HomeA la uneMANIFESTATION D’OPPOSANTS EN EGYPTE : Le pharaon Al-Sissi bande les muscles

MANIFESTATION D’OPPOSANTS EN EGYPTE : Le pharaon Al-Sissi bande les muscles


Le lundi 25 avril 2016 s’annonçait comme une journée à hauts risques en Egypte. Et pour cause, l’opposition laïque et des mouvements de gauche sont descendus comme ils l’avaient prévu dans la rue, pour dénoncer la politique du président Abdel Fattah Al-Sissi. Et ce, malgré les menaces et les arrestations préventives du gouvernement. La rétrocession controversée,  il y a de cela deux semaines, de deux îles de la mer Rouge par l’Egypte à l’Arabie Saoudite, semble être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. D’un certain point de vue, l’on pourrait comprendre la réaction des contestataires, car pour des questions aussi essentielles, cela aurait même pu nécessiter un référendum ; surtout dans une nation moderne qui se veut aussi démocrate. Mais à y regarder de près, cette rétrocession paraît, à beaucoup  d’égards, le meilleur prétexte trouvé par les opposants pour manifester leur ras-le-bol de la rude politique du maréchal Abdel Fattah Al-Sissi qui dirige le pays d’une main de fer, depuis son élection en 2014, à l’issue d’un scrutin où il était ultra favori, et dont étaient absents les Frères musulmans.  Même si le successeur de l’islamiste Mohamed Morsi jouit d’une grande popularité depuis sa prise du pouvoir dans les conditions que l’on sait,  de nombreux Egyptiens semblent de plus en plus mal s’accommoder de sa gestion et surtout des violences policières qui ont la peau dure dans un pays qui  aspire pourtant à plus de liberté. Cette liberté dont les espaces sont restés longtemps réduits, voire confisqués par les différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays, et qui se sont révélés tous aussi militaristes les uns que les autres.  Et tout semble indiquer qu’Al-Sissi ne veut pas déroger à cette règle. Surtout qu’en la matière, il a certainement été suffisamment instruit par la chute de son prédécesseur, Hosni Moubarak, en 2011, pour se convaincre du danger que représente cette même rue pour un régime comme le sien. L’on n’est donc pas étonné qu’en maître absolu de l’Egypte, le Pharaon Al-Sissi bande les muscles pour asseoir son autorité, face à ce qu’il voit comme une menace potentielle pour son régime.

La situation de pis-aller pourrait déboucher un jour sur un soulèvement populaire

Et il a été on ne peut plus clair sur le sujet : « la sécurité et la stabilité de la patrie (…) constituent une ligne rouge et aucune tentative d’y porter atteinte ne sera tolérée ». C’est donc une lapalissade de dire que le général Al-Sissi ne badine avec la question sécuritaire dans son pays. Pouvait-il en être autrement, dans un contexte sous-régional où la déferlante de Daesh fait figure d’épouvantail pour tous les gouvernements ? En tout cas, tout porte à croire que le général Al-Sissi ne veut pas prêter le flanc ni exposer son pays à tous ces pêcheurs en eaux troubles qui pourraient  bien profiter de telles situations pour se signaler de la pire des manières. Car, il faut éviter toute récupération ou jonction possible avec les extrémistes musulmans qui n’ont certainement pas encore digéré la façon dont ils ont été mis à l’écart du pouvoir. La question que l’on pourrait se poser maintenant est de savoir si le tout répressif pourra être toujours de mise, et si l’Egypte qui apparaît comme la plus grande nation arabe, pourra éternellement être sous la férule de la dictature. En tout cas, même si l’on peut en douter, sur la question, l’Egypte semble assumer sa  particularité : non seulement en raison de la place importante que ce pays occupe en tant que voisin de l’Etat hébreu au Moyen-Orient, mais aussi en raison de son histoire marquée par le règne de la soldatesque qui ne sait pas faire dans la dentelle. Du reste, la parenthèse de Mohamed Morsi et des Frères musulmans ne se sera pas révélée, à l’épreuve du terrain, une alternative plus heureuse pour le peuple égyptien.  Toute chose qui pourrait renforcer le général Al-Sissi dans sa posture de fermeté, surtout quand il sait que la communauté internationale ne lèvera pas le petit doigt. Mais, ce serait se mettre dans une situation de pis-aller qui pourrait déboucher un jour sur un soulèvement populaire.

Outélé KEITA


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