenir. On peut donc se prendre à rêver d’un monde sans SIDA, au pire, avec quelques rares cas résiduels comme c’est le cas avec d’autres grandes maladies comme la lèpre, qui ont durement secoué l’humanité.

« Le Pays »


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