MORT DE AL BAGHDADI:A quand le trophée de guerre du G5 Sahel ?
Le chef du groupe terroriste international Etat islamique, « Abou Bakr al-Baghdadi est mort ». C’est le président américain, Donald Trump, qui l’a annoncé le 27 octobre dernier. A en croire le locataire de la Maison Blanche, le chef djihadiste qui tire en partie sa triste célébrité de nombreux attentats sanglants dans plusieurs pays et de multiples exactions et atrocités en Irak et en Syrie, « n’est pas mort en héros, il est mort comme un lâche ».
Un lâche pleurnichard qui, retranché comme un rat dans un tunnel de protection, a d’abord essayé de sauver sa peau, avant de faire exploser sa « veste » chargée d’explosifs. Un acte ultime et désespéré qui a aussi coûté la vie à trois de ses enfants dont il était entouré dans sa cache souterraine. Mais au-delà de la mort de ce grand chef terroriste, c’est la lâcheté dont on dit qu’il a fait montre au cours de sa traque, qui donne à réfléchir.
En manquant de mourir avec dignité, Abou Bakr al-Bagdadi finit de convaincre que les terroristes ont aussi peur de la mort
En effet, en faisant preuve de poltronnerie et en manquant de mourir avec dignité devant ses adversaires, Abou Bakr al-Bagdadi dont le successeur serait Abdullah Qardash, finit de convaincre que contrairement à ce qu’ils veulent faire croire, les terroristes ont aussi peur de la mort et que ce sont finalement les plus faibles et les naïfs que les chefs envoient au casse-pipe, pendant qu’eux-mêmes tentent de se mettre à l’abri avec leur famille.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’après Georges Bush dont Saddam Hussein paraît à bien des égards comme le butin de guerre, Barack Obama qui a « lavé l’affront » de l’Amérique en traquant Oussama Ben Laden, l’auteur des attentats du 11 septembre, jusque dans son terrier d’Abbottabad au Pakistan, c’est au tour de Donald Trump d’accrocher à son arc, la plus grande figure contemporaine du terrorisme mondial, en la personne de Ibrahim Awad al-Badri alias Abou Bakr Al Baghdadi, calife autoproclamé de l’organisation Etat islamiste.
Mais à quand un trophée de guerre pour les pays du G5 Sahel pris depuis quelques années dans les tenailles de groupes terroristes aux sombres motivations et qui sèment à tout-va la mort et la désolation partout sur leur passage ? Question à mille tiroirs, tant la faiblesse des moyens matériels et financiers de ces pays ne plaide pas a priori pour un tel exploit à court et moyen termes. Mais à leur décharge, moins que leur incapacité à faire face à la situation, c’est le jeu trouble de certains de leurs partenaires de premier plan, qui tend à hypothéquer leurs chances de succès dans cette lutte contre les forces du mal.
En effet, Kidal, par exemple, qui reste une épine dans le pied de Bamako, demeure toujours une énigme quant à la nature de ses relations avec Paris dont les troupes y ont paradoxalement pied sans que les Fama (Forces armées maliennes) n’aient droit à ce qui paraît pour elles un « privilège ». Or, tant que Kidal ne rentrera pas dans la République du Mali pour être sous contrôle, la situation d’insécurité et de ni paix ni guerre que vit le septentrion du pays de Ibrahim Boubacar Kéita, risque de déteindre encore pour longtemps sur les autres pays voisins menacés d’instabilité par la récurrence et la recrudescence des attaques terroristes.
En attendant qu’une autre tête de l’hydre se mette en évidence, c’est le monde entier qui peut pousser un ouf de soulagement
Qui donc pour sauver les pays du Sahel ? En attendant d’avoir la réponse à une telle question, c’est peu de dire que la neutralisation de ce grand chef terroriste par les Etats-Unis, au-delà de l’œuvre de salubrité mondiale qu’elle représente, fait aussi rêver les populations du Sahel qui ne savent plus vraiment à quelle armée se vouer, et qui ne demandent qu’à être débarrassées de l’hydre terroriste qui ne cesse d’endeuiller les familles. Et la mort d’al-Baghdadi a fait naître l’espoir que le salut peut venir de l’Oncle Sam qui a placé certains de ces chefs terroristes dont le tristement célèbre Iyad Ag Ghali, sur sa liste noire. Car, l’Amérique est connue pour ne pas badiner avec ses ennemis déclarés, surtout quand son honneur et ses intérêts sont en jeu. Et elle a suffisamment montré qu’elle finit toujours par triompher, à force de patience et de persévérance dans leur traque. Le tout, frappé du sceau de la discrétion et du secret, jusqu’au triomphe final.
Mais, pour des raisons qui échappent au citoyen lambda, tout porte à croire que l’Amérique évite soigneusement de poser des actes visant à remettre en cause le leadership de la France au Sahel alors que la sincérité de cette dernière dans la lutte contre le terrorisme, est sujette à caution au point que des voix s’élèvent de plus en plus pour demander le départ des forces étrangères de certains pays du Sahel. En tout cas, l’on peut se laisser convaincre que si les Etats-Unis ont pu traquer et mettre hors d’état de nuire des figures emblématiques du terrorisme international comme Oussama Ben Laden ou Abou Bakr al-Baghdadi, il n’y a pas de raison qu’ils ne puissent pas en finir avec des chefaillons régionaux qui sont loin de la carrure des grands chefs terroristes ci-dessus cités. Mais encore faudrait-il que cela soit pour eux une priorité. Ce dont on peut douter, surtout depuis que Donald Trump dont la position peut avenante envers l’Afrique est connue, a installé ses pénates à la Maison Blanche.
En tout état de cause, en éliminant le chef de l’Etat islamique, Donald Trump a certes rendu service à l’Amérique. Mais en attendant qu’une autre tête de l’hydre se mette en évidence, c’est le monde entier qui peut pousser un ouf de soulagement.
« Le Pays »