HomeA la uneNOUVEAUX AFFRONTEMENTS ENTRE GATIA ET CMA : L’accord d’Alger prend encore du plomb dans l’aile  

NOUVEAUX AFFRONTEMENTS ENTRE GATIA ET CMA : L’accord d’Alger prend encore du plomb dans l’aile  


 

Le 26 juillet dernier, le Gatia et la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) se sont à nouveau affrontés dans la région de Kidal, alors que quelques semaines plus tôt, de violents échanges de tirs avaient opposé ces mêmes groupes armés qui se disputent le contrôle de la ville de Kidal dans le septentrion malien. Comme à l’accoutumée, les deux parties se renvoient la balle ; chacun rejetant sur l’autre la responsabilité de cette éruption de violence qui, selon plusieurs sources, a occasionné de nombreuses pertes en vies humaines et constitue une nouvelle violation du cessez-le-feu dans cette partie du Mali qui peine véritablement à retrouver sa sérénité. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la cohabitation entre ces deux groupes armés s’avère des plus difficiles. L’un, le Gatia, chassé de la ville rebelle il y a de cela quelques mois, ne s’avoue pas pour autant vaincu ; et l’autre, la CMA, qui ne supporte pas la présence de ce rival gênant qu’il ne veut pas voir même en peinture, aux portes de la ville.  Si fait qu’à la moindre étincelle, le langage des armes prend le dessus sur la raison, avec son lot de pertes en vies humaines et de dégâts matériels.

Le Mali est encore loin du bout du tunnel

C’est dire si la confiance n’est pas la chose la mieux partagée entre les deux protagonistes, pour espérer une évolution vers une sortie définitive de crise. Et tout porte à croire que Bamako assiste, impuissant, à la dégradation de la situation dans le Nord. Dans ces conditions, c’est l’accord de paix d’Alger censé sortir le Mali de l’impasse qui prend encore du plomb dans l’aile. Et pour cause. La CMA ne voit pas d’un bon œil la présence de ce groupe armé progouvernemental aux abords de son fief ; présence qui constitue pour elle une menace. De son côté, le Gatia soupçonne la CMA de collusion avec les islamistes pour en finir avec lui aux fins de devenir le seul maître à bord à Kidal qui échappe depuis lors au contrôle de Bamako. A ce rythme, l’on se demande si tout le monde n’attend pas finalement que la décision se fasse sur le terrain et si l’accord lui-même ne risque pas d’être définitivement plombé avec ces éternelles remises en cause du processus de paix. Quoi qu’il en soit, avec la reprise de ces affrontements, c’est  la paix qui s’éloigne encore un peu plus du Mali où l’armée nationale et même les forces internationales sont de leur côté régulièrement la cible des terroristes. C’est dire si le Mali est encore loin du bout du tunnel. Et cette recrudescence de la violence ne plaide pas en faveur du pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) qui nourrit les intentions d’organiser un référendum constitutionnel qui devrait, selon lui, faciliter la mise en application de certaines dispositions du fameux accord d’Alger. Mais l’opposition et la société civile sont vent debout contre un tel projet, arguant du fait que les conditions sécuritaires ne sont pas réunies pour lancer une telle opération. Et la CMA et le Gatia ne sont pas loin de leur donner raison, même si l’autre motivation des contestataires est qu’ils soupçonnent le pouvoir de vouloir tailler la nouvelle Constitution à la mesure du président IBK. En tout cas, à moins d’insouciance, l’on ne voit pas comment, dans des conditions sécuritaires aussi délétères, l’on pourrait aller sereinement à une consultation populaire comme le référendum, qui prendrait en compte la totalité du territoire national.

La communauté internationale ne doit pas abandonner le Mali

IBK n’est donc pas au bout de ses peines. Et il serait bien inspiré de prendre en compte les récriminations des contestataires pour rectifier le tir, plutôt que de vouloir engager un bras de fer dont nul ne saurait prédire l’issue. Le Mali n’a pas besoin de cela. D’autant plus que dans le cas d’espèce où le cessez-le-feu a été violé, l’autorité centrale reste non seulement impuissante à faire entendre sa voix, mais encore plus à pouvoir prendre des sanctions contre les fautifs. Pendant ce temps, ce sont les pauvres populations qui payent le plus lourd tribut, réduites qu’elles sont à espérer une paix qui ressemble plus à un mirage. C’est pourquoi la communauté internationale ne doit pas abandonner le Mali. Elle doit non seulement continuer ses efforts en vue de maintenir le dialogue entre les parties, mais aussi faire preuve de fermeté vis-à-vis de ceux qui rament à contre-courant du processus et qui n’ont visiblement pas intérêt à un retour de la paix sur les rives du fleuve Djoliba. Ce sont ceux-là qui sont les véritables ennemis du Mali et qui doivent être combattus avec la dernière énergie. C’est à ce seul prix que l’on peut espérer des avancées notables en vue d’un retour à la normale au pays de Soundiata Kéïta. En tout état de cause, les Maliens ont suffisamment fait la preuve de leur incapacité à régler à eux seuls leurs différends. Il appartient donc à la communauté internationale qui a déjà volé au moins une fois à son secours, de mettre un point d’honneur à bien finir le travail pour que ses efforts ne soient pas vains. Autrement, ce serait comme tirer un naufragé sur la berge en laissant une partie de son corps toujours dans l’eau, avec le risque qu’il soit à nouveau emporté. Le Mali ne mérite pas un tel sort.

 

 « Le Pays »


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