HomeA la uneME HERMANN YAMEOGO, PRESIDENT DE L’UNDD : « Ce pouvoir (…) n’a pour vision que 2020 »

ME HERMANN YAMEOGO, PRESIDENT DE L’UNDD : « Ce pouvoir (…) n’a pour vision que 2020 »


 

 

Me Hermann Yaméogo, pour la deuxième fois en six mois, a convié la presse à une « causette » dans sa résidence à Ouagadougou. Le sujet de débat avec les médias a porté sur la nouvelle publication du président de l’UNDD, « Solution d’hier, problème d’aujourd’hui ».  C’était le lundi 7 mai dernier. Il n’a pas manqué de décocher des flèches en direction du pouvoir.

 

La résidence de Me Hermann Yaméogo a été le lieu de convergence de plusieurs journalistes, hier, lundi 7 mai 2018. Avocat, opposant, homme politique, inculpé dans le procès du putsch manqué du  16 septembre…Voici autant de casquettes qui  ont donné une certaine saveur et coloration à cette rencontre entre les journalistes et le président de l’UNDD qui, au passage et avant tout propos, a tenu à rappeler que des acteurs politiques actuels, il est l’un des plus expérimentés. Se disant constant dans ses idées et dans la défense des principes démocratiques,  Me Hermann Yaméogo fait constater qu’il a « plus de vécu politique ». Après une brève introduction dans un débat autour d’un document de plus de 400 pages, Me Hermann a laissé la parole à ses invités ; les journalistes qui semblent plutôt plus intéressés par les  sujets d’actualité nationale que par les questions de justice militaire. Du moins, les journalistes se sont intéressés au pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré. Et selon le président de l’UNDD, le président Roch Kaboré et son régime ont fait de la consolidation du pouvoir et des élections de 2020,  leurs priorités.  « Ce pouvoir cherche à se renforcer, à se consolider et n’a  pour vision que 2020 (élections présidentielles et législatives, ndlr). Le Nord n’est pas la préoccupation ». C’est la conviction de Me Hermann Yaméogo, « toujours inspiré », comme dirait un voisin journaliste. La colère s’est quelquefois mêlée aux mots : « Bon Dieu, imaginez-vous depuis Maurice Yaméogo (premier président du Burkina Faso en 1960, ndlr)  à nos jours en passant par Thomas Sankara et Blaise Compaoré, qui aurait supporté qu’une seule portion de son territoire soit occupée comme ça ? » ! Et ce n’est pas tout ce qu’il a dit sur cette question. Jugez-en vous-mêmes: « Le Nord, ce n’est pas leur tasse de thé. On peut prendre le Nord, peut-être d’autres portions, mais (pas) le Burkina utile qui vient vers Ouagadougou, vers le Centre… L’essentiel c’est d’aller à 2020 ». Selon le conférencier du jour, si le président Roch Kaboré, qui a traversé et connu certaines périodes de l’histoire de ce pays, « tenait réellement au Burkina Faso », il prônerait « l’union sacrée » et ferait appel aux militaires de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle et aux officiers en détention, pour faire face à l’ennemi.

«Solutions d’hier, problèmes d’aujourd’hui»

 

Les parenthèses de l’actualité fermées, il fallait, à un moment donné, revenir au premier objet du jour : le dernier ouvrage de Me Hermann Yaméogo intitulé «Solutions d’hier, problèmes d’aujourd’hui», traitant de la Justice militaire en lien avec le procès du putsch manqué. « Notre pays traverse, et cela devient un lieu commun, des moments qui mettent à rude épreuve, n’ayons pas peur des mots, sa cohésion. Parmi nos préoccupations majeures, il y a incontestablement la dérive judiciaire », écrit l’auteur. Dans cette « tragédie judiciaire », Me Hermann s’offusque d’un certain silence d’une partie des Burkinabè : «ce qui est flippant, ce sont les voix blafardes, sinon totalement éteintes des différents remparts sociaux, contre-pouvoirs politiques et civils, face au dévoiement de la justice et aux multiples actions de récupérations qui l’affligent. C’est ce constat qui suscite le plus de frayeurs quant au futur. Subir l’injustice est une chose, mais la subir dans l’absence de solidarité, avec la complicité de ceux chargés juridiquement et moralement de la prévenir ou par le jeu de ses propres silences, en est une autre ». Qu’est-ce à dire ? Pour saisir la quintessence des propos de Me Hermann Yaméogo, dans «Solutions d’hier, problèmes d’aujourd’hui», il faut bien se rappeler son œuvre : « La Justice militaire, on supprime ou on supprime ». Selon l’auteur, son dernier livre est la face empirique du précédent. « Il éclaire le tracé du chemin judiciaire pour une justice tronquée, exonérée de vérité. Une machine à condamner ». Tout en dénonçant les « atteintes » aux « principes judiciaires » au niveau de la Justice militaire, Me Hermann Yaméogo fait des propositions. Ces propositions consistent, entre autres, « à dessaisir la juridiction militaire pour transmettre le dossier aux juridictions de droit commun »« à décider de l’amnistie pleine et entière et immédiate », « à adopter après une amnistie conditionnelle ou non, le mécanisme de la justice transitionnelle ». La question : cette plaidoirie de Me Hermann sera-t-elle entendue, surtout par le pouvoir en place qu’il qualifie de « récidiviste indécrottable » en matière de violation de textes ? Nous n’avons pas eu la réponse à cette question.

Michel NANA

 

 

 

 

 

 


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