HomeA la uneMEETING DE L’OPPOSITION INTERDIT EN RDC : Le dernier tour de vis avant la date fatidique  

MEETING DE L’OPPOSITION INTERDIT EN RDC : Le dernier tour de vis avant la date fatidique  


 

 

Le Rassemblement des forces politiques et sociales regroupant des partis politiques de l’opposition dont l’UDPS de Etienne Tshisekedi, n’a finalement pas pu organiser son meeting le 19 décembre dernier à Kinshasa, en raison du déploiement des forces de l’ordre sur la place où l’opposant historique devait prononcer un discours au vitriol contre le président Joseph Kabila Kabengué. Le leader de l’opposition congolaise a été, en effet, confiné dans sa résidence, et l’espace réservé au meeting a servi de cadre à des rencontres footballistiques improvisées et interminables, organisées par la police congolaise sous l’œil bienveillant de son chef, le truculent et très controversé Général Célestin Kanyama. Au-delà de la théâtralisation pour ne pas dire de la bouffonnerie qui a caractérisé cette interdiction de manifester, on peut noter que le clan Kabila est prêt à tout pour museler ses contempteurs, mais en évitant autant que faire se peut d’utiliser la méthode forte qui pourrait dégrader davantage le climat sociopolitique déjà lourdement chargé, à moins d’un mois de la date fatidique du 19 décembre censée marquer la fin constitutionnelle du mandat du président actuel. En effet, depuis la cinquantaine de victimes enregistrées les 19 et 20 septembre derniers suite aux violents affrontements entre manifestants de l’opposition et forces de l’ordre, le pouvoir congolais a systématiquement rejeté toutes les demandes d’autorisation de manifester formulées par l’opposition dite radicale, officiellement pour éviter des débordements qui seraient hautement préjudiciables à l’image déjà peu reluisante du président Kabila. En clair, il s’agit pour les partisans du « glissement du calendrier électoral », de donner des tours de vis aux libertés fondamentales des Congolais qui ne veulent pas en entendre parler, afin que leur président réussisse le pari de prolonger de deux ans son bail au Palais de marbre, et qui sait, de rempiler en 2018 après avoir « torturé » encore une fois la Constitution congolaise. Le moins qu’on puisse dire est que plus rien ne semble empêcher ce scénario de se réaliser, d’autant que le trio Tshisekedi-Kamerhé-Katumbi dont beaucoup d’observateurs et de Congolais rêvaient et qui aurait pu donner du fil à retordre au parti au pouvoir, n’a malheureusement pas pu se constituer.

Le pire pourrait survenir

En effet, même si le premier est resté droit dans ses bottes et ne fait pas mystère de sa volonté de s’opposer par tous les moyens légaux à la réalisation du rêve du maître de Kinshasa, le second a préféré répondre à l’appel au dialogue national pour ne pas dire à la compromission, lancé par la majorité présidentielle, tandis que le troisième a entamé un exil vraisemblablement de longue durée, de l’autre côté de la Méditerranée. Le président Joseph Kabila a une fois encore judicieusement profité de cette incapacité congénitale de l’opposition congolaise à s’unir autour des idéaux de démocratie et d’alternance, et a voulu porter définitivement un coup de poignard en tapinois à l’irréductible Etienne Tshisekedi, en nommant aux prestigieuses fonctions de Premier ministre, l’un de ses anciens bras droits, Samy Badibanga. Mais même désunie et décrédibilisée, l’opposition politique qui a refusé de boire le calice de la compromission, restera une menace permanente pour le régime, surtout que dans cette lutte pour l’alternance, elle a désormais un adjuvant de taille, en l’occurrence la société civile de plus en plus virulente à l’égard des gouvernants. Le risque d’échauffourées avant et après la redoutée date du 19 décembre est d’autant plus plausible que le chef de file de l’opposition, Etienne Tshisekedi, est en train de mener probablement son dernier baroud d’honneur, alors que les membres de la société civile comme ceux de la Lucha et de Filimbi dont les leaders sont persécutés, n’hésiteraient pas à s’allier même au diable pour contraindre leur despote de président au respect strict de la loi fondamentale. Et comme les dirigeants congolais savent mieux que quiconque que « mieux vaut prévenir que guérir », ils ont rapidement pris le taureau de la contestation par les cornes en embastillant certains et en muselant d’autres à travers des mesures liberticides comme celles qui consistent à interdire les manifestations de rue. Au regard du calme relatif observé dans les principales villes du Congo depuis que cette stratégie du silence a été mise au point, les partisans de Kabila pourraient s’en féliciter, mais ils auraient tort de croire que le peuple docile qu’ils ont tant martyrisé, ruminera son exaspération et se laissera prendre éternellement en otage par un groupuscule entré par effraction dans l’histoire de son pays. Tout le monde, y compris les « Kabilistes », attendent avec anxiété la date butoir du 19 décembre, en oubliant que le pire pourrait survenir dans les semaines et mois qui suivront, malgré le quadrillage des villes frondeuses par les forces de l’ordre, et malgré la présence des Casques bleus dans les régions lointaines du Kivu infestées de rebelles pas toujours repentis. Kinshasa qui a durci le ton vis-à-vis de la société civile congolaise après l’insurrection populaire au Burkina Faso en 2014, doit garder à l’esprit le fait que malgré la militarisation à outrance de la ville de Ouagadougou, 48 heures chrono avaient suffi pour balayer le régime de Blaise Compaoré qui était alors considéré comme indéboulonnable.

Hamadou GADIAGA


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