HomeA la uneMAIN TENDUE DE DEBY FILS A SES OPPOSANTS : La stratégie du « blaguer tuer » ?

MAIN TENDUE DE DEBY FILS A SES OPPOSANTS : La stratégie du « blaguer tuer » ?


Le mouton sacrificiel réussira-t-il à réconcilier les Tchadiens ? Telle est la question que l’on ne peut s’empêcher de se poser d’autant que le président de la transition, Mahamat Idriss Déby, dans son adresse à la Nation à l’occasion de la fête de la Tabaski, a tendu la main à ses contempteurs. En effet, non seulement il dit leur avoir pardonné, mais aussi il leur demande de rentrer au bercail afin de participer à l’œuvre de reconstruction du Tchad. Morceaux choisis : « Je pardonne à tous ceux qui sont impliqués, condamnés ou non, ayant commis des dégâts lors de l’insurrection du 20 octobre 2022. J’invite ceux  d’entre eux qui ont fui le pays, à regagner la mère-patrie et participer à la construction de la Nation », a laissé entendre Déby fils qui promet une « transition inclusive jusqu’à son terme ». L’opposition saisira-t-elle la main tendue du locataire du Palais de rose ? Pas si sûr, d’autant que l’un des exilés et non des moindres, qu’est Succès Masra, estime que pour une réconciliation véritable et sincère, il aurait fallu que le maître de Ndjamena procédât à l’amnistie de tous les Tchadiens qui, pour leurs opinions, ont été jugés et condamnés ou contraints à l’exil. Pour lui, le seul pardon, fût-il accordé par le chef de l’Etat, est insuffisant et ne rassure pas ; tant il n’a aucune portée juridique. C’est dire qu’il en faut plus si Mahamat Idriss Déby souhaite véritablement le retour au pays de ses opposants. Certes, il a déjà donné des gages de bonne foi dans sa volonté de rassembler ses compatriotes à travers la grâce accordée à des centaines de rebelles. Mais il peut encore mieux faire à travers une loi d’amnistie. En la matière, aucun sacrifice n’est de trop, à moins que tout cela ne participe de la stratégie du « blaguer tuer ».

 

le Tchad ne peut plus être gouverné comme il l’a été sous Déby père

 

On est d’autant plus fondé à le penser qu’on l’a déjà vu au Congo avec ce qui est arrivé en mai 1999 au débarcadère fluvial de Brazzaville où des réfugiés congolais qui tentaient de regagner la mère-patrie, ont été sauvagement massacrés et ce, alors même que leur retour avait été avalisé par le régime de Denis Sassou Nguesso. Une affaire qui portera le fameux nom des « disparus du Beach ». Tirant leçon de ce précédent, il y a fort à parier que ni Succès Masra ni Max Loalngar puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ne prendrait le risque de retourner au Tchad sans un minimum de garanties pour le respect de leur intégrité physique et morale. Ils savent mieux que quiconque ce qui les y attend s’ils acceptent de rentrer dans les conditions actuelles. A moins qu’après avoir réussi à organiser son Dialogue national inclusif souverain (DNIS) qui lui a ouvert les portes de la prochaine présidentielle en violation flagrante de la Charte de la Transition, Déby fils, conscient qu’il reste le maître du jeu, décide de passer à autre chose en s’inscrivant vraiment dans la logique de l’apaisement. En tout cas, une chose est certaine, les temps ont changé si bien que le Tchad d’aujourd’hui ne peut plus être gouverné comme il l’a été sous Déby père.

 

B.O


No Comments

Leave A Comment