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MOROSITE SOCIO-ECONOMIQUE AU BURKINA


 Le tout n’est pas de pressurer le pauvre contribuable…

Les Burkinabè célèbreront en toute sobriété, les fêtes de fin d’année.  Exit les grandes beuveries et les grandes orgies alimentaires. Et il ne faut pas chercher loin les causes de cette austérité : c’est la morosité socioéconomique et l’insécurité ambiantes. Et c’est dans ce contexte déjà difficile pour les populations, que le Fonds monétaire international (FMI) a décidé de recadrer publiquement le gouvernement, l’invitant à faire des efforts supplémentaires pour maîtriser la masse salariale, soulevant, du même coup, de nouvelles inquiétudes pour le pouvoir d’achat des travailleurs déjà durement éprouvés par le nouvel envol des prix des hydrocarbures et leur corollaire. Et comme si tout cela ne suffisait pas, le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré annonce de nouvelles taxes pour le contribuable dans le cadre du Budget 2019 de l’Etat, qui vient d’être acté par la Représentation nationale. C’est dire si la situation socio-économique nationale va de Charybde en Scylla ; toute chose qui promet des étincelles pour la nouvelle année qui se profile à l’horizon. Loin de nous l’idée de jouer les Cassandre mais l’ébullition du front social qui se fait déjà entendre avec le bras de fer entre les syndicats de l’éducation et le gouvernement, annonce la couleur.

La question que l’on pourrait se poser face à cette situation nationale qui s’annonce des plus explosives, est la suivante : le gouvernement  a-t-il fait le bon choix en décidant de pressurer davantage le pauvre contribuable ? Même s’il est difficile de répondre franchement par l’affirmative, l’on peut dire qu’il a ses raisons. Le gouvernement de Paul Kaba Thiéba n’a eu de cesse de rappeler l’explosion de la masse salariale qui limite les investissements dans les secteurs de la croissance et les secteurs sociaux. Quoi de plus normal qu’en réponse, l’on élargisse l’assiette fiscale dans un contexte de raréfaction de l’aide publique au développement.

Le civisme fiscal est la chose la moins partagée sous nos cieux

Et puis, dans la dynamique de la lutte contre l’insécurité, il est de bon aloi que tous les citoyens mettent la main à la poche pour soutenir  l’effort de guerre. Mais à examiner de près la situation, l’on peut émettre des réserves vis-à-vis des nouvelles mesures fiscales prises par le gouvernement.

D’abord, l’argument de la masse salariale, repris par le FMI, ne résiste pas à l’analyse. Car il suffit seulement de faire une petite comparaison entre les normes internationales et le ratio des fonctionnaires par rapport à la population, pour se rendre compte que le Burkina est encore loin du compte. Pire, alors que le gouvernement dit investir prioritairement dans les secteurs sociaux comme l’éducation et la santé, l’on se rend compte que 88 % des fonctionnaires qui sont des enseignants, ne se partagent que les 12% des 800 milliards de F CFA mis à l’index. Cela veut dire, en termes clairs, que l’Etat paie très grassement des fonctionnaires dans des secteurs non prioritaires ou qu’il entretient des institutions budgétivores dont la plus-value sur le bien-être des populations, n’est pas évidente.

Ensuite, ce qui est en cause, c’est moins les 800 milliards de F CFA de la masse salariale  que le taux de recouvrement qui reste largement en deçà des attentes. On le sait, le civisme fiscal est la chose la moins partagée sous nos cieux, à commencer même par ceux qui doivent donner l’exemple. En plus, le gouvernement semble manquer d’ingéniosité pour créer de la richesse. Car des pans entiers de l’économie échappent au fisc. A titre d’exemple, l’on peut prendre le cas des marchands ambulants qui envahissent tous les espaces publics sans payer le moindre sou au fisc. L’on peut aussi souligner le manque de volonté du régime décrié par la Coalition Contre la Vie Chère (CCVC), de récupérer les milliards de F CFA de crimes économiques.

En tout état de cause, ce qu’il faut déplorer, c’est le manque de vision du gouvernement, doublé d’un manque de leadership fort. En tout cas, ce qu’attendent les Burkinabè, c’est de voir leurs dirigeants se serrer aussi la ceinture au moment où ils le demandent à leurs administrés. Toute autre attitude rend inévitable le clash.

SAHO  


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