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MORT TRAGIQUE DE MOHAMED MORSI


C’est un véritable coup de tonnerre dans le ciel égyptien. En effet, l’ancien président égyptien, Mohamed Morsi, a passé l’arme à gauche, hier, 17 juin 2019, alors qu’il comparaissait pour la énième fois devant un tribunal. Il serait décédé suite à un malaise, selon des sources officielles. Il faut rappeler que Morsi, devenu, en 2012, le premier président élu, sous la bannière du Parti liberté et justice, la branche politique des Frères musulmans, à l’issue d’une présidentielle librement organisée dans l’histoire de l’Egypte, avait été renversé, un an après, par un coup d’Etat militaire perpétré par l’actuel homme fort du pays des Pharaons, le maréchal Al-Sissi, son ministre de la Défense et chef de l’Armée d’alors. Depuis lors, il a fait l’objet de nombreux chefs d’inculpation d’espionnage, de conspiration avec le Hamas et le Hezbollah, et d’évasion collective d’une prison en 2011. Après avoir été condamné à sept ans de prison, le disparu comparaissait encore pour une autre « affaire d’espionnage » pour ses contacts jugés suspects avec le Hamas palestinien. Morsi tire donc sa révérence en emportant dans sa tombe bien des zones d’ombres liées à ces affaires.

Al-Sissi aurait tort de se réjouir de la mort de cet homme qu’il aura contribué à tuer à petit feu

Que retiendront les Egyptiens de cet ancien chef d’Etat qui aura été condamné en 2015, à la peine de mort et qui n’aura finalement donc bénéficié de la moindre mansuétude jusqu’à son dernier souffle ? Héros ou martyr ? Triste fin, en tout cas, pour cet ancien membre de la confrérie des Frères musulmans qui aura passé de la gloire à la décadence et pour ainsi dire, bu jusqu’à la lie, la coupe amère de la déchéance jusqu’à ce que mort s’en suive. A présent, l’Egypte saluera-t-elle la mémoire de son premier président civil ? Va-t-elle lui réserver des obsèques nationales ou va-t-elle l’accompagner dans sa dernière demeure comme un citoyen Tartempion ? On sait, en tout cas,  que
ses admirateurs garderont de lui le souvenir d’un symbole ; celui de la résistance. Mais quel que soit le reproche qu’on peut lui faire, le disparu mérite des égards post-mortem et le peuple égyptien qui n’a pas, il est vrai, été en phase avec lui à un moment de son règne, devrait à tout le moins, lui rendre les hommages dus à un ancien chef d’Etat qui aura, après tout, été le premier chef d’Etat démocratiquement élu de l’histoire de l’Egypte. Son successeur, Al-Sissi, qui lui vouait certainement une haine viscérale, aurait tort de se réjouir de la mort de cet homme qu’il aura contribué à tuer à petit feu.

Drissa TRAORE

 


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