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MESURES D’ACCOMPAGNEMENT ANNONCEES PAR LE CHEF DE L’ETAT


Dans son discours adressé à la Nation dans la soirée du 2 avril 2020, le Chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, a annoncé des mesures d’accompagnement des agents économiques affectés par les mesures prises par son gouvernement afin de limiter la propagation du Covid-19. Pour savoir ce qu’en pensent certains acteurs de la vie politique et sociale, nous avons tendu notre micro à certains d’entre eux. Lisez plutôt leurs réactions !

Bachirou Soré, secrétaire national adjoint chargé de l’information et de la presse de l’UNIR/PS

«  Je pense humblement que même si ces mesures ne sont pas parfaites, c’est tout de même bon à prendre »

« Notre économie nationale est en difficulté et il faut répondre aux besoins sociaux nés de la pandémie Covid-19 tout en tenant compte de la soutenabilité à moyen terme de l’Etat et sans oublier qu’on est en guerre contre le terrorisme. Je pense humblement que même si ces mesures ne sont pas parfaites, c’est tout de même bon à prendre. J’espère que le suivi et l’évaluation qui seront faits sur la mise en œuvre permettront certainement d’opérer les ajustements nécessaires. Toutefois, je suis de ceux qui, bien que je vive chez moi, pensent qu’il fallait aussi penser à la gratuité des loyers pour les travailleurs qui n’ont pas de revenus fixes (les enseignants vacataires, les ouvriers payés par jours de travail ….). Nous invitons chacun à penser à l’intérêt supérieur pour nous permettre de sortir de cette crise le plus tôt possible. »

Nouphé Bamogo, responsable national chargé du recrutement à la confédération syndicale burkinabè

« Je salue ces mesures »

« Merci pour l’opportunité que vous m’offrez de réagir à l’adresse du Chef de l’Etat relative aux mesures d’accompagnement face au Covid-19. En tant que partenaire social, j’estime que le cri de détresse des populations a été bien perçu par le Président du Faso. Les mesures annoncées ont touché presque toutes les couches sociales de la Nation. De la réouverture des boutiques témoins (SONAGESS) à la mise en liberté de 1 207 détenus, de la suspension des frais de loyers des boutiques, la suspension des pénalités de retard des factures d’eau et d’électricité, la prise en charge des factures d’électricité de 3 ampères, la subvention à 50% des factures de plus de 5 ampères…, je salue ces mesures d’accompagnement et j’exhorte le peuple à une synergie d’action collective pour bouter le Covid-19 hors du Faso. L’heure n’est pas aux querelles revendicatives, mais à une cohésion sans faille. La pandémie, dans d’autres contrées, fait d’énormes ravages. Respectons les mesures-barrières, respectons les consignes sécuritaires. Nous sommes tous acteurs de la réussite ou de l’échec de cette lutte contre le coronavirus. »

Un travailleur de la Fonction publique sous anonymat

« C’est un discours purement politique en vue de préparer les élections de 2020 »

« Ma lecture du discours du président du Faso à la Nation, est que ça été un discours un peu politique. Car, ce qui a été dit, à mon humble avis, ne pourra pas être appliqué, surtout l’aspect des mesures par rapport aux couches sociales. Lorsqu’on dit que le petit commerçant sera soutenu, l’électricité et l’eau seront subventionnées, ça me met dans une situation inconfortable. Combien de Burkinabè ont un compteur de 3 à 5 ampères ? Ils ne sont pas nombreux. Si c’était de 10 à 15 ampères, on aurait dit que la décision est sociale. Mais cette décision par rapport à l’électricité, n’est pas du tout sociale. C’est un discours purement politique en vue de préparer les élections de 2020. Si ces mesures pouvaient être appliquées entièrement, ce serait bien. Malheureusement, ce ne sera pas le cas. Ils vont juste identifier des personnes qui sont de leur bord pour leur accorder des financements et leur faire des dons. »

Fousseni Ouédraogo, vice-président du MPS

« Aucune perspective si la pandémie venait à atteindre son pic ! »

« Je pense aussi que le président Roch aurait pu faire un clin d’œil au monde syndical par rapport à la suspension des salaires et à la suppression de l’IUTS sur les indemnités, et cela consécutivement à sa demande de trêve de décembre 2019. Il aurait pu baisser ou subventionner les prix des produits de première nécessité (riz, mil, huile, savon). On remarque, dans le discours du président, aucune mention du degré faisant grâce aux 1 207 prisonniers. Aucune perspective (construction d’hôpital d’urgence, commande express de lits équipés d’appareils respiratoires) si la pandémie venait à atteindre son pic ! »

Michel Compaoré, agent de commerce

« Il faut réorganiser les marchés afin de soulager un plus grand nombre de personnes vulnérables »

« Pour les mesures prises, je pense qu’on peut aussi réquisitionner les écoles vides et les organiser en marchés pour aider nos pauvres mamans. Je pense que ça peut être une solution pour nous soulager. J’ai vécu un cas où pour avoir des condiments, c’était un véritable problème. Je ne me retrouve pas dans le discours du chef de l’Etat. La vie au Burkina est un peu dure pour les personnes qui se débrouillent. Comment vous allez partager des vivres  à toutes ces personnes affectées par la fermeture des marchés? Les fonctionnaires, eux, ils ne sont pas nombreux. Il faut réorganiser les marchés afin de soulager un plus grand nombre de personnes vulnérables. »

Harouna Zakané, secrétaire général provincial du Houet du MPS

“Il n’y a pas eu de concertations préalables”

“Il faut d’abord saluer cette sortie médiatique, mais une chose est d’avoir essayé, une autre est de donner satisfaction. Les mesures sont centralisées sur les bailleurs de fonds. Ces mesures semblent soutenir ceux qui soutiennent le pouvoir en place. Il n’y a pas eu de concertations préalables. Quelques personnes se sont réunies pour faire sortir des chiffres; la concertation aurait permis de toucher toutes les réalités. La grâce présidentielle a été un échec. Ce sont de petits délinquants qui ont été libérés. Les prisonniers politiques ont été oubliés. La prochaine foi, il serait mieux que le président fasse plus de concertations.”

Sayouba Kindo, commerçant

“L’aide annoncée par le Président du Faso est la bienvenue”

“L’aide annoncée par le Président du Faso est la bienvenue, mais notre véritable préoccupation est que la santé revienne dans le pays. Il faut aussi que l’aide arrive aux plus démunis. L’Etat doit s’assurer que l’aide arrive à destination. Il ne faut pas se limiter à débloquer juste des milliards.”

Diakalia Traoré, secrétaire général du Syndicat des magistrats burkinabè (SMB), Juge au siège au TGI de Bobo

“Nous sommes restés sur notre faim”

“Nous, au niveau du Syndicat des magistrats, nous sommes restés sur notre faim relativement au différentes mesures prises. Si vous demandez aux populations de cesser leurs activités, il faut apporter des mesures d’accompagnement à la hauteur. Ces mesures ne sont pas appropriées, car les grands bénéficiaires sont ceux qui ont les moyens. La crise sanitaire est intervenue dans un contexte de crise sociale liée à la question de l’IUTS alors que le président, dans ses discours, ne se prononce pas sur la question. Il s’agit d’un mépris vis-à-vis des partenaires sociaux. Le décret présidentiel accordant des remises de peines à certains prisonniers n’a pas respecté la réglementation en la matière, à savoir l’article 133 de la Constitution et l’article 12 alinéa 4 de la loi 049 portant organisation, composition, attribution et fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) qui requièrent l’avis du CSM pour toute question allant dans le sens de l’exercice du droit de grâce. L’article 120 de la loi 10-2017/AN du 10 avril 2017 portant régime pénitentiaire au Burkina Faso donne compétence à la Commission d’application des peines de proposer les détenus qui ont été définitivement condamnés et qui sont à mesure de bénéficier de la remise de peine. Tous ces textes ont été foulés au pied par le décret présidentiel. Le CSM n’a pas été avisé et la Commission d’application des peines n’a pas siégé. Au regard du contenu, il y a des noms de détenus sur la liste des bénéficiaires de la remise de peine, alors que, selon la loi, ces personnes ne sont pas en mesure de bénéficier d’une remise de peine.”

Esaïe Boni dit Boni Lanky, artiste-musicien membre du groupe Africanda et promoteur culturel

« En ce qui concerne le monde culturel, on a l’impression d’être oublié”

“Déjà la gratuité pour une partie des factures d’électricité et d’eau est une bonne chose. Mais pour des personnes qui vivent au jour le jour, ce n’est pas du tout facile. En ce qui concerne le monde culturel, on a l’impression d’être oublié. L’artiste aussi est quelqu’un qui vit au jour le jour. Les premières mesures prises pour stopper la propagation de la maladie à coronavirus étaient de suspendre toutes les activités culturelles. Malgré cela, les artistes se sont mobilisés pour la sensibilisation avec des chansons. L’argent injecté pour réaliser ces chansons n’est pas venu du gouvernement alors que la sensibilisation aide aussi le gouvernement à lutter contre la pandémie. Au sortir du discours du président, c’est ce monde-là qui est oublié.”

Moustapha Ouédraogo, commerçant au grand marché de Bobo

“S’il arrive à réaliser tout ce qui a été annoncé, ce sera vraiment bien”

“Le président a fait un discours et s’il arrive à réaliser tout ce qui a été annoncé, ce sera vraiment bien. La question que nous nous posons est de savoir si les personnes qui seront réellement victimes des effets pervers des mesures anti-Covid-19 vont bénéficier des mesures d’accompagnement. Le discours du président était vraiment attendu, car cela fait déjà une semaine que les marchés sont fermés. Si tu demandes à quelqu’un de cesser son travail et de rester à la maison, tu dois lui apporter de l’aide.”

Cheikh Ahmed Conombo, étudiant en 2e année de droit à l’Université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso

“Je trouve que c’est satisfaisant”

“Le président a fait de bonnes propositions. Vu que nous traversons des périodes difficiles, le gouvernement fait des efforts pour venir en aide aux populations. Je trouve que ce sont de vrais mesures sociales parce que ça touche vraiment la société. Le président a peut-être oublié les étudiants dans ses propos, mais vu que ce sont des mesures sociales notamment les factures d’eau et d’électricité, les étudiants pourront y trouver leur compte. Je trouve que c’est satisfaisant.”

Propos recueillis par Issa SIGUIRE, Boureima KINDO et Saïbou SACKO


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