HomeA la uneNORD-MALI : Quand cessera-t-on de tourner en rond ?

NORD-MALI : Quand cessera-t-on de tourner en rond ?


La ville d’Anéfis, au sud de Kidal dans le septentrion malien, est en passe d’être le nouveau point d’orgue de la crise malienne, tant elle cristallise les tensions depuis que le Gatia, la milice proche de Bamako, l’a reprise aux rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). En tout cas, le mercure y est monté d’un cran, puisque, suite à cette occupation, la CMA s’est retirée de la table des négociations et pose comme condition de son retour, le départ sans condition du Gatia, de la localité. Pourtant, ce dernier, malgré les menaces de sanctions de certains pays occidentaux  comme les Etats-Unis et la Grande Bretagne, ne l’entend pas de cette oreille. Il n’est prêt à se retirer que si la localité passe entre les mains de la MINUSMA et de l’armée malienne. Ce dont ne veut pas non plus entendre parler la CMA. Entraînant un nouveau blocage dans cette crise qui n’en finit pas de ramener les protagonistes à la case départ, chaque fois que l’on pense avoir fait des avancées. Un véritable travail de Sisyphe s’il en est.

En vérité, la crise malienne est à l’image de la construction d’une case par des singes ; pendant que les uns assemblent la paille, d’autres la détruisent. Impossible dans ces conditions d’avancer si ce n’est de tourner en rond. Mais quand est-ce que les protagonistes maliens arrêteront-ils ce cirque qui n’a rien de drôle, face aux souffrances des populations qui vivent sous pression, dans la peur et la hantise permanente de la reprise des hostilités sur le terrain? Difficile de répondre à cette question, tant les positions sont tranchées. En tout cas, une telle atmosphère laisse craindre une reprise imminente des hostilités, au regard du renforcement des positions  dans chaque camp.

Tant qu’on n’aura pas crevé  l’abcès du problème malien, la résolution de la crise risque d’être une gageure

Mais comment peut-il en être autrement quand on sait que dans cette crise, c’est la sincérité des acteurs qui manque le plus. Et en la matière, même si l’on ne peut pas donner le bon Dieu sans confession à Bamako, il est difficile de comprendre la position de la CMA qui demande le retrait pur et simple du Gatia de cette localité qu’elle-même avait pourtant conquise par les armes, et son refus de voir l’armée malienne y mettre pied. Du reste, la CMA ne devrait s’en prendre qu’à elle-même, d’autant plus qu’au plus fort des négociations d’Alger, elle avait multiplié les fuites en avant pour retarder   la signature des accords dont elle ne voulait simplement pas. Sans compter les préjugés tenaces qui lui collent à la peau depuis la nuit des temps, et qui font qu’il est difficile de lui faire confiance dans un contexte où elle-même a maintes fois fait preuve de mauvaise foi. Aujourd’hui que les revers de ses troupes semblent indiquer  des signes d’essoufflement de sa part sur le terrain, l’on voit mal Bamako demander à son allié, le Gatia, de se retirer sans autre forme de procès de cette ville stratégique. D’autant plus qu’un blocage de la situation sur le plan politique, ne laisserait pas d’autre alternative que la solution militaire vers laquelle l’on semble s’acheminer de plus en plus.

En tout état de cause, tant qu’on n’aura pas crevé  l’abcès en s’attaquant au véritable nœud du problème malien, la résolution de cette crise risque d’être une gageure. En effet, c’est un secret de polichinelle   que de dire que la CMA tient à son Azawad comme à la prunelle de ses yeux. Un rêve dont Bamako ne veut pas non plus entendre parler, même en songe, et on la comprend. C’est pourquoi la Communauté internationale doit taper du poing sur la table, à l’image de ce qu’elle a fait au Soudan du sud. En la matière, Paris peut faire bouger les lignes, à condition de clarifier sa position. Autrement, Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) aura beau multiplier les déplacements dans le cadre des médiations, comme il s’apprête à le faire en direction d’Alger, il risque de passer son mandat à courir à la recherche d’une paix introuvable, sans jamais vraiment avoir le temps de s’occuper des questions de développement pour lesquelles il a été élu à la tête du Mali.

Outélé KEITA


Comments
  • Outélé KEITA,
    La solution passe l’acceptation de deux Etats, l’Azawadien et le malien n’en déplaise aux politicards de Bamako !

    28 août 2015

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