MAHAMADOU ISSOUFOU CHEZ BOUTEFLIKA : De la nécessité d’harmoniser les vues face au terrorisme
Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, est en visite d’Etat depuis le 25 janvier dernier chez son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika. Si cette visite de 72 heures se situe dans le cadre du renforcement de la coopération entre deux pays qui partagent une même frontière, il faut souligner que celle-ci sera mise à profit par les deux chefs d’Etat pour évoquer le problème de l’insécurité en général et du terrorisme en particulier. Parlant d’insécurité et surtout de la crise libyenne, on note que le président nigérien, Mahamadou Issoufou, appelle de tous ses vœux, la mise en place d’une force d’intervention multinationale afin de combattre les milices qui créent la chienlit au pays de Kadhafi. Une idée que ne semble pas partager son homologue algérien qui prône plutôt la négociation avec les milices. C’est dire que, sur la question libyenne, les deux chefs d’Etats ne sont pas sur la même longueur d’onde.
L’Algérie, comme on le sait, a une vision souverainiste. Elle ne veut guère entendre parler d’intervention étrangère sur son sol.
Quant au Niger, il sait très bien qu’il n’est pas à l’abri du terrorisme. D’ailleurs, ces derniers temps, ce pays a été confronté au problème d’insécurité sur fond de menace de la secte islamiste Boko Haram qui se signale à ses frontières. On comprend pourquoi le président Mahamadou Issoufou cherche à parer au plus urgent, convaincu qu’il est d’être dans le collimateur de Boko Haram.
Boutéflika pourrait apporter son expertise à Mahamadou Issoufou
Mahamadou Issoufou et Abel Aziz Bouteflika réussiront-ils à aplanir leurs divergences de vues par rapport à ce problème d’insécurité aux fins de mener une lutte active et coordonnée contre les terroristes, que ce soit contre les milices en Libye ou les islamistes de Boko Haram ? Rien n’est moins sûr. Car, on a encore fraichement en mémoire la puissance de feu que l’Algérie avait déployée sur son sol, contre des terroristes qui avaient eu le toupet de prendre en otage des Occidentaux, précisément sur le site gazier d’In Amenas, en janvier 2013. Elle avait refusé de négocier !
On a donc du mal à comprendre la position de ce pays si prompt à casser du djihadiste sur son sol, et qui refuse la mise en place d’une coalition de forces étrangères pour lutter contre les miliciens qui sévissent en Libye et, au-delà, le long des frontières de ce pays. Espérons que cette visite d’Etat ne sera pas un échec et que les deux chefs d’Etat s’accorderont sur la nécessité d’harmoniser les vues face au terrorisme qui prend de l’ampleur. Boutéflika pourrait ainsi apporter son expertise en matière de lutte contre le terrorisme à Mahamadou Issoufou pour sécuriser son territoire et, au-delà, ceux de ses voisins. La paix tant recherchée est à ce prix.
La nécessaire réconciliation des Libyens et le refus d’une partition du pays pourraient aussi aider les deux chefs d’Etat à surmonter leurs divergences de vues, aux fins d’une solution durable au problème d’insécurité au Niger en particulier et dans la sous-région en général.
Ben Issa TRAORE