HomeOmbre et lumièreNON-PAIEMENT DES FACTURES LIEES AUX EVACUATIONS SANITAIRES : Quand le Burkina exporte ses mauvaises pratiques

NON-PAIEMENT DES FACTURES LIEES AUX EVACUATIONS SANITAIRES : Quand le Burkina exporte ses mauvaises pratiques


Un Etat moderne et crédible se reconnaît, entre autres, à sa capacité à faire face à ses engagements. Vu sous cet angle, force est de reconnaître que l’Etat burkinabè a encore du chemin à parcourir pour se voir décerner cette qualité. En effet, on se souvient encore du non-paiement de la dette de l’Etat aux médias privés. Le montant s’élève à plus de 300 millions de F CFA. Alors que cette défaillance n’a pas encore fini de défrayer la chronique, voilà que le Conseil des ministres, en sa séance du vendredi 31 mars 2017, informe les Burkinabè que « la mise en œuvre des évacuations sanitaires connaît des difficultés du fait que l’Etat reste à ce jour redevable vis-à-vis de différentes cliniques, hôpitaux et partenaires à l’extérieur ». La dette n’a pas été quantifiée. Mais la probabilité est grande qu’elle n’ait rien à voir avec les 300 millions de F CFA dûs aux médias privés. Ainsi donc, l’Etat burkinabè a la triste réputation d’exporter ses mauvaises pratiques. Et l’on imagine l’image que cela renvoie à l’extérieur. En tout cas, et c’est peu dire, elle est loin de celle d’un pays digne de respect et de confiance. Et au rythme où vont les choses, il faut craindre que les évacués sanitaires soient refoulés par les partenaires de l’extérieur. Car, ce n’est pas par charité qu’ils reçoivent nos patients. Certes, le Conseil des ministres a instruit les ministres concernés par la question de trouver des solutions diligentes pour le règlement des arriérés, mais une chose est de donner des instructions, une autre, et c’est le plus important, est de traduire ces instructions dans les actes. En effet, c’est à ce niveau que le bât blesse. L’on peut avoir l’impression que certains agents indélicats intervenant dans la chaîne financière, mettent un point d’honneur à s’asseoir sur les dossiers, soit par pure méchanceté soit par intérêt.

 

lever le plateau technique pourrait s’apparenter à une manière de tuer la poule aux œufs d’or

Et comme sous nos cieux, le suivi des décisions gouvernementales est la chose la moins partagée, ce n’est pas demain la veille que le règlement des arriérés va être opérationnalisé. Les patrons des médias privés à qui l’Etat reste redevable, sont bien placés pour évoquer cet état des choses. Et si après plus d’un demi-siècle d’indépendance, notre pays porte fièrement le bonnet d’âne en matière de développement, ces mauvaises pratiques y sont pour quelque chose. L’on avait eu la faiblesse de croire qu’avec l’insurrection populaire et la rupture tant prônée, le requiem de ces mauvaises pratiques qui plombent le développement de notre pays serait dit. Mais rien n’y fît. Et quand, dans ces conditions, les gouvernants prétendent tirer le pays vers l’émergence, l’on ne sait pas s’il faut en rire ou en pleurer. Au-delà du non- paiement des factures liées aux évacuations sanitaires, l’on peut évoquer d’autres problèmes qui y sont liés. Si l’on dresse un répertoire des évacués sanitaires du pays, l’on peut parier que dans leur écrasante majorité, ce sont des hommes et des femmes qui appartiennent à la haute sphère de la société. Par conséquent, l’on peut supposer qu’ils ont les moyens pour prendre en charge leur évacuation à l’extérieur. Et ce qui peut choquer davantage le pauvre contribuable, c’est que dans certains cas, il peut s’agir de pathologies bénignes qui peuvent être traitées au plan domestique. Et quand on fait le rapport entre les coûts que cela représente pour l’Etat et l’argent qu’il faut injecter pour relever nos plateaux techniques, l’on peut mesurer à quel point le pays marche sur la tête. La situation est d’autant plus révoltante que le pays ne manque pas de compétences pour prendre en charge bien des évacuations sanitaires. En effet, dans la sous-région et voire en Afrique, le Burkina a la réputation d’avoir des praticiens de la santé dont la qualité ne fait l’ombre d’aucun doute. La preuve, s’il en est encore besoin, c’est le nombre impressionnant d’agrégés en médecine que le pays engrange depuis un certain temps, dans le cadre des concours organisés par le CAMES (Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur). Seulement, l’on peut avoir l’impression que l’Etat a fait l’option de ne pas leur permettre de montrer toute l’étendue de leurs compétences en mettant à leur disposition des plateaux techniques dignes de ce nom. Et ceux qui sont à l’origine de cela, savent ce qu’ils gagnent. En effet, à ce que l’on dit, derrière les évacuations sanitaires, se cachent des affaires juteuses. Relever le plateau technique pour réduire de façon drastique les évacuations sanitaires à l’étranger, pourrait s’apparenter pour eux à une manière de tuer la poule aux œufs d’or. C’est donc ceci qui pourrait expliquer cela. C’est pourquoi l’on peut être sceptique quand le gouvernement instruit les ministres concernés par les évacuations sanitaires, de prendre les mesures nécessaires pour relever le plateau technique de nos formations sanitaires. Car, dans ce pays-là, ce ne sont pas les idées lumineuses qui font défaut. Ce qui manque, c’est la volonté politique de les traduire dans les faits. C’est pourquoi, comme Saint Thomas, on attend de voir avant de croire.

Sidzabda


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