HomeA la uneMEMORIAL THOMAS SANKARA : Un symposium pour examiner l’œuvre du père de la révolution burkinabè

MEMORIAL THOMAS SANKARA : Un symposium pour examiner l’œuvre du père de la révolution burkinabè


Pour  rendre hommage au père de la révolution burkinabè, Thomas Sankara, un projet de mémorial est initié en son honneur et a été lancé le soir du  2 octobre.  Toute la matinée durant, un symposium a été organisé à la maison du peuple de Ouagadougou où plusieurs panels ont été animés. Entre autres, de la mémoire de Thomas Sankara, le système révolutionnaire de Thomas Sankara,  la place de la culture et de l’Homme africain dans le système Sankara etc. Des artistes africains de renom, l’ancien président ghanéen John Jerry Rawlings et des délégations de jeunesses venues de plusieurs pays d’Afrique et d’ailleurs, ont pris part au symposium au cours duquel les panels ont été animés par le cinéaste congolais Balufu Baupa-Kanyinda, le philosophe burkinabè Abdoulaye Barro, le sociologue congolais David Gakunzi  ainsi que l’historien chercheur Lascony Nysymb Fiacre, et l’économiste sénégalais Ndongo Sylla.

« Thomas Sankara, une mémoire vivante », « l’originalité du système Sankara et ses grandes lignes pour l’élaboration d’une pensée  politique sankariste à partir des œuvres de Sankara »,  « la place de la culture et de l’Homme africain dans le système Sankara », « Thomas Sankara : la pensée politique africaine et le panafricanisme aujourd’hui », sont autant de thèmes que les panélistes ont développés au profit du public qui a pris d’assaut la Maison du Peuple le 2 octobre 2016, date anniversaire du discours d’orientation politique prononcé par le capitaine Thomas Sankara en 1984. Le ministre en charge de la culture, Tahirou Barry, a fait savoir à l’ouverture du symposium, que « ceux qui ont tué Thomas Sankara ont coupé l’arbre en oubliant les racines ».  L’économiste sénégalais Ndongo Sylla a rappelé le leadership de Sankara  qui faisait émerger les Hommes, de par la sobriété de l’homme lui-même, son refus du modèle importé. L’autosuffisance alimentaire était à son avis le maître-mot de Sankara, car, a-t-il rappelé, c’est cela qui permet de vivre libre, de vivre digne. L’éducation révolutionnaire et la santé des masses populaires  ont permis à  Sankara de réussir  la transformation sociale des masses populaires. Il a déploré les transferts illégaux de finances  hors d’Afrique, l’accaparement des terres  au détriment des populations africaines et le fait que l’Afrique est le lieu des investissements capitalistes. Résister à l’impérialisme capitaliste, au diktat de la Banque mondiale et du FMI et organiser la révolution nécessaire du 21è siècle, sont indispensables pour construire un avenir radieux à la jeunesse africaine à l’horizon 2050, selon Ndongo Sylla. Pour lui, l’Afrique doit se libérer de la servitude monétaire du F  CFA qui est une monnaie coloniale. Il a invité la jeunesse africaine à oser inventer un avenir propre, avec audace et créativité. Le philosophe Abdoulaye Barro est affirmatif : « Sankara fut un homme qui débordait d’énergie, d’opinions  et d’idées sur tous les sujets, développant de nouveaux concepts face à la complexité du  réel et du révolutionnaire ». L’œuvre du président révolutionnaire, à son avis,  a été tissée à partir de ses discours, ses conférences, ses documents personnels et familiaux, ses correspondances avec des personnes privées ou publiques, avec des discussions pointues. Sa pensée politique reste selon lui une éthique concrète et authentique.  Il a soutenu que la réflexion et l’action étaient les 2 pieds de la politique de Thomas Sankara qui a élevé l’imagination  au plus haut sommet avec une pensée projective, une pensée qui anticipe.

La mort de Sankara, un évènement quotidien pour les Burkinabè

La mort de Thomas Sankara reste, à son avis, un évènement quotidien pour les Burkinabè. Pour le philosophe, le père de la révolution burkinabè a doté le Burkina d’une âme en détruisant les idéaux de l’impérialisme. Comme lui, le cinéaste congolais Bafulu Bakupa-kanyinda a invité les Africains  à rejeter la politique organisée de l’oubli de l’œuvre de Thomas Sankara, à ne pas  céder à la lâcheté de l’oubli. « N’oubliez rien en chemin, ni la mémoire de vos pères, ni celle de vos camarades  révolutionnaires », a  recommandé le cinéaste congolais à la jeunesse africaine.  Le Burundais David Gakunzi qui n’avait plus mis pied au Burkina depuis l’assassinat de Thomas Sankara, a précisé que le sankarisme est un positionnement clair aux côtés des masses populaires, contre les bourreaux et les oppresseurs, un positionnement pour l’intégrité, l’égalité et la justice, pour vivre son africanité, selon ses mots.  Pour le pharmacien  Colonel Abdoul Salam Kaboré, président du comité d’organisation d’initiative du projet de mémorial Thomas Sankara, c’est avec  « les mains, les idées, les archives et les moyens financiers des citoyens » que le mémorial sera construit.  5 milliards de F CFA sont nécessaires pour la construction du mémorial, selon lui.

Lonsani SANOGO

 


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