HomeOmbre et lumièreMAITRISE D’OUVRAGE DE L’AEROPORT DE DONSIN : « Tout se passe comme s’il y avait une volonté délibérée de sabotage »

MAITRISE D’OUVRAGE DE L’AEROPORT DE DONSIN : « Tout se passe comme s’il y avait une volonté délibérée de sabotage »


Dans la déclaration ci-dessous, le Syndicat des travailleurs des travaux publics du bâtiment, de l’hydraulique et assimilés (SYTTPBHA) dénonce ce qu’il considère comme une volonté délibérée de sabotage de la maîtrise d’ouvrage de l’aéroport de Donsin. C’est pourquoi, dit-il, il prend l’opinion nationale et internationale à témoin. Lisez plutôt !

Par lettre en date du 17 novembre 2015, le Directeur Général de la Maîtrise d’Ouvrage de l’Aéroport de Donsin (MOAD), M. Edouard Bouda, informait trois (3) travailleurs dudit projet, du non renouvellement de leur contrat, ce conformément dit-il, à l’article 3 dudit contrat (contrat à durée déterminée (CDD) d’un (1) an renouvelable sur la base d’une évaluation satisfaisante des performances).

Malgré les apparences et en dépit du caractère CDD desdits contrats que M. le Directeur général de la MOAD a voulu exploiter ici, ces non renouvellements décidés par lui, constituent quant au fond, des ruptures abusives de contrats, donc des licenciements déguisés, et cachent mal par conséquent, la volonté du Directeur général de nuire à la carrière et à l’avenir des trois (3) camarades concernés, comme le montrent amplement les éléments d’analyse ci-après développés.

Le Bureau National observe en effet, qu’après seulement sept (07) mois de fonction ponctuée par beaucoup de missions à l’extérieur, le nouveau Directeur Général de la MOAD, M. Edouard Bouda, nommé à ce poste courant avril 2015 par les autorités de la Transition, semble confondre service public de l’Etat et propriété privée. Il est autrement difficile de comprendre ce refus quasi personnel et unilatéral de renouveler des contrats de travailleurs qui ont reçu de leurs supérieurs hiérarchiques immédiats respectivement 8,17 sur 10 (cas de l’employé Tarnagda Adama) et 8 sur 10 (cas de l’employé Ouandaogo Poussi), ce sur la base du motif avancé par lui: « … appréciation peu satisfaisante de vos performances… ». Il est à préciser que l’employé Compaoré Séni, qui venait de rentrer fraîchement d’une formation, à la requête, pour le compte et aux frais de la MOAD, n’avait même pas encore été évalué. Du reste, même l’employé Tarnagda Adama venait lui aussi de rentrer d’une formation au mois de juillet 2015, toujours au compte et aux frais de la MOAD. Alors, quels critères objectifs autres que les notes d’évaluation obtenues et qui font normalement office de tacite reconduction de contrat, ont permis à la Direction Générale de dédire ses plus proches collaborateurs que sont justement les supérieurs hiérarchiques immédiats des travailleurs incriminés?

Il n’y a assurément aucun autre critère qui puisse tenir objectivement la route. A preuve, quand les agents victimes l’ont interpellé par correspondance sur le caractère irrégulier et par conséquent abusif des ruptures de contrat, la surprise et la confusion deviendront encore plus générales à la lecture de la réponse donnée par celui-ci: « Par la présente, je vous informe que la Maîtrise d’Ouvrage de l’Aéroport de Donsin, en l’état actuel des choses, n’est pas à même de renouveler votre contrat ».

Tout se passe comme si sur cette question, la Direction Générale de la MOAD se livre à des pratiques dignes d’un Etat de non droit, vis-à-vis de certains de ses employés, alors que l’on était en droit d’attendre que plus rien ne soit comme avant, y compris à la MOAD, surtout qu’il fait partie des hauts responsables de l’Etat et de ses démembrements, nommés au cours de la Transition, donc en période post-insurrectionnelle.

Bien au contraire hélas, à travers cet argumentaire flou et franchement pauvre d’état actuel des choses », M. le Directeur général de la MOAD renforce notre conviction qu’il s’agit bel et bien de ruptures de contrats qui ne sont nullement fondées sur l’intérêt supérieur du service mais plutôt sur des considérations subjectives, à forte odeur de népotisme. Les recrutements opérés à la hâte et en partie en remplacement des trois (3) employés prouvent à souhait que ces ruptures de contrats ne relèvent pas du tout d’une volonté d’améliorer les performances de la MOAD. Il nous revient en effet que les nouvelles recrues, à cause de leur relative jeunesse dans le domaine, ne pourraient aucunement se prévaloir en termes d’expérience, de celle des trois (3) travailleurs remerciés. Cette rupture de contrats semble donc relever de la seule volonté de M. le Directeur Général, telle qu’exprimée du reste par lui-même en ces termes: « Ce n’est pas une rupture de contrat mais c’est le directeur général qui a décidé de ne pas renouveler les contrats». Ainsi dit exactement, comme si les intéressés travaillaient dans sa ferme à lui.

Tout se passe comme s’il y avait quelque part une volonté délibérée de sabotage de ce grand projet, financé pourtant à des centaines de milliards de dettes contractées par l’Etat Burkinabè et que devrait rembourser notre peuple, probablement à l’échelle de plusieurs générations.

Outre leur licenciement déguisé, on a un fort sentiment que le Directeur Général a voulu en même temps, par le motif invoqué dans sa lettre de non renouvellement (« appréciation peu satisfaisante de vos performances … ») jeter un discrédit sur la carrière et l’avenir des travailleurs concernés. Fermement interpellé sur cette question par ces derniers, voici ce qu’il dit: « N’eut été votre saisine du syndicat et de la Direction Régionale du travail et de la Sécurité sociale, personne ne serait au courant. Cette lettre resterait entre nous puisque l’on n’envoie que la cessation de service dans vos ministères d’origine ». Ainsi dit, comme si ce n’était qu’une plaisanterie de sa part. Est-ce vraiment sérieux en matière de gouvernance des institutions et des hommes?

A ce jour, il est utile de noter que le dossier a fait l’objet d’une saisine de la Direction Régionale du travail du Centre et n’a pas encore connu de conciliation entre les parties, nonobstant: les deux (2) rencontres de discussion entre les parties à l’Inspection du Travail du Centre (respectivement le 29 décembre 2015 et le 24 février 2016) ; la rencontre interne DG/MOAD – travailleurs concernés du 06 janvier 2016; et la rencontre Syndicat-DG/MOAD du 15 février 2016.

Au total, le Bureau National du syndicat des travailleurs des travaux publics, du bâtiment, de l’hydraulique et assimilés (SYTIPBHA) observe que les propositions de sortie de crise faites par la Direction Générale de la MOAD au cours de ces différentes rencontres se résument à une proposition de paiement aux travailleurs concernés, de 03 mois de salaire en guise de dédommagement. Ceci frise le dilatoire et procède simplement d’un mépris de sa part, vis-à-vis des victimes. Aussi notre syndicat prend-il l’opinion nationale et internationale à témoin de ces pratiques népotistes enregistrées à la MOAD et qui sont de nature à compromettre gravement ce grand programme que constitue la construction de l’aéroport de Donsin.

En tout état de cause, le bureau national tient d’ores et déjà la partie employeur de la MOAD, avec à sa tête le Directeur général, M. Edouard Bouda, pour responsables de toute dégradation du climat social entre les parties et exige la réintégration sans condition des trois (3) travailleurs à leurs postes respectifs, ou, à défaut, leur dédommagement conséquent.

Ouagadougou, le 3 mars 2016

Le Bureau National


No Comments

Leave A Comment