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MAINTIEN EN POSTE DE L’AMBASSADEUR FRANÇAIS AU NIGER  : Quand Macron défie les putschistes


La France persiste et signe. Son ambassadeur en poste au Niger ne quittera pas le pays sous injonction des militaires qui ont renversé le président Mohamed Bazoum. En effet, à la suite du Quai-d’Orsay, le président français, Emmanuel Macron, a opposé une fin de non-recevoir à Abdourahamane Tchiani et ses frères d’armes qui, dit-il, n’ont aucune « légitimité » pour remettre en cause les accords établis entre Paris et Niamey. Cette nouvelle prise de position qui ne manquera pas de faire réagir, intervient au lendemain d’une nouvelle manifestation pro-junte appelant au départ sans délai des troupes françaises du Niger. Pourquoi, après avoir accepté de plier bagage du Mali et du Burkina Faso dans les conditions que l’on sait, la France se refuse-t-elle à partir du Niger et ce, en dépit de la clameur qui monte ? La réponse, on la connaît. Si elle part du Niger, elle perdra complètement le contrôle du Sahel qui, on le sait, dispose d’importantes ressources minières. N’est-ce pas l’Hexagone qui exploite l’essentiel de l’uranium du Niger ? Et ce n’est pas tout. Car, étant au Niger, la France garde l’œil ouvert sur la zone des trois frontières que l’on appelle le « triangle de la mort » mais dont on dit qu’elle est riche en fer, en pétrole, en gaz et en or. Dès lors, on comprend pourquoi la France, déjà en perte de vitesse dans bien de ses ex-colonies, se démène comme un beau diable pour ne pas perdre aussi le Niger. Tant et si bien qu’elle presse la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à peser de tout son poids pour que soit « rétabli l’ordre constitutionnel » au Niger, fût-ce au prix de l’usage de la force.

 

Quand il s’agit de défendre ses intérêts, la France est prête à tout, y compris les coups en dessous de la ceinture

 

Mieux, en plus des sanctions économiques imposées au Niger qu’elle soutient, Paris se dit disposée à fournir un appui logistique à l’organisation ouest-africaine en cas d’intervention militaire pour déloger les putschistes du palais présidentiel de Niamey.  Cet activisme, pour le moins interrogateur et débordant, est tout de même risqué. Car, on se demande ce qu’il en sera des rapports entre Paris et Niamey, si, de guerre lasse, les tombeurs de Mohamed Bazoum qui peuvent se gargariser du soutien populaire, en viennent à remporter le bras de fer engagé avec la CEDEAO qui, visiblement fragilisée, pourrait faire contre mauvaise fortune bon cœur en validant le « processus de transition » en cours au Niger. A moins que faisant feu de tout bois, Paris, comme le soupçonnent certains, ne mise parallèlement sur la résurgence de la rébellion touarègue dont les leaders ont commencé à donner de la voix pour faire rendre gorge aux putschistes. Ce n’est pas impossible ! Car, quand il s’agit de défendre ses intérêts, la France est prête à tout, y compris les coups en dessous de la ceinture. Gageons que l’on n’en arrivera pas là et que les uns et les autres sauront mettre de l’eau dans leur vin et cela, non seulement dans l’intérêt supérieur du Niger, mais aussi de celui de la sous-région en proie à l’insécurité liée au terrorisme.

 

B.O


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