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MISE EN QUARANTAINE DE OUAGADOUGOU


A l’issue du Conseil des ministres en sa séance du 26 mars 2020, la mise en quarantaine de la ville de Ouagadougou a été décidée ainsi que celle d’autres villes où un cas de Covid-19 a été déclaré. Et ce, à compter du 27 mars 2020. Pour constater l’application de cette mesure, une équipe de reporters est allée à la sortie de la capitale sur l’axe Ouagadougou-Fada, et la route nationale N°1 (Ouaga-Bobo) dans la matinée du 30 mars 2020. A la sortie Ouest de Ouagadougou, RN1, une équipe de la Brigade anti-criminalité (BAC) de la police nationale tente tant bien que mal de faire respecter la décision. Si certains usagers se plient à la règle, d’autres par contre foulent au pied la mesure gouvernementale en passant par des pistes détournées pour rejoindre la capitale burkinabè, Ouagadougou.

 

Les villes de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Boromo, Dédougou, Houndé, Banfora, Manga et Zorgho ont été mises en quarantaine depuis le 27 mars 2020.  48 heures après la décision du gouvernement de mettre en quarantaine les villes qui ont au moins un cas de Covid-19, pas d’entrée ni de sortie des villes concernées par cette mesure. Pour prendre le pool de ce qui se passe aux différents points de limites de la capitale burkinabè, nous avons choisi de constater de visu l’application de cette directive du gouvernement, en nous rendant au poste de péage de l’Est sur l’axe Ouagadougou-Fada N’Gourma. Dès l’arrivée de notre équipe sur les lieux, constat : le fret continuait comme si de rien n’était. En effet, de gros porteurs, des camions chargés de produits et d’articles divers ainsi que des citernes chargées, entrent à Ouagadougou. Aussi, d’autres camions  d’immatriculations étrangères, vidés de leurs marchandises, sortaient aussi de la capitale burkinabè. Ce trafic que nous avons constaté est aussi confirmé par l’agent OTRAF, présent à la sortie de la route nationale N°4. « Pour le moment, la mise en quarantaine n’a ni affecté les activités de notre faîtière ni  le trafic du fret au niveau de la RN4. En tout cas, s’il n’y a pas d’autres mesures qui  vont suivre, pour le moment, ça va. Pour le carburant, les marchandises et articles divers, nous constatons que ça continue d’entrer à Ouagadougou. Je pense qu’il n’y aura pas de problème », affirme Abdoul Karim Nikiéma, agent OTRAF. Mais ce constat  semble ne pas faire l’unanimité des acteurs présents au poste de péage. En effet, un agent du poste de  péage  de la RN4 avec qui nous avons échangé, relève qu’avec la mesure du couvre-feu, le péage est ouvert de 7h à 17h. Et il soutient que le trafic a fortement  baissé. Il le justifie par la baisse de leurs recettes journalières. Sur notre insistance sur le trafic du fret, l’agent du poste de péage est catégorique : «  le trafic du fret a aussi connu une baisse ».

 

« Nous souhaitons que la maladie du Covid-19  puisse trouver une solution »

 

Autre constat au péage sur la route nationale 4, route de Fada N’Gourma, la circulation des véhicules de transport de personnes et les véhicules personnels, est inexistante. Pas le moindre car, ni de petites voitures au point de péage. Mais pour l’agent de péage, quelques rares véhicules passent pour des cas d’urgence ainsi que ceux qui ont des laissez-passer. Cette situation crée comme conséquence, l’absence d’occupants aux abords du poste de péage. Une situation qui était  tout autre, avant la mesure de mise en quarantaine. Pas d’occupants de cars à la recherche d’un sachet d’eau par-ci ou d’une cigarette par-là.  Ce sont donc, de petits vendeurs d’eau en sachet, de nourriture qui payent aussi le lourd tribut. L’économie informelle autour du poste  de péage de la RN4 se meurt petit à petit, au fur et à mesure que les jours de quarantaine passent. Certains ne pouvant plus faire des affaires ont préféré baisser pavillon. « Actuellement, les clients sont devenus rares. Alors que nous sommes là pour avoir notre pitance quotidienne. Avant, je pouvais vendre 10 packs d’eau en sachet. Mais actuellement, je n’arrive même pas à vendre deux packs d’eau. C’est vraiment difficile pour nous qui avons des familles », a déploré Idrissa  Lankoandé, vendeur d’eau en sachet au poste  de péage de la RN4.  Et de souhaiter ceci : «  Nous souhaitons que la maladie du Covid-19  puisse trouver une solution et que nos autorités nous accompagnent dans cette phase de mise en quarantaine ». Autre fait, des cas de maladie qui se sont signalés au poste de péage de la RN4. En effet, des personnes qui veulent expédier des médicaments à des patients à Fada N’Gourma ou des documents importants, ne savent pas où donner de la tête, tant il est difficile de trouver un véhicule de transport, ou une personne capable d’acheminer votre commission pour vous. Après le poste de péage de la RN4, le cap est mis sur la sortie Ouest, la RN1, pour le même constat.  Là-bas, les éléments de la Brigade anti-criminalité (BAC) de la police nationale font ce qu’ils peuvent pour faire respecter la mesure. Si certains respectent l’injonction de faire demi-tour pour manque d’un laissez-passer délivré par la gendarmerie nationale, d’autres, par contre, trouvent les moyens de braver l’interdiction. Ils passent par des pistes détournées pour entrer dans la ville.  Pour faire face à cette situation, une équipe mobile a été initiée pour faire la ronde, notamment sur les pistes. Parfois, on assiste à des courses-poursuites entre policiers et usagers indélicats. Une fois rattrapés, les éléments procèdent à une sensibilisation avant de les inviter à repartir d’où ils sont venus. D’autres disent ne pas comprendre ce qui leur arrive. Ce qui n’est pas toujours bien perçu par ces derniers.  « Je vis au quartier Tampouy et je vais ravitailler chaque trois jours les revendeurs d’unités à Tanghin Dassouri. Je viens à peine de passer. En partant, ils (Eléments de la BAC) ne m’ont rien dit.  Mais, c’est au retour qu’on me dit que je ne peux plus passer et m’exige un laissez-passer. Je n’ai pas d’autre choix que de repartir », a laisser entendre celui qui se prénomme Adama.

 

 Boureima KINDO

 

 


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