HomeA la uneMISSION D’EVALUATION CEDEAO/ONU A OUAGA :La junte saura-t-elle éviter au Burkina d’autres sanctions ?  

MISSION D’EVALUATION CEDEAO/ONU A OUAGA :La junte saura-t-elle éviter au Burkina d’autres sanctions ?  


A la suite de la délégation de chefs d’état-major de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qui était à Ouagadougou en fin de semaine dernière, une délégation ministérielle CEDEAO/ONU a fait, le 31 janvier dernier, le déplacement de la capitale burkinabè pour évaluer la situation politique du pays au lendemain du coup d’Etat qui a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, le 24 janvier dernier. Ce, en prélude au sommet extraordinaire de l’institution sous-régionale consacré au Burkina, prévu pour se tenir le 3 février prochain dans la capitale ghanéenne. 

La question qui se pose est de savoir si le pays des Hommes intègres saura éviter d’autres sanctions de la CEDEAO, après sa suspension à l’issue du sommet extraordinaire virtuel du 28 janvier dernier, de l’institution sous-régionale. La question est d’autant plus fondée qu’il y a des raisons de croire que les décisions du prochain sommet d’Accra, dépendront du diagnostic de la situation que présenteront aux chefs d’Etat,  les missi dominici de l’instance sous-régionale, à l’issue de leur prise de contact avec les tombeurs du président Roch Kaboré.

La balle est dans le camp du colonel Damiba et ses camarades

Et surtout de la fin qui sera réservée par la junte burkinabè à ses premières exigences, en termes d’élargissement des personnalités détenues, à commencer par le président déchu, Roch Marc Christian Kaboré. Mais aussi de réponses à ses interrogations en terme de timing du rétablissement de l’ordre constitutionnel. C’est dire si la balle est dans le camp du colonel Damiba et ses camarades. D’autant qu’à la suite de la CEDEAO, l’Union africaine (UA) vient de suspendre aussi le Burkina de ses instances. C’est pourquoi l’on nourrit l’espoir que les hommes en treillis qui ont pris le pouvoir à Ouagadougou, réussiront ce qui apparaît comme un premier test, en donnant suffisamment de garanties à l’institution sous-régionale sur la noblesse de leurs intentions. Faute de quoi, l’on peut s’attendre à des sanctions supplémentaires qui pourraient, cette fois-ci, les cibler directement. Question, pour la CEDEAO, de maintenir la pression en attendant de juger le colonel Damiba et ses camarades sur pièce quant à la tenue de leurs engagements.  Autant dire que les lourdes sanctions infligées au Mali voisin, peuvent faire nourrir des craintes et autres appréhensions chez certains Burkinabè. Mais de là à faire le parallèle entre les deux pays, il y a un pas qu’il faut se garder de franchir. Car, dans le cas d’espèce, tout porte à croire qu’à l’étape actuelle, au Burkina, la CEDEAO attend de jauger les intentions réelles du MPSR (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration)  qui s’est, soit dit en passant, déjà engagé au rétablissement de l’ordre constitutionnel dans un « délai raisonnable ». Et surtout, au-delà de la demande de libération immédiate des personnalités arrêtées,  d’être éclairée sur  la durée de la transition et le processus devant conduire à sa fin.

Il appartient au MPSR de savoir rassurer les Burkinabè

Ce qui n’est pas le cas du Mali où un  chronogramme de cinq ans de transition ensuite ramené à quatre, a été proposé par Assimi Goïta et ses camarades, après avoir manqué au respect du calendrier initial des dix-huit mois de transition pour lequel ils s’étaient engagés. C’est ce qui semble, du reste,  justifier le courroux de la CEDEAO et expliquer les mesures drastiques de rétorsion visant à amener les autorités transitoires du Mali à se raviver. C’est dire si le Burkina Faso n’est pas, pour le moment, dans le même cas de figure. Ce qui ne semble pas présager, pour l’instant, de sanctions allant dans le sens d’un isolement diplomatique et économique du pays. Mais il n’est pas exclu que Ouagadougou subisse les mêmes sanctions si Paul Henri Damiba et ses frères d’armes s’avisaient à vouloir répéter sur les rives du Kadiogo, la même gamme que Assimi Goïta et ses camarades ont entonnée sur les rives du Djoliba.

En tout état de cause, au-delà de la CEDEAO, il appartient au MPSR de savoir rassurer les Burkinabè. Car, passés les premiers moments d’émotions, ils sont encore nombreux à s’interroger sur la destination du train du MPSR.  C’est pourquoi la nécessité de tracer le plus rapidement possible, une feuille de route claire afin de donner plus de lisibilité à leur action, s’annonce comme un impératif de premier ordre. Car, il s’agit, pour les Burkinabè, de savoir où ils vont avec le MPSR ; ce qui pourrait renforcer leur confiance aux nouvelles autorités.  C’est dire s’il faut surtout éviter de semer le doute dans l’esprit des Burkinabè en donnant  l’impression d’un pilotage à vue, ou d’une impréparation à la gestion du pouvoir d’Etat après avoir renversé les autorités élues.

                                                                           « Le Pays »

 


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