MASSACRES REPETES DANS LE NORD-KIVU : Beni, la maudite !
Qui sauvera la région du Beni, du nom de cette ville située dans la partie orientale de la République démocratique du Congo (RDC) ? C’est la question que tout le monde se pose après la tuerie intervenue dans la nuit du 13 au 14 août dernier, qui aura coûté la vie à 51 personnes avec de nombreuses maisons incendiées. L’attaque n’a pas été revendiquée, mais les autorités congolaises pointent un doigt accusateur sur les Forces démocratiques alliées (ADF) qui, d’ordinaire, écument la région ; si fait qu’en moins d’un an d’incursions répétées, 600 civils ont été envoyés ad patres. Beni, la ville maudite, est-on tenté de dire puisque tout se passe comme si les populations de cette partie du pays, étaient abandonnées à elles-mêmes, à la merci des rebelles et autres spadassins de tout poil. Dès lors, on comprend pourquoi dès le lendemain de ce massacre d’une ampleur jamais égalée, des manifestations hostiles au gouvernement ont eu lieu à Beni, les uns et les autres dénonçant un « déficit sécuritaire criant ». Cela est d’autant plus vrai que cette dernière attaque en date, intervient 72 heures seulement après la visite du président Joseph Kabila dans la région ; lui qui, avouant à mots couverts l’incapacité de son gouvernement à protéger les civils, promettait de tout mettre en œuvre pour « imposer la paix et la sécurité à Beni ». Il n’en aura rien été. Bien au contraire. Il semble avoir attiré davantage la furie des ADF sur les pauvres populations qui, lasses de se faire massacrer, ne savent plus désormais à quel criminel se vouer. Et c’est peu dire.
Il faut craindre que Kabila et ses Raspoutine ne récupèrent la situation en leur faveur
C’est à se demander si, comme le pensent certains, le président Kabila n’est pas pour quelque chose dans l’attaque de Beni. Car, comme on le sait, en politique, seule la fin justifie les moyens. Ce n’est pas exclu que coincé au plan interne par l’opposition et la société civile et acculé par la communauté internationale, le président Kabila joue la carte du pourrissement dans son pays, histoire de retarder les échéances électorales pour in fine obtenir le glissement du calendrier électoral qui lui permettra de rester toujours au pouvoir à l’issue de son deuxième mandat constitutionnel. Ce n’est pas impossible quand on sait que par ces temps qui courent, une dégradation du climat sociopolitique en RDC, ne profite qu’au satrape de Kinshasa, qui n’en demande pas mieux d’ailleurs. La preuve, s’il en est, c’est que sans trop attendre, le gouvernement congolais parle déjà d’attaques djihadistes. Ce qui n’est ni plus ni moins qu’un clin d’œil fait à la communauté internationale, surtout que l’heure est à la lutte tous azimuts contre les fous d’Allah. En témoignent les propos pour le moins suggestifs du porte-parole du gouvernement, Lambert Mende : « La RDC déplore que les forces armées congolaises soient seules à l’affronter (menace djihadiste) dans l’indifférence de la communauté internationale ». En tout cas, il faut craindre que Kabila et ses Raspoutine ne récupèrent la situation en leur faveur, en créant de la diversion de sorte à faire oublier l’essentiel. C’est une stratégie bien connue des dictateurs qui voient blanc là où tout le monde voit rouge. C’est à croire si le deuil national de 72 heures décrété, ne participe pas de la volonté du prince régnant de noyer le poisson dans l’eau.
Boundi OUOBA