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MISE EN PLACE DES DELEGATIONS SPECIALES


Par décret n°2022-04/PRES/MPSR du 1er Février 2022 portant dissolution des conseils des collectivités territoriales, le président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) assurant les fonctions de chef de l’Etat, le Lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, a mis fin aux mandats des exécutifs locaux et a, par la même occasion, ordonné la mise en place des délégations spéciales. Suite aux instructions données par le sommet de l’Etat, la machine administrative s’est mise en branle pour donner corps aux dispositions du décret n° 2013-431/PRES/PM/MATD/MEF du 13 mai 2013 portant conditions d’installation, composition et fonctionnement des délégations spéciales des collectivités territoriales qui devront être désormais conduites par les chefs des circonscriptions administratives,  en l’occurrence les gouverneurs de régions, les hauts-commissaires et les préfets. Mais comme il fallait s’y attendre, la constitution des nouvelles équipes qui auront à charge la gestion de proximité de la vie des citoyens, ne va pas sans difficultés. Dans bien des cas, elle s’est transformée en une véritable foire d’empoigne. Quand ce ne sont pas les organisations de la société civile qui suspectent les responsables administratifs locaux de manœuvrer pour ramener l’ancien ordre conformément à leurs intérêts, ce sont les hommes politiques écartés par la loi des Délégations spéciales que l’on accuse de manœuvrer pour revenir dans les exécutifs locaux. Dans certains cas, quand ce n’est pas la pléthore d’OSC qui  ont droit à deux membres dans la composition des exécutifs locaux, qui rend quasi impossible le consensus pour la désignation de leurs représentants, c’est la définition même des OSC qui fait des gorges chaudes.

 

 

Il faut craindre que ces chaudes empoignades ne viennent en rajouter aux divergences

 

 

Mais qu’on se le dise droit dans les yeux : cette forte bousculade aux portes des hôtels de ville, dans la majorité des cas, n’est pas mue par des intentions nobles, c’est-à-dire la participation à l’œuvre de développement communal. Dans bien des esprits, ce qui est convoité, ce sont les avantages liés aux fonctions de membres des délégations spéciales. Beaucoup de candidats putatifs raisonnent en termes de parcelles à gagner, d’indemnités ou de motos ou voitures de service, sans compter tous les « deals juteux » que l’on dissimule. Très peu de ces candidats aux nouveaux exécutifs locaux, pensent à la refondation prônée par les nouvelles autorités qui ne font pas mystère de leur volonté de faire de la gouvernance vertueuse, l’une des valeurs cardinales du Burkina nouveau qui est en gestation. Il faut donc craindre que cette ruée aux portillons des mairies, ne se transforme en une bousculade aux entrées des prisons. Mais comme le dit l’adage, « il vaut mieux prévenir que guérir » et c’est dès la fondation de la maison qu’il faut redresser les murs. C’est dire si les chefs des circonscriptions administratives qui ont à charge la mise en œuvre des délégations spéciales, doivent faire preuve de diligence pour éviter que ne passent pas entre les mailles des filets, des gens incapables du moindre sacrifice pour la cause de la Nation. Ce dont a besoin aujourd’hui le Burkina Faso en péril, c’est l’esprit de sacerdoce. Et comme le montrent déjà les membres de la Commission technique chargée de rédiger les projets de texte et l’agenda de la Transition qui travaillent dans le bénévolat, il est temps que des mesures soient prises pour tous ceux qui s’invitent dans la gestion de la chose publique. Mais en attendant, il faut craindre que ces chaudes empoignades ne viennent en rajouter aux divergences d’une société qui a déjà fortement mal à sa cohésion. En tout cas, les autorités ont déjà là un morceau choisi de l’immensité de la tâche qui les attend pour sculpter les contours du Burkina nouveau qui n’apparaitra dans sa splendeur qu’après de gros coups de burin.

 

Sidzabda

 

 

 

 

 

 


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