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MISE EN PLACE DU NOUVEAU BUREAU DU SENAT EN RDC


Le bureau définitif de la Chambre haute du Parlement congolais a été élu le 2 mars 2021. Sans surprise, c’est Modeste Bahati, un proche du président Tshisékédi et candidat unique au perchoir, qui a été porté à la tête de l’institution. La mise en place de ce nouveau bureau du Sénat consacre le parachèvement de la rupture entre le président Tshisékédi et Joseph Kabila qui a vu successivement ses proches être évincés des institutions les plus importantes du pouvoir.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que le vent du changement a fini de tourner en RD Congo où jadis, le tout-puissant ex-président Joseph Kabila, est en train de devenir l’ombre de lui-même. En effet, en quelques mois, c’est un Kabila pratiquement impuissant qui a vu son influence se rétrécir comme peau de chagrin, suite à la destitution en règle de certains de ses fidèles logés à des postes-clés du pouvoir. Toute chose qui lui permettait de tenir en laisse son allié de circonstance, le président Tshisékédi, en attendant de signer son retour au sommet de l’Etat, à la faveur les prochaines élections.

 

Cette fois-ci, la situation est bien mal embarquée pour celui qui pensait pouvoir faire de Tsisékédi fils son Medvedev

 

En effet, tout a commencé par Jeannine Mabunda,  haut cadre du FCC (Front commun pour le Congo) de Joseph Kabila,  déchue dans la première quinzaine du mois de décembre 2020 de son poste de présidente de l’Assemblée nationale, suivie de la nomination, par le chef de l’Etat, d’un informateur chargé de lui constituer une nouvelle majorité à la Représentation nationale.  Ensuite, ce fut au tour de  Sylvestre Ilunga Ilunkamba de passer à la trappe, poussé un mois et demi plus tard à la porte de la Primature par une motion de censure qui est passée comme lettre à la poste devant des députés désormais largement acquis à la cause du chef de l’Etat. Dès lors, il ne restait plus que le changement du président du Sénat pour boucler la boucle du nettoyage des écuries…de Kabila dans les hautes institutions de l’Etat.  Ce qui est désormais chose faite. Alexis Thambwe Mwamba, l’ex-occupant du poste qui était sous le coup d’une pétition, ayant préféré prendre les devant en rendant sa démission en début février dernier, à l’inverse de ses deux camarades cités plus haut, qui ont tenté de faire dans la résistance avant de subir devants les élus du peuple, de cinglants revers qui les ont rappelés à la réalité du renversement du rapport de forces au sein de la coalition au pouvoir en leur défaveur.   La question que l’on peut se poser, est de savoir si ce démantèlement en règle du dispositif de Kabila au sein de l’appareil d’Etat, sonne le chant du cygne pour l’ex-homme fort de Kinshasa. On attend de voir. Mais d’ores et déjà, si le taiseux ex-chef de l’Etat garde, comme à son habitude, un silence qui ne laisse rien transparaître de sa capacité de nuisance, il convient de dire que cette fois-ci, la situation est bien mal embarquée pour celui qui, de toute apparence, pensait pouvoir faire de Tsisékédi fils son Medvedev, dans l’espoir de  rebondir à la faveur des prochaines consultations populaires.

 

Maintenant qu’il a les coudées franches pour gouverner, Fashi est attendu au pied du mur de ses promesses électorales

 

La situation est d’autant plus difficile pour le natif de Hewa Bora dans le Sid-Kivu, qu’en plus de ses déconvenues politiques nées du lâchage et de la transhumance politique de nombre de ses partisans partis grossir les rangs de la nouvelle majorité aux côtés du chef de l’Etat, il n’est pas à l’abri d’éventuels ennuis judiciaires, notamment dans l’affaire Chebeya et dans le feuilleton de l’assassinat de son père, Laurent Désiré Kabila ; deux dossiers judiciaires qui ont récemment connu des rebondissements. C’est dire si l’avenir politique de Kabila fils n’est plus aussi certain que quand il remettait le pouvoir à son successeur, il y a deux ans,  dans le secret espoir de le reconquérir au plus vite. On peut même dire qu’il se dessine désormais en pointillés, avec l’épée de Damoclès de la Justice qui semble planer sur sa tête. En attendant, c’est le président Tshisékédi qui peut boire son petit lait ; lui qui, aux premières heures de son pouvoir, a été voué aux gémonies et traité de tous les qualificatifs, et qui a désormais toutes les cartes en main pour dérouler allègrement son programme à la tête de la RDC. C’est pourquoi, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, il faut reconnaître à Tshisékédi fils un talent sinon un génie politique qui a su se retrouver dans une situation où beaucoup ne l’attendaient pas,  en renversant à la surprise générale un rapport de forces qui lui était au départ très défavorable.  Aujourd’hui, il est en passe de permettre à son pays, et c’est tout le mal que l’on puisse souhaiter à la RDC,  de tourner définitivement la page de l’une des dictatures les plus épaisses du continent africain. C’est aussi cela les bienfaits de l’alternance.  En tout état de cause, maintenant qu’il a les coudées franches pour gouverner, Fashi est attendu au pied du mur de ses promesses électorales. Et c’est peu dire qu’il n’a pas droit à l’erreur, encore moins à des excuses, s’il veut se donner des chances de rempiler à la tête de l’Etat congolais.

 

 « Le Pays »

 


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