MANIF CONTRE LES REFORMES DES EXAMENS SCOLAIRES
Depuis hier 29 avril 2021, les établissements scolaires ont répondu favorablement au mot d’ordre de grève de 72 heures, lancé par dix-huit associations scolaires au Burkina. Ces associations exigent du gouvernement, la suppression pure et simple des nouvelles réformes engagées dans le secteur de l’éducation, en l’occurrence, celles sur le BEPC et le baccalauréat. Une équipe du Journal « Le Pays » s’est rendue dans quelques établissements de Ouagadougou dans la matinée du 29 avril 2021, pour faire le constat de la grève. Lisez plutôt !
Il est 8 heures 45 minutes ce 29 avril 2021 au lycée Philippe Zinda Kaboré. Une foule d’élèves est dispersée dans la cour de récréation. Les membres du bureau de l’Association des élèves du secondaire de Ouagadougou, qui par un coup de sifflet, qui par un mégaphone, galvanisent les élèves pour la grève annoncée de 72 heures. Le rassemblement est sifflé sous le drapeau où les consignes sont données par Wilfied Abdou Aziz Yentema Thimobiano, président de AESO de la section du Zinda. Comme consigne, c’est de faire sortir les élèves des lycées environnants, à savoir le lycée municipal de Paspanga, le lycée Nelson Mandela, le lycée professionnel régional du Centre, avant de prendre la route pour le ministère de l’Education nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales (MENAPLN).
Une grève sans aucun fondement
Au lycée municipal de Paspanga, les élèves ont été sommés de vider les salles de classe. Les enseignants et les membres de l’administration du lycée ont assisté impuissants au débrayage des élèves. En un temps record, toutes les classes se sont vidées et les meneurs ont poursuivi leur itinéraire. « C’est la deuxième fois que nous sortons pour exiger du gouvernement, de notre ministre de tutelle, Stanislas Ouaro, la suppression des différentes réformes des examens scolaires qui sont engagées, qui vont contre les intérêts et le bien-être des élèves », a affirmé le président de l’Association des élèves du secondaire de Ouagadougou (AESO) de la section du Zinda. Hyacinthe Nikièma, élève au lycée professionnel régional du Centre, Bac pro 1 en froid et climatisation que nous avons accosté sur l’avenue Mgr Thévenoud, nous a confié ceci : « Nous sommes sortis pour soutenir nos camarades des lycées et collèges de l’enseignement général pour exiger l’arrêt des réformes entreprises par le MENAPLN aux niveaux du BEPC et du baccalauréat ». Pour Naffissatou Kiéma, de la classe de 3e au lycée Nelson Mandela, la suppression des sujets au choix n’est pas dans l’intérêt des élèves. Elle indique au contraire que cela ne fait qu’amenuiser les chances de succès des candidats aux examens. « Les sujets au choix en histoire-géographie et en SVT multiplient les chances de réussite des candidats. Nous ne sommes pas d’accord pour leur suppression », a-t-elle martelé.
Une course-poursuite entre CRS et élèves
Les élèves, dans leur progression vers le MENAPLN, bloquaient par endroits la circulation, intimant l’ordre aux usagers de la route de faire demi-tour. Mais tout cela sans compter avec les Forces de l’ordre qui ont dispersé les grévistes sur l’avenue de l’indépendance à coups de gaz lacrymogènes, dans une partie de course-poursuite. Le proviseur du lycée professionnel régional du Centre, Daniel Sawadogo, a dit constater effectivement le débrayage des élèves dans son établissement. Pour lui, rien ne motive ce mouvement de grève parce que le motif évoqué n’a aucun fondement. Les élèves disent s’attaquer aux nouvelles réformes du BEPC et du baccalauréat. La suppression des sujets au choix en histoire-géographie et en SVT est venue du fait que les acteurs de l’éducation ont estimé que ce n’est pas un avantage pour les candidats aux examens. Daniel Sawadogo a expliqué que la décision n’a pas été prise par le ministère de façon unilatérale mais s’est faite en concertation avec toutes les sensibilités syndicales que compte le ministère de l’Education nationale et de la promotion des langues nationales. Il a estimé que les élèves sont au parfun de ces changements depuis la rentrée scolaire parce que cela leur a déjà été expliqué. Quant à la réforme administrative du baccalauréat, il a été décidé que désormais, c’est le MENAPLN qui aura la charge de son organisation. Cependant, insiste le proviseur, des gens mal intentionnés, voire ceux qui instrumentalisent les élèves, disent de ne pas accepter parce que dès lors que ce sera le MENAPLN qui organisera le baccalauréat, l’accès des bacheliers à l’Université sera soumis à un test. Ce qui n’a nulle part été écrit, foi de Daniel Sawadogo. Pour lui, il y a des gens qui ont un agenda caché mais n’ayant pas le courage politique de l’exhiber, veulent utiliser les élèves pour parvenir à leurs fins. Revenant sur le cas de son lycée où c’est l’enseignement technique et la formation professionnelle qui y sont dispensés, Daniel Sawadogo a fait savoir que les élèves de l’enseignement technique et professionnel ne sont en rien concernés par cette grève. Après l’obtention du Bac professionnel, les élèves des établissements professionnels ne sont pas orientés à l’Université parce qu’ils sont déjà aptes à intégrer le monde de l’emploi, sauf exception pour celui qui veut faire des études supérieures auquel cas, il passe un test d’entrée à l’université. « C’est une aberration de voir que nos élèves sont embarqués dans cette lutte et je suis frustré de cette situation », a laissé entendre Daniel Sawadogo. Pour lui, cela est d’autant plus écœurant que ceux qui sont à la base des perturbations des cours dans les établissements, sont connus, mais les premières autorités ne leur disent absolument rien.
Kiswendsida Fidèle KONSIAMBO