MENACES CONTRE DES PRETRES EN RDC : Sale temps pour le clergé !
Depuis que l’Eglise catholique a pris le parti du peuple au détriment du pouvoir du président Joseph Kabila, l’inquiétude ne fait que grandir chez les prêtres de Kinshasa. Et c’est peu dire ! En effet, quand ce ne sont pas des hommes armés qui procèdent à des enlèvements de religieux, ce sont des appels anonymes menaçants que des prélats reçoivent chaque jour que Dieu fait. Témoignage : « On voudrait que des gens soient silencieux. Et nous, parce que nous parlons, nous devenons l’objet d’insécurité. Personnellement, je suis menacé. Je reçois des appels, des menaces. (…) Mais, malgré toutes ces menaces, nous n’avons pas peur », raconte l’abbé Placide Okalema qui était dans la rue le 21 janvier dernier, lors de la marche du Comité laïc de coordination (CLC) organisée contre le pouvoir de Kabila. L’exemple le plus illustratif de la terreur dirigée contre les hommes d’Eglise a été l’enlèvement suivi de la libération, le 4 février, d’un prêtre, à la périphérie de la capitale kinoise par des individus armés non identifiés. Et dire que cette forme de pression généralisée exercée sur l’Eglise catholique intervient au moment où a été mise en place une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur la répression des différentes manifs du CLC. Si ce n’est de la poudre aux yeux, cela y ressemble fort, tant on serait naïf de parier sur une issue objective des investigations en cours. En fait, on ne le sait que trop bien. Tout se passe comme si le régime RDcongolais cherche à faire rendre gorge au clergé qui, constatant que l’accord du 31 décembre 2016 a été sérieusement malmené, a finalement décidé de prendre ses responsabilités en allant grossir les rangs de l’opposition et de la société civile en lutte depuis maintenant plus d’un an. On se rappelle aussi, en effet, les mesures de représailles prises par Kinshasa à l’encontre de Bruxelles qui, face à la dégradation de la situation sociopolitique en RDC, avait décidé de revoir sa coopération.
Jamais on n’avait vu un dirigeant en conflit ouvert avec les hommes de Dieu
Tout cela, pour ceux qui en doutaient, est la preuve que Kabila fils est prêt à tout pour conserver son pouvoir, fût-ce au péril de la vie de ses compatriotes. En tout cas, jusque-là, on avait déjà vu et entendu des chefs d’Etat demander au clergé de s’occuper de ses affaires, comme l’avait fait à l’époque Blaise Compaoré. Mais jamais on n’avait vu un dirigeant en conflit ouvert avec les hommes de Dieu au point de vouloir attenter à la vie de ces derniers, comme c’est le cas actuellement en RDC. A vrai dire, Kabila est allé très loin. Car, l’Eglise, feint-il de l’ignorer, est le dernier rempart quand plus rien ne va dans un pays. Et il le sait mieux que quiconque. Car, n’eût été l’intervention de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) qui, grâce à l’accord de la Saint-Sylvestre, avait réussi à faire retomber la tension sociopolitique en RDC, il y a fort à parier que Kabila, même s’il ne coulait pas, aurait été sérieusement houspillé. Maintenant qu’il a repris peu ou prou la main, il décide de se mettre à dos ceux qui, hier seulement, l’ont tiré d’affaire. Ainsi va la politique ! Les alliés d’hier deviennent subitement des ennemis à abattre dès qu’ils tournent casaque. Mais que Kabila se le tienne pour dit. La pression et les autres formes de menaces ne pourront jamais émousser la détermination du clergé.
B.O