MODIFICATION DE L’ARTICLE 37:Blaise Compaoré invité à fixer la date du référendum

Le 23 août 2014, la capitale du Burkina était en effervescence politique. En effet, pendant que plus de 100 000 militants de l’opposition, selon les organisateurs, battaient le pavé au cours d’une marche, pour dire non à la tenue d’un référendum dans le but de modifier l’article 37 afin de permettre à Blaise Compaoré de briguer un nouveau mandat, les femmes du parti au pouvoir tenaient un meeting à la Maison du peuple, pour dire au locataire de Kosyam de fixer le plus rapidement possible la date du référendum.

« Oui » ; « Non ». Voilà les deux mots qui étaient à l’honneur à Ouagadougou, le samedi 23 août dernier. « Oui au référendum », « Oui à la modification de l’article 37 », « oui à la mise en place du Sénat », scandaient les femmes du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), dans une Maison du peuple pleine à craquer. Venues nombreuses à la convocation des responsables des femmes du parti, ces militantes n’avaient qu’un seul objectif : demander au président Blaise Compaoré de fixer le plus vite possible la date du référendum, car elles sont prêtes à aller aux urnes. « Nous sommes fin prêtes et nous n’attendons que le jour du référendum pour exprimer nos voix. Nous n’attendons que le président Blaise Compaoré pour fixer la date. Et c’est pour lui demander de fixer cette date que nous avons tenu ce meeting », a affirmé Pauline Traoré/Nignan, secrétaire chargée de la mobilisation des femmes, qui a salué la mobilisation des militantes. En remplissant recto-verso, de haut en bas la Maison du peuple, a-t-elle dit, « vous témoignez de votre constante disponibilité et de votre engagement déterminé à œuvrer pour l’atteinte des nobles objectifs de notre grand parti, le CDP ». Le référendum, fait-elle savoir, est la solution pour la paix au Burkina Faso. La secrétaire chargée de la mobilisation des femmes du CDP dit ne pas comprendre pourquoi l’opposition ne veut pas aller au référendum. « Si elle est sûre qu’elle va le remporter, qu’elle laisse convoquer le peuple. Seul le peuple peut nous départager », martèle-t-elle, avant de dire que les manifestants qui, au même moment, « battent le goudron pour dire non au référendum et au respect de la Constitution du Burkina Faso », cachent des intérêts égoïstes. Pour elle, c’est le fait que le CDP ait réussi sa forte mobilisation, en remplissant le Stade du 4- Août pour dire un « Oui » franc et sincère au référendum, qui à poussé leurs adversaires à faire feu de tout bois.

L’ombre du virus Ebola a plané sur la Maison du peuple

« Mais le peuple a découvert leur supercherie et ne se laissera pas embourber par des politiciens en perte de vitesse, qui espèrent arriver au pouvoir par la courte échelle », a indiqué Pauline Traoré/Nignan, avant d’ajouter : « S’ils sont honnêtes avec eux-mêmes, qu’ils aillent au référendum pour permettre au peuple souverain de départager. Nous, ce que nous demandons, c’est la fixation de la date de ce référendum le plus tôt possible ». Une doléance que les femmes ont transmise au secrétaire exécutif national, Assimi Kouanda, présent dans la salle, afin qu’il la fasse parvenir au président Blaise Compaoré. «Votre message a été reçu 5 sur 5 et sera transmis à qui de droit », a rassuré Assimi Kouanda qui, sous une forme poétique, a salué la mobilisation des femmes de son parti. « Femmes battantes et responsables du parti au pouvoir, charmantes et dignes femmes du CDP, mères, épouses, sœurs et filles du CDP, merci pour votre mobilisation sans faille pour dire oui au référendum. C’est une réponse à ceux qui rêvent et prétendent qu’ils sont démocrates et qu’ils aiment leur peuple mais lorsqu’on leur dit d’aller devant lui, ils refusent », s’est exprimé Assimi Kouanda sous les applaudissements bien nourris du public. « Ces gens- là aiment-ils le peuple ? », a-t-il demandé. « Non, pas du tout », ont répondu les femmes du CDP. Et le secrétaire exécutif du parti au pouvoir de leur demander de rester toujours mobilisées, car « si nos adversaires ont peur aujourd’hui, c’est parce qu’ils savent que toutes les femmes du Burkina Faso sont derrière le président Blaise Compaoré ». Dans la cuvette de la Maison du peuple où les femmes ont fait le show sous la direction de Benjamine Douamba, il n’a pas seulement été question de politique. Les militantes du parti au pouvoir ont également parlé du virus Ebola. Une sensibilisation a été faite pour permettre aux femmes de prévenir cette maladie qui a endeuillé de nombreuses familles dans la sous-région ouest-africaine. « Nous devons employer des gestes simples qui vont du lavage des mains au savon au rejet des aliments de brousse, notamment la viande de chauve-souris, et à amener toute personne faisant la diarrhée, vomissant et ayant la fièvre dans un centre de santé », a conseillé Pauline Traoré/Nignan

Yannick SANKARA et Colette DRABO