HomeA la uneMe HERMANN YAMEOGO, PRESIDENT DE L’UNDD : « Notre pays est un Etat quasiment failli »

Me HERMANN YAMEOGO, PRESIDENT DE L’UNDD : « Notre pays est un Etat quasiment failli »


 

A la demande du vice-président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), les militants et cadres de ce parti ont organisé,  le 9 mars 2019 à Ouagadougou, une rencontre d’encouragement  au président du parti, Hermann Yaméogo, et d’interpellation sur la situation nationale.  Au cours de cette rencontre à laquelle ont assisté des responsables d’autres partis politiques, le président Hermann Yaméogo a indiqué que le pays est en « guerre contre les mésententes internes » et le camp du président de l’Assemblée nationale cause des problèmes au pays. A l’entendre, « c’est la tristesse absolue quand on voit la situation du pays » et il appelle de ce fait à « faire autrement la politique ».

 

« Quand on  s’engage en politique et surtout dans nos contrées, il faut  savoir intégrer  dans son action, la dimension de la prison et même de la mort ».  Ces propos de celui qui a dit « être né dans la politique » et qui « vit, comme d’autres, depuis 5 ans, les pires ingratitudes de l’engagement politique », ont été suivis par des mots de reconnaissance à l’assistance, en cette matinée du 9 mars 2019, à savoir :  « ce que je dois aussi dire, en vous regardant, c’est que, pris dans les mailles de l’adversité, confronté à la prison comme au défi du trépas, les témoignages de sympathie comme ce que je vis en ce moment, aident  à supporter ces cruels impondérables de la vie politique et surtout à rester rivé sur les valeurs ». Des marques de solidarité et de compassion qui l’ont gardé invariable dans ses convictions, selon ses mots. « L’union fait la force, les victoires se gagnent dans la solidarité et non dans le rêve thaumaturgique », a fait comprendre l’orateur qui a voulu tenir un langage cru, dit-il, sans ambition autre que la sauvegarde du vivre-ensemble, en appelant à rompre avec  la prédilection à privilégier les luttes primaires à celles contre l’adversaire commun.  « Laissons de côté les faux- semblants, les égoïsmes, les autolâtries et montrons-nous capables d’empathie sociale pour satisfaire les attentes de rétributions sociales dont le pays a si besoin », a lancé le président de l’UNDD qui a requis à cet effet  qu’on développe « une contre-culture qui attestera de notre réelle volonté d’avoir dorénavant le peuple pour boussole, pour ambition au-delà de nos propres personnes ».  En finir définitivement avec le sectarisme, la démarcation physique, l’exclusion  ou l’intolérance, c’est ce qu’a demandé Me Hermann Yaméogo, indiquant avec précisions : « Ne retombons pas  d’un excès dans l’autre, d’un sectarisme idéologique, politique et social dans un sectarisme ethnique, religieux ou générationnel ».

Avant d’arriver aux élections de 2020,  l’on doit sécuriser le processus électoral et surtout le peuple, de son point de vue. « Un peuple qui se meurt, disséminé par les djihadistes, les intolérances de toutes sortes et par  ce refus coupable du pouvoir d’accepter les mesures défensives et curatives offertes pour mieux le protéger ».  Pour l’homme politique qu’il est, « notre pays est un Etat quasiment failli ». Ce qui explique qu’il soit devenu  « une proie facile pour les djihadistes », à l’entendre.  Pour lui donc, la seule guerre légitime et prioritaire à mener, c’est celle de la reconquête de la paix et de la concorde nationale. Une guerre  qui repose sur des combats cruciaux sur deux fronts, selon lui : celui général de l’ordre public,  de la paix et de la concorde nationale et celui particulier de l’ordre politique  et de la légitimation  électorale. Parlant du front général de l’ordre public national, Hermann Yaméogo a indiqué que cela concerne l’ensemble des maux qui touchent à la substance de la nation, aux bases de l’Etat, à la Justice, à la sécurité, à l’économie, à l’éducation, à la morale, la santé,  aux droits  et aux libertés essentielles de chaque individu. Sans le respect et la protection de ces éléments qui touchent à la « raison d’être de l’Etat », il n’y a pas de vie en collectivité globale organisée, harmonieuse et durable, foi de l’avocat président de parti. Son constat : le pays est éprouvé sur tous ces aspects, à l’entendre : gangrène de l’insécurité voire l’occupation de grandes portions du territoire en raison de la guerre, par l’ethnicisme violent, le profond malaise économique, la déstabilisation de la justice, l’érosion des libertés  dont celle d’information.

Face au délitement de la cohésion nationale, les contre-pouvoirs devant leurs responsabilités

 

Dans une telle situation de l’Etat, « le goût de la batifole électorale, pour un patriote, ne devrait que s’émousser quelque peu, en principe », à son avis. L’ordre politique et de la légitimation électorale est doublement menacé par la rupture constatée et argumentée des équilibres de l’Etat et la mauvaise conduite actuelle du processus électoral, selon les précisions du patron de l’UNDD. Ce qui pose en soi une possible hypothèque sur les élections à venir, à son avis. Et d’indiquer que le consensus est loin d’être trouvé entre le pouvoir et les partis politiques d’opposition, entre l’Etat et les Burkinabè de l’extérieur. Ajouté à cela les retards accusés dans le processus électoral, les incertitudes au sujet de la mobilisation  des ressources, le tout faisant peser des craintes sur un report des scrutins de 2020, indépendamment des contraintes liées à l’ordre public national, selon Hermann Yaméogo. Pendant ce temps, constate-t-il, « le souci premier en face n’est pas le peuple et la sécurité collective, mais les préoccupations partisanes, la consolidation  et la conservation vaille que vaille du pouvoir ». Relevant ainsi, dit-il, la profondeur du mal et l’urgence du sursaut général. Les conditions sont aujourd’hui réunies pour une révolution, un rejet conscient, global et organisé de tout un régime et de sa gouvernance, a-t-il martelé.   Pour prévenir l’oppression et y résister, pour gagner la guerre par l’acquisition de l’arme imparable de la réconciliation nationale, il faut interpeller, confesse-t-il. A commencer par le Président du Faso, « l’obligé du peuple », dit-il, « élu à un scrutin limité par l’apartheid électoral réalisé grâce à la loi Sy Chérif ». Un président qui devrait s’inscrire, à son avis, à l’école de la réconciliation nationale. « Au lieu d’avoir le réflexe de paix et de concorde nationale, le président Roch Marc Christian Kaboré prend comme alibi la guerre contre les terroristes, l’état d’urgence, les prétendues complicités nationales avec les djihadistes, pour installer le pays dans un Etat d’exception soutenu par une justice d’exception », a déploré Hermann Yaméogo.  Pour lui, les contre-pouvoirs sont placés devant leurs responsabilités citoyennes. Et là, l’opposition politique, la Société civile, les coutumiers et religieux, et même l’Armée sont interpellés par Hermann Yaméogo qui a complété sa liste interpellatrice par les partenaires du Burkina, et principalement la France, qui portent, selon lui, une part de responsabilité dans le drame  que nous vivons au Burkina, en se taisant, explique-t-il,  sur le recul démocratique dû à l’insurrection/coup d’Etat et au système d’exclusion de la Transition. Face à ce qu’il considère comme « le délitement historique en marche de la cohésion nationale, des bases de la république et des fondements mêmes de l’Etat », les Burkinabè doivent s’engager , à son avis, à transcender leurs guéguerres traditionnelles, pour, dit-il, donner à l’union sacrée sa pleine mesure.

Lonsani SANOGO

 

 

Ces torts que le camp de Bala Sakandé cause à la nation

 

A l’endroit du président de l’Assemblée nationale, Bala Sakandé, il a indiqué que « la peur ne peut jamais tétaniser le camp des justes » et s’il y a un mauvais camp, dit-il, c’est bien celui dans lequel il se trouve. « Les torts causés par ce camp à la nation sont tels que la responsabilité du Président du Faso est d’ores et déjà engagée », a-t-il tiré la sonnette d’alarme.  « Nous aurons tous besoin d’encouragements devant ces discours nazis qui pleuvent au sein du parlement comme à la veille de la sépulcrale nuit de cristal ou de la tout autant macabre nuit des longs couteaux, face à tous ces sombres nuages qui obscurcissent dès à présent l’horizon national », a annoncé le président de l’UNDD.

 

 

 

« A 17 ans, j’étais devant un tribunal d’exception. Devant une juridiction d’exception  comme le tribunal militaire, c’est le pouvoir qui décide ».Ce régime de Roch Marc Kaboré laisse des ambassadeurs venir nous dicter la conduite à tenir. Ils sont aussi responsables de ce qui nous arrive.


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