HomeA la uneNOMINATION D’UN GENERAL EN ACTIVITE A LA TETE DU PARTI AU POUVOIR AU BURUNDI : Ainsi donc, l’armée burundaise est apolitique !

NOMINATION D’UN GENERAL EN ACTIVITE A LA TETE DU PARTI AU POUVOIR AU BURUNDI : Ainsi donc, l’armée burundaise est apolitique !


 

A entendre certaines organisations de défense des droits de l’Homme, des soldats et officiers de l’armée burundaise sont actuellement l’objet d’une répression de la part du pouvoir de Pierre Nkurunziza. En cause, ils sont accusés, à tort ou à raison, d’avoir des accointances avec des partis politiques opposés au 3e mandat du président. La réaction de la  Grande muette ne s’est pas fait attendre. En effet, un haut responsable de l’armée a décrypté ces révélations comme relevant de la machination politique. Dans la foulée, il a martelé que l’armée burundaise est apolitique. C’est dans ce contexte que le Général Evariste Ndayishimiye, toujours en activité, a été nommé comme premier responsable du parti au pouvoir, c’est-à-dire le CNDD/FDD. Même dans l’hypothèse où les textes du pays admettraient la nomination de personnalités de ce profil à la tête des partis politiques, l’on peut tout de même relever le caractère incongru et atypique de l’acte, dans une république qui se veut démocratique. Ailleurs, l’on aurait crié au scandale. Mais au Burundi de Pierre Nkurunziza, l’on ne doit pas en être étonné outre mesure.

Le visage martial que vient de prendre le parti au pouvoir n’augure rien de bon pour le Burundi

Car, ce pays évolue en marge du paradigme de la démocratie depuis notamment que l’ancien professeur de gymnastique a pris la responsabilité sur lui de tripatouiller la Constitution pour s’accrocher au pouvoir. Depuis lors, le pays marche sur la tête. Et tout indique qu’il en sera ainsi, tant que Nkurunziza sera à la tête du pays. Avec la nomination d’un Général en activité à la tête du parti au pouvoir au Burundi, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’armée risque de se politiser. Toute chose qui va davantage nuire à sa cohésion. Car, les promotions en son sein ont de fortes chances de se faire désormais en fonction des services rendus au parti et de la loyauté envers la personnalité qui l’incarne, c’est-à-dire le satrape burundais. Un an après son passage en force pour s’accrocher au pouvoir, Pierre Nkurunziza ayant célébré l’an I de son 3e mandat, le 20 août dernier, cette nomination sonne comme un durcissement du régime. Et ce visage, peut-on dire, martial que vient de prendre le parti au pouvoir, n’augure rien de bon pour le Burundi. D’abord, au sein même du CNDD-FDD, le Général pourrait être allergique à tout débat critique. Or, un parti politique qui se refuse à ce jeu, n’en est pas un. C’est plutôt une structure qui regroupe des « béni oui oui » destinés à accompagner tous les actes du roi Pierre Nkurunziza, même ceux qui heurtent visiblement la conscience humaine. De ce fait, l’on peut dire que la nomination d’un Général 5 étoiles en activité à la tête du parti au pouvoir, avec bien sûr la caution de Pierre Nkurunziza, si ce n’est lui qui l’a imposé, est la meilleure manière pour le président d’avoir le contrôle absolu sur tout ce qui se dit et se fait à l’intérieur de sa formation politique. Et quand on sait que ce parti a été créé par lui pendant qu’il était dans le maquis à l’effet de s’emparer du pouvoir par la force, l’on peut comprendre pourquoi  le CNDD/FDD ne peut pas fonctionner aujourd’hui comme un parti normal. D’ailleurs, la plupart des cadres militaires qui sont aujourd’hui aux commandes de l’armée burundaise, sont issus de ses rangs. De ce point de vue, l’on pourrait s’attendre à ce qu’ils observent un devoir de reconnaissance envers le parti au pouvoir. Et c’est ce que semblent faire aujourd’hui certains d’entre eux, au regard du fait qu’ils ne se font aucun scrupule à casser de l’opposant pour conforter le pouvoir de leur mentor.

Le CNDD-FDD a tous les attributs d’un parti-Etat

C’est pourquoi aujourd’hui, l’on peut se poser la question de savoir si véritablement, le Burundi dispose d’une armée au sens républicain du terme. L’appellation qui sied est de dire que ce qui tient lieu d’armée dans ce pays, est un regroupement d’individus dont la plupart donne l’impression d’avoir prêté serment sur la fidélité infaillible à un homme et à ses intérêts. Dans ces conditions, la chose la plus indécente est de dire que l’armée burundaise est apolitique. Car, les faits parlent d’eux-mêmes. Et le moins que l’on puisse dire est que la nomination d’un Général à la tête du parti au pouvoir en est un exemple. Et l’on peut parier que le Général ne va pas tarder à sévir d’abord contre ses camarades du parti, qui seraient disposés à user de leur libre-arbitre. Ensuite, sa colère et son tempérament d’officier formaté à l’école de la dictature de son mentor vont s’abattre, pour sûr, sur tout ce qui ressemble à l’opposition. L’on peut craindre cela de  lui, d’autant plus que le CNDD-FDD à la tête duquel il se retrouve aujourd’hui, a tous les attributs d’un parti-Etat. Et l’on sait de quoi est capable un parti de ce genre sous nos tropiques. Ce dont il n’est pas permis de douter est que le parti-Etat ne peut pas s’accommoder de la démocratie. Progressivement et sûrement donc, l’homme fort de Bujumbura est en train de renforcer tous les appareils idéologiques de sa dictature. Le fait de nommer un homme en treillis, qui plus est fait toujours partie de l’effectif de l’armée nationale, participe de cela. Là-dessus, personne ne doit se méprendre. Car, les dictateurs ne se fixent aucune limite quand ils s’agit de braver l’adversité pour sauver leur pouvoir. Aujourd’hui plus que jamais, le Burundi de Pierre Nkurunziza est dans ce scénario. Tous les actes qui émanent de ce dernier doivent être interprétés à l’aune de cette réalité. De ce point de vue, Pierre Nkurunziza est dans sa logique en nommant le Général Evariste Ndayishimiye à la tête de son parti, bien qu’il soit toujours en activité. Et quand les autorités burundaises affirment malgré tout que l’armée burundaise est apolitique, l’on ne peut que répéter après elles ceci : ainsi donc, l’armée au pays de Nkurunziza est apolitique ! De qui se moque-t-on ?

« Le Pays »


Comments
  • Commentaire…humm

    22 août 2016

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